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À LA PÊCHE AUX PLAQUETTES DE CANNABIS
La baie de AIn Témouchent met en échec le narcotrafic
Publié dans Liberté le 18 - 05 - 2009

Début avril, un semi-rigide avec à son bord une cargaison de cannabis échoue sur une côte d'Aïn Témouchent. La mer, aidée par un vent d'ouest (el gherbi), est très active en cette période de temps incertain et imprévisible.
Mobilisation générale chez les gendarmes qui se rendent compte qu'une partie de la moisson est tombée en mer. Depuis, curieux, dealers improvisés et gendarmes partent à la pêche. Pêche d'un autre genre où la ligne n'est qu'un fin alibi. Qu'à cela ne tienne, allons-y à la pêche.
Vendredi. Chômé, payé et de repos a permis, malgré les vagues, à des familles de prendre position sur la plage de Targa. Le vent balaie la large crique qu'un engin s'apprête à préparer pour l'été. À défaut de piquer une tête, des familles, de jeunes, des couples et des badauds longent le sable. Autre motif d'hésitation à plonger, un accident arrivé à un étudiant de Bel-Abbès, un jeune originaire d'El Bayadh venu avec ses camarades en excursion. Son saut du côté des rochers lui sera fatal. Quatre de ses camarades ont été récupérés mais aucune trace de lui. Même les éléments de la Protection civile ont renoncé, après maintes tentatives, à affronter la mer, maintenant, démontée. Quatre jours plus tard, toujours rien. Sa famille est venue se renseigner, mais peine perdue. On attend que la mer le rejette. Juste séparée par de grands rochers que même les vagues n'ont pas réussi à en venir à bout, la plage Sbiaat. Petite crique à l'aspect sympathique, avec ici et là, du sable, des pierres et plein d'objets étranges vomis par la mer qui ne s'accommode plus des intrus en son sein. Tout sera clean en prévision de la saison estivale. Mais pour l'instant, c'est un désolant décor d'un fatras où se mêlent sachets, bouteilles en plastique, morceaux de bois, jerrycans, tuyauterie en tout genre, un énorme tuyau de canalisation, un poteau électrique en bois et de rares emballages de kif déchiquetés par les rochers pointus et en dents de scie. Mais que fait-on là ? Ce que fait illégalement ce barbu en train de pétrir une pâte pour sa ligne. Va-t-on à la pêche à la presque mi-journée ? Il vient à peine de s'installer qu'il est gentiment et fermement invité à revenir dans une autre semaine pour taquiner le poisson. Pas question pour les gendarmes de laisser ces pseudo-pêcheurs ratisser les plages et fouiner entre les rochers, surtout qu'ils sont sûrs qu'une partie de la cargaison est tombée avant que le fantôme comme le désignent les trafiquants, équipé de quatre moteurs, n'échoue. Surtout que les vagues continuent de ramener des paquets, des plaquettes depuis une semaine. Pas question que cette drogue tombe entre d'autres mains. Ordre est alors donné de ratisser plusieurs fois par jour les 25 plages de la wilaya. Inlassablement, en petits groupes, les gendarmes font des rondes, passant au peigne fin ce littoral sablonneux, rocailleux, à la fois superbe et ingrat pour le marcheur à pied.
Après quelques heures de sueur et de petites blessures, des éraflures sans grande importance, on revient sur terre. Bilan négatif, mais satisfaction d'avoir relevé le défi. Sauf, peut-être, pour le lieutenant qui dirige le groupe, un peu déçu de n'avoir rien moissonné ce jour-là, lui qui se fie à ses pressentiments. La récolte se fera de l'autre côté, sur une autre plage, à Bouzedjar, petit port de pêche. La ronde de la nuit a ramassé un paquet : 1,4 kilo de kif. Demain sera un autre jour. Et à défaut de raconter l'aventure du jour, on conjugue le passé au présent avec sa menace pesante. Encore et toujours, tous les jours, on va à la pêche au kif et on chasse les pêcheurs devenant à l'occasion des sport-kif tentant de pratiquer la cueillette de plaquettes. Samedi ! Le soleil est revenu en force derrière la journée de vent du vendredi. On refait le chemin de la veille. Sur le sable, des traces de pas. Des gendarmes sont déjà passés, mais c'est quand la mer est calme que le paquet peut échouer. Après Sbiaat, la plage de Sassel. Plus de roche que de sable sur cette plage en forme de golf. Après un long moment de marche, on décide de passer de l'autre côté. Tout le monde est bloqué au sommet de la roche abrupte et cisaillante. Après un exercice de spéléologie, il faudra grimper une pente à pic pour atteindre le sommet de la montagne qui surplombe la plage. Tout le monde est presque lessivé. Sauf les éléments qui ont subi un entraînement spécial, ces habitués de l'extrême qui ne reculent devant rien.
Des nouvelles du noyé ? “Walou” encore. Rien. La longue marche se poursuit après le contournement de la falaise inaccessible. Le rivage est minutieusement fouillé. Un groupe de pêcheurs, de vrais pêcheurs à la vue de leur équipement, de leur position… est prié de plier bagage. Ils s'exécutent, y compris leur ami endormi. Parce qu'ils passent la nuit à pêcher, la “bouffe” et les ustensiles planqués au creux d'un rocher, une petite tente bien plantée… Ils décrochent les cannes pour s'en aller. Personne n'est autorisé à pêcher durant cette semaine ; vrai pêcheur ou improvisé à la recherche d'un hypothétique paquet échoué. La marche continue, sans conviction de trouver un quelconque gramme. Mais ce n'est nullement là la mission. Les gendarmes sont chargés de ratisser, surveiller, contrôler et sécuriser.
