Les historiens rapportent que Khadidja bint Khouwaïlid, qui appartenait aux banou Assad Ibn Abd Al-Ouzza Ibn Qassï et qui voyait sa fortune s'accroître, était à la recherche d'un homme de confiance pour diriger son négoce en accompagnant la grande caravane d'été au pays de Cham. Son attention fut fixée sur le jeune Mohammed par le rang social qu'il occupait et surtout sa loyauté. Il avait acquis une solide réputation de garçon sage et honnête. Toute La Mecque l'appelait “el amine”. Certes, il était orphelin, mais il vivait, ne l'oublions pas, sous le toit de son oncle paternel et grand chef de la famille régnante à La Mecque, Abou Taleb, respecté par tous les dignitaires. Il assurait le gardiennage de son troupeau d'une façon qui avait étonné son entourage. C'était un berger pas comme les autres en donnant pleine satisfaction à son oncle. Naturel, il était el amine. Sa place était enviée par tous les jeunes de son âge, qui, eux, s'adonnaient aux plaisirs de la vie parfois de façon excessive. Un jeune homme complet qui gardait les pieds sur terre Il pouvait tout se permettre, notamment dans une cité vivante, ouverte et prospère. Ce n'était pas son cas en vivant humblement et en gardant les pieds sur terre. Il donnait la meilleure image dans le comportement et la conduite. L'homme était certes réservé, mais il savait parler, communiquer et convaincre. Sur le plan de la présentation, il cachait une grande beauté et un charme discret exceptionnel et angélique. Sur le plan physique, il avait une corpulence d'homme complet. Qui mieux que lui, la riche, belle, sage et noble Khadidja pouvait choisir pour lui confier la mission de diriger sa fortune ? Son choix, ô combien délicat, fut naturellement et à juste titre porté sur le jeune Mohammed qui accepta volontiers cette confiance. Le jeune commis effectua le voyage avec un autre serviteur de Khadidja, Maïssara. La mission fut un succès en réalisant de grands bénéfices pour Khadidja qui craignait beaucoup pour ses biens. Au retour, elle fut comblée et décida de récompenser fortement Mohammed pour le travail accompli. L'homme attira davantage l'intérêt de cette dame courageuse qui ne put se retenir pour lui proposer le mariage. Certains exégètes laissent penser que Khadidja était en position de force avec sa fortune et que le jeune Mohammed, berger de profession chez son oncle, en position de faiblesse et de demandeur. En somme, un marchandage de raison. C'est complètement faux. Ce n'est ni à l'honneur de Khadidja ni à celui du futur et dernier des prophètes. Comme nous l'expliquions plus haut, Mohammed n'était plus l'orphelin dénudé et abandonné. L'homme était devenu grand. Il était certes berger, mais pas n'importe quel berger. La baraka du jeune berger Le jeune Mohammed avait redonné au métier de berger son sens de noblesse comme dans les écritures bibliques et plus en renversant l'idée du berger accumulateur de toutes les bêtises : absence de sérieux, conduite immorale, ignorance, plus proche des bêtes que des hommes dans le sens civisme et bonne éducation. Aussi rares étaient les bergers qui réussissaient surtout s'ils étaient employés ou esclaves. Dans ces conditions, le manque d'entretien et de suivi pour leur alimentation et leur breuvage, leur repos et les pertes par le vol et les attaