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Moines de Tibhirine : Qui a peur du déballage ?
Après l'accord de sarkozy sur la levée du “secret-défense”
Publié dans Liberté le 09 - 07 - 2009

En accusant Alger, Nicolas Sarkozy a pris le risque de perdre définitivement l'amitié
du président Bouteflika et d'affaiblir la position de la France en Algérie. Ce risque semble calculé de la part de l'Elysée tant l'affaire des moines de Tibhirine va faire une autre victime de taille en la personne de… Jacques Chirac. Décryptage.
Qu'est-ce qui a donc poussé Sarkozy à déclencher une crise diplomatique avec l'Algérie ? Les “révélations” du général François Buchwalter ne sont pas à même de favoriser une implication aussi franche du président français dans un dossier des moines qui semble être devenu une priorité de l'Elysée après 13 ans d'instruction sans résultats probants.
Sarkozy, ainsi que l'ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, coordinateur du renseignement à l'Elysée, donc inévitablement informé des conséquences dramatiques que peut avoir cette affaire sur l'image des services secrets français, savent, tous les deux, que le témoignage de l'ancien attaché militaire à Alger est sujet à suspicion.
Un témoin ayant rencontré le GIA
La thèse du bombardement par hélicoptère ne tenant pas la route, le général Buchwalter avait, dans un passé récent, fait des déclarations contradictoires quant à la bavure militaire qui mérite un petit rappel, tout comme son implication directe dans les négociations avec le GIA, ayant reçu son émissaire dans ses locaux, n'en fait pas un témoin au-dessus de tout soupçon.
Le même général est décrit sous les traits d'une “personne se trouvant provisoirement en Finlande. C'est un haut fonctionnaire d'un gouvernement occidental qui, durant ces années-là, travaillait à Alger, avait des relations personnelles avec des personnages locaux très importants, et qui n'avait pas de contacts avec le monde opaque des services” par le journaliste italien, Valerio Pellizzari, de la Stampa.
Il l'avait rencontré à Helsinki et lui avait confié le déroulement de cette affaire d'hélicoptère. “L'engin aérien survolait la zone des reliefs montagneux de l'Altlas tellien autour de Médéa en compagnie d'un autre hélicoptère. C'était la mi-mai, après le crépuscule. L'équipage avait repéré le feu d'un campement et le chef d'escadrille en personne, un colonel, avait tiré sur le bivouac.” Sur ce, les hélicoptères auraient atterri sur les lieux ! et le colonel incriminé aurait déclaré que “nous avons commis une idiotie, nous avons tué les moines”.
Dans une autre version, rapportée par le livre de John Kiser passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, le militaire français dira qu'“il y eut un échange de coups de feu et les moines furent tués par des grenades ou par balle !”
John Kiser identifie sa source comme étant “l'attaché militaire de l'ambassade de France” qui a admis que les services de renseignement avaient intercepté une conversation dans laquelle un pilote d'hélicoptère algérien aurait dit : “Zut ! nous avons tué les moines.”
Devant le juge d'instruction, le général Buchwalter livre une version légèrement déformée en insistant sur le bombardement par hélicoptère, mais en omettant de dire qu'il s'agit d'une interception radiophonique de la DGSE qui espionne les télécommunications de l'armée algérienne en soulignant “avoir recueilli les confidences d'un ancien officier de l'armée algérienne, dont le frère était chef d'une escadrille d'hélicoptères”.
Quelle est la véritable version du général ? Est-elle assez cohérente pour lever le “secret-défense”? Et que vise Sarkozy ?
La droite chiraquienne dans le collimateur
Si jamais le “secret-défense” est levé, il y aura forcément du beau linge dans les bureaux du procureur qui instruit le dossier des moines trappistes.
En imaginant la scène, se bousculera l'ex-ambassadeur de France à Alger, Levêque, son ancien patron au Quai d'Orsay, Hervé de Charrette, l'ancien premier ministre Alain Juppé, l'ancien mentor de Sarkozy
Charles Pasqua, ex-ministre de l'intérieur, deux officiers de la DGSE, le général Rondot et le préfet Marchiani de la DST et, cerise sur le gâteau, Jacques Chirac.
Toute la “chiraquie” au grand complet qui devra se justifier devant la justice française de son indigence dans la gestion de l'affaire des moines marquée par une guerre souterraine terrible entre la DST (Pasqua-Marchiani) et la DGSE (Juppé-Rondot), qui avait inévitablement condamné les moines à leur sort macabre. Devant cette déferlante d'anciens barons de la droite gaulliste, l'affaire de Villepin-Clearstream ressemblera à un fait divers.
Que peuvent dire ces acteurs de cette crise à la justice française ? Juppé, longtemps concurrent de Sarkozy, devra justifier pourquoi au 9 mai 1996, son porte-parole avait dénoncé les “contacts parallèles” menés par son rival, place Beauvau, Charles Pasqua, à travers la DST avec le GIA, condamnant les moines.
Le général Rondot, dépêché à Alger, devra s'expliquer sur les contacts avec l'émissaire du GIA, “Abdullah”, qui est reparti dans une voiture blindée de l'ambassade de France, avec des numéros de téléphone et une lettre signée par la DGSE dans laquelle était écrit à l'adresse de Djamel Zitouni : “Aujourd'hui, le 30 avril 1996, à midi, nous avons reçu votre messager, Abdullah, qui nous a remis votre lettre accompagnée d'une cassette. Nous souhaitons maintenir le contact avec vous.” Jean-Louis Debré, ex-président du parlement et fidèle invétéré de Chirac, doit expliquer pourquoi il avait réuni les deux patrons de la DGSE et de la DST en pleine crise pour que les deux services rivaux cessent leurs “con…ies”.
Jean-Charles Marchiani devra expliquer pourquoi la DGSE n'avait pas informé le DRS algérien de ses contacts directs avec le GIA et comment les services français ont menti au général Smaïn Lamari qui avait tout mis en œuvre pour aider les émissaires français. Mais le plus terrible serait de savoir que pourrait dire Jacques Chirac, qui avait promis de ne pas négocier avec les ravisseurs du GIA et qui avait laissé la DGSE prendre des initiatives qui ont débordé.
Même le général Buchwalter devra creuser dans sa mémoire pour expliquer comment la DGSE avait réussi à entrer en contact avec les moines, à travers un de leurs agents, qui leur avait remis un microémetteur dissimulé dans une custode remplie d'hosties, selon le témoignage de l'abbaye cistercienne d'Aiguebelle, dont dépendait le monastère de Tibhirine, et qui a été réduit au silence par sa hiérarchie sous la pression du Quai d'Orsay. Le déballage qui en résultera n'inquiète pas Alger, si Sarkozy croit dans sa démarche de joueur de billard à trois bandes. Le “secret-défense” risque de mettre à mal non pas les relations algéro-françaises, qui ont atteint un niveau déplorable, mais bien la droite française. Chirac, qui culmine à 72% d'opinions favorables, n'a jamais été aussi populaire en France. Sarkozy, qui occupe la 28e place de ce classement, doit certainement se dire que son prédécesseur sera obligé de retoucher terre si une affaire de cette sensibilité éclabousse son règne. Quitte à froisser son meilleur allié, l'Algérie, dans la lutte antiterroriste.
Mounir B.


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