Retour sur le lieu du “crime” , là où tout a commencé. Début avril, et le printemps tarde encore à pointer. Le vent d'ouest bat son plein. On aperçoit une grosse tache noire au large. Elle se rapproche difficilement à cause de la mer en furie. L'alerte est donnée. Les gendarmes arrivent sur place. L'accès ne s'y prête pas, encore moins le temps qu'il faisait. Ils s'y mettent tous et arrivent difficilement à stabiliser la barque. Un Go Fast de 12 m de long équipé de 4 moteurs avec ce qui reste de la cargaison à son bord, 16 quintaux de kif. Une partie est perdue en mer. Ce qui donnera un autre boulot pour ces éléments qui ont affronté le froid de l'eau pour ramener tous les paquets à terre. Une autre embarcation, plus petite, apparaît juste derrière “le fantôme”, à son bord trois clandestins subsahariens morts.
Un quatrième sera découvert, non loin, sur une autre plage. On découvre à bord une longue corde, des gilets de sauvetage et une bonne dose de questions. D'où sont-ils ? Que faisaient-ils non loin de l'embarcation du narcotrafic ? Sont-ils des clandestins ou des chargés du transbordement ? D'où viennent-ils ? Ont-ils les moyens de se payer une barque motorisée ? Des questions qui resteront sans réponse mais accompagneront des discussions appuyées d'hypothèses des gendarmes tout au long de cette éprouvante semaine.
Les heures se suivent, s'écoulent au rythme de la sueur, implacable logique du chronomètre accrochée à l'insoutenable envie d'assister “on live” à la trouvaille.
Dimanche se met également au “walou”, ainsi que le lundi qui s'est mis au même “solde”. Et face à cette légère déception, on se met à chercher des explications à l'ampleur de ce phénomène, le narcotrafic et la dérive des embarcations vers les côtes d'Aïn Témouchent. La réponse viendra du commandant du groupement, le lieutenant-colonel Réda Aïdaoui, qui s'est sérieusement penché sur le mode opératoire, les itinéraires et le comportement des trafiquants.
Pour lui, les grandes embarcations, entre 12 et 16 m de long, équipées de 4 moteurs qui peuvent atteindre une vitesse de 400 km/h, ne sont pas utilisées pour l'approvisionnement d'un marché proche. Elles chavirent avec la levée du vent d'ouest qui travaille en dessous de la surface. L'imprévisible vent les déroute et elles sont attirées vers les courants des plages d'Aïn Témouchent dont la côte est en forme de golfe. Au départ, ces grandes barques sont chargées sur une île du cap Nador. Un îlot, plutôt, surveillé pourtant par les services de sécurité marocains. Elles sont chargées de kif traité qui arrive du Nador. En démarrant, ces puissantes barques stationnent un moment dans les eaux territoriales algériennes, avant de prendre le large comme des fusées. Même les radars ne les repèrent pas. Mais si elles sont surprises par El-Gherbi, elles ne peuvent aller loin. Elles échouent sur l'une des plages d'Aïn Témouchent. Ces embarcations peuvent charger jusqu'à 5 tonnes de cannabis, placées souvent avec les jerrycans de carburant à l'avant pour les équilibrer. Leurs destinations pourraient être les côtes corses ou italiennes. Par contre, pour atteindre les côtes espagnoles, ils utilisent des embarcations plus petites, 5 m de long, équipées de deux moteurs, la distance étant courte. L'hypothèse est très plausible. Cela d'autant que des indices, comme le stationnement au cap Nador de ce type d'embarcations jamais inquiétées par les chargés de la sécurité de l'îlot. Demeure cependant l'énigme des clandestins subsahariens repêchés.
Mais Aïn Témouchent, ce n'est pas uniquement la drogue. C'est une petite ville qui a connu l'essor après le tremblement de terre, mais aussi une mutation à travers de colossaux investissements. D'ailleurs, on peut croiser un cadre de l'équipe du PAC sacrifier à son habitude de rester une journée de plus en ville malgré la défaite de son équipe ou des jeunes sillonnant la ville avec cris et klaxons, célébrant la victoire du CRT local à l'extérieur et remis en cause les calculs de l'accession en DII en devançant Maghnia.
Depuis le lancement des projets, la centrale électrique (la plus grande en Afrique avec 3X400 MW lancée en décembre 2007), Medgaz, la station de dessalement d'eau de mer de Oued El-Halouf, l'université et la cité universitaire, on rencontre nombre d'étrangers. Des Français, des Egyptiens, des Portugais, des Espagnols, des Chinois et même des Pakistanais, donnant ainsi à la ville un aspect cosmopolite. Des projets qui ont absorbé presque tout le chômage de la wilaya et dont une grande partie sera livrée après l'été. La station de dessalement est presque achevée, au même titre que l'université et la cité universitaire (4 000 places pédagogiques et lits) est aux dernières retouches. De même pour Medgaz, où les ouvriers et techniciens finissent les derniers travaux avant livraison. La torche est déjà montée. Les trois projets vont être inaugurés le mois de septembre, selon la rumeur locale qui table sur une visite du président de la République qui coïncidera avec la rentrée. Avec la réception du programme total des 300 000 logements, Aïn Témouchent verra enfin disparaître son dernier bidonville.
D. B.


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