Mirhossein Moussavi a invité ses partisans à continuer de manifester leur hostilité au pouvoir tout en faisant preuve de retenue, pendant que la crise iranienne semble prendre une nouvelle tournure avec l'aveu de l'administration, qui reconnaît que le vote n'était pas "correct" dans plus de 50 districts. Certes, la journée et la nuit de dimanche ont été calmes dans la capitale iranienne, pour la première fois depuis le scrutin présidentiel du 12 juin dernier, mais la fronde menée par le candidat perdant Mirhossein Moussavi se poursuit. Il a appelé ses partisans à poursuivre leur mouvement de protestation, tout en faisant preuve de modération. “Protester contre les mensonges et la fraude (électorale) est votre droit. Aujourd'hui, le pays pleure (...) ceux qui ont été tués lors des manifestations de protestation”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter : “J'attends pour ma part des forces armées qu'elles s'abstiennent de tout acte dommageable.” Dans le même ordre d'idées, il exigé l'arrêt des “arrestations massivesp opérées chez ses partisans. Ceci étant, l'administration, par la voix du porte-parole du Conseil des Gardiens, institution chargée d'examiner les plaintes pour irrégularités de la présidentielle, a reconnu qu'il y avait eu lors du scrutin plus de votes que d'électeurs potentiels dans cinquante districts. Selon la télévision, cette source a minimisé l'importance que cette “tricherie” n'aurait pas d'“influence importante” sur le résultat final, qui a vu le président Mahmoud Ahmadinejad réélu pour un mandat de quatre ans. “Une plainte commune des candidats est qu'il y a eu plus de bulletins de vote exprimés que d'électeurs potentiels dans certains districts. Mais notre enquête préliminaire montre que le chiffre annoncé, 170, n'est pas correct et que cela concerne 50 districts”, a déclaré Abbas Ali Kadkhodaie. C'est le candidat conservateur Mohsen Rezaï, arrivé troisième lors de la présidentielle du 12 juin, qui avait dénoncé jeudi dernier des irrégularités dans le scrutin en affirmant que dans “170 circonscriptions, la participation a atteint entre 95% et 140%”. Pour information, l'Iran compte 366 districts, qui sont une subdivision administrative des 30 provinces que compte le pays. D'après le porte-parole du Conseil des gardiens de la révolution, ce qui est arrivé dans les 50 districts “peut s'expliquer par le fait que certaines villes accueillent des migrants, sont touristiques, etc.”. Il a indiqué que “de toute façon, il a été convenu que des inspecteurs soient envoyés sur place pour examiner les statistiques”. Il ne manquera pas de souligner : “Mais l'ensemble des voix de ces districts est de 3 millions de votes et cela n'aura pas une influence importante sur les résultats de l'élection.” Dans la foulée, il rejettera les autres points évoqués par les candidats, notamment l'absence de bulletins de vote dans certains bureaux ou encore l'absence de représentants des candidats. “Nos examens montrent qu'à l'exception d'un ou deux cas, où il y a eu un retard de 40 minutes pour fournir des bulletins, par exemple à Ispahan ou Yazd, il n'y a pas eu de problème particulier”, affirme-t-il. Ceci étant, le Conseil des gardiens de la révolution annoncera les résultats mercredi conformément à la loi, a conclu la même source. Par ailleurs, les autorités iraniennes ont de nouveau accusé hier l'Occident d'être impliqué dans les troubles. Ainsi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé que “la promotion de l'anarchie et du vandalisme par les puissances ainsi que par les médias occidentaux est absolument inacceptable”, tout en insistant que c'est “en contradiction avec les normes internationalement reconnues, de nombreux pays européens et l'Amérique soutiennent les émeutiers et les opportunistes au lieu d'inviter le peuple à s'en remettre aux institutions de la démocratie”. Pour rappel, le président américain avait exhorté, durant le week-end, le gouvernement iranien à “mettre fin aux violences et aux actions injustes contre son propre peuple”. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, David Miliband, a “catégoriquement rejeté l'idée selon laquelle les manifestants iraniens (seraient) manipulés ou inspirés par des pays étrangers”.