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La nouvelle filière turque des harragas algériens
Ils sont nombreux à tenter leur chance de rejoindre la Grèce
Publié dans Liberté le 26 - 04 - 2009

On le prénommera Mohamed ; il représente de nombreux jeunes Algériens dont la perspective d'une vie décente ne peut être possible, de leur avis, que par l'exil.
Mohamed est harrag et d'autres moyens que la mer et les petites embarcations à partir de l'Algérie sont possibles même si le risque reste le même.
La Turquie semble la destination de choix pour ces jeunes qui rejoignent Istanbul de manière tout à fait légale. Rencontré par le plus grand des hasards, Mohamed nous raconte sa mésaventure. “Je suis d'Oum El-Bouaghi, j'ai 26 ans et je n'en pouvais plus de ma vie en Algérie. Nous sommes de nombreux jeunes dans ma région à vivre le chômage sans aucune solution en perspective. Ce n'est pas faute d'essayer pourtant de s'en sortir mais à chaque fois, ça n'aboutit pas, c'est sans issue”, commence par dire Mohamed qui s'était arrêté pour nous aborder en pleine rue, alors que nous étions en train d'essayer de nous en sortir pour demander à un Turc le chemin pour aller à l'aéroport. Ce n'était pas gagné.
Les Turcs ne parlent pas français et très peu anglais. Mohamed nous propose gentiment de nous indiquer la bouche de métro la plus proche pour rejoindre l'aéroport. On lui explique que ce n'est pas encore notre départ, mais c'est juste un repère pour retrouver un établissement à proximité.
Il décide alors de nous accompagner. “Je vous en prie laissez-moi me rendre utile, de toutes les façons, du temps j'en ai”, ricane-t-il, et il profite du trajet pour nous confier sa mésaventure. Mohamed venait de sortir d'une prison turque où il a passé une semaine après avoir été intercepté aux frontières avec la Grèce. C'est un harrag d'Istanbul, comme il se qualifie lui-même.
500 euros pour passer la frontière et entrer en Grèce
“Je n'étais pas seul. Il y avait d'autres Algériens et même des jeunes de différentes nationales, syrienne, irakienne, marocaine et bien d'autres. Nous avons franchi les frontières en pleine nuit clandestinement avec l'aide d'un passeur et ensuite, nous avons acheté des billets en direction d'Athènes. Bien sûr, à partir de là il fallait se séparer”, raconte-t-il et de déplorer la trahison du passeur lui-même. “C'est un coup de poker, nous étions très conscients des risques mais il fallait le faire, nous n'avions pas le choix. Nous avions à payer 500 euros par personne mais visiblement c'était pas assez pour lui”. Et de poursuivre : “Ce sont les autorités grecques qui nous ont interceptés pour nous remettre aux autorités turques et c'est tout droit vers la prison. Et si nos papiers ne sont pas en règle (passeport, visa valable et billet), alors c'est le retour à l'envoyeur, donc au pays”, affirme-t-il. Mais voilà que la date du départ est dépassée.
Mohamed a raté son avion et la compagnie le taxe de 160 euros de pénalités. Mohamed n'a pas un sou en poche et c'est la rue qui l'abrite la nuit. “Je suis obligé de travailler pour gagner cet argent. Je dois faire le hamel (porteur) pour acheminer les choualas pour le compte des businassia (trabendistes)”, nous explique Mohamed l'air abattu, confiant qu'il avait pris son billet à partir de la Tunisie.
À notre arrivée au niveau de l'aéroport, Mohamed nous propose de nous servir de guide carrément pour la journée. Nous lui offrons notre aide à notre tour qu'il ne refusa pas.
Nous insistons pour qu'il prenne son avion et qu'il regagne le pays sans plus jamais recourir à ce type de procédé pour s'en sortir. Peine perdue, Mohamed n'en tient pas compte et en toute honnêteté, il nous dit : “Certes, je rentre au pays parce que je ne veux pas vivre dans la clandestinité en Turquie et errer comme un clochard dans les dédales d'Istanbul, ils sont nombreux d'ailleurs à vivre cette vie. Si j'ai décidé de partir, c'est pour avoir une vie meilleure. Mais il n'est pas question de laisser tomber. L'échec ne me dissuadera pas de recommencer. Je vais mieux préparer ma prochaine tentative. En fait, ce n'est qu'une question d'argent, car avec 1 500 euros c'est le passage assuré sans aucun risque. Une fois à Athènes, plus de soucis à se faire. Il nous suffit de nous faire passer pour des Palestiniens ou des Irakiens et le tour est joué car l'ONU paye pour eux, donc ils peuvent y demeurer sans être inquiétés. De nombreux Algériens ont réussi leur coup et vivent ainsi paisiblement en attendant de s'organiser de manière tout à fait légale pour aller dans un autre pays européen”, révèle notre interlocuteur et sous nos yeux ébahis, il esquisse un sourire du coin des lèvres. “Vous ne savez rien de la vie ni de notre misère”, nous lance-t-il, soudainement, très amer. “Vous croyez que les jeunes sont assez naïfs pour croire aux sornettes véhiculées par nos politiciens dont le seul souci est de trouver le moyen de se remplir les poches sans aucune attention pour la jeunesse. Alors chacun se débrouille comme il peut. Allez interroger les jeunes Turcs et demandez-leur s'ils aiment leur pays, mais surtout demandez- leur pourquoi et vous comprendrez notre détresse”. Il finit par exploser : “Ils n'arrêtent pas de nous parler des risques, de mettre notre vie en danger. Mais de quelle vie nous parle-t-on ? Nous sommes enterrés vivants et le meilleur d'entre nous finit drogué ou dépressif et même suicidaire. Essayez de vous mettre à notre place et de vivre loin des feux de la rampe d'une capitale qui n'a pas fini de livrer tous ses maux, mais ce n'est pas plus mal que de se fondre dans la masse. Vivre à l'intérieur du pays, c'est une autre histoire, c'est plus pernicieux. Tout le monde connaît tout le monde et chacun est montré du doigt. Le fils de flen (le fils d'Untel) est un bon à rien. Et nous passons notre temps à glander dans les rues vides ou à nous réfugier dans les cybercafés qui fonctionnent avec une connexion si lente qu'il faut passer des heures entières pour discuter (tchat) un peu avec l'espoir de croiser le chemin d'une étrangère qui daignera épouser l'un de nous. C'est pathétique d'en arriver là, n'est-ce pas ?”
Cette fois-ci, l'émotion prend le dessus et les larmes sont difficiles à retenir. Il ramasse sa casquette, nous fait signe de la tête en guise de reconnaissance et disparaît dans les dédales de Bayazid (quartier populaire, côté ancienne ville d'Istanbul), d'un pas lent, traînant presque les pieds à donner l'impression qu'il porte le poids d'un lourd fardeau… de désespoir.
N. S.


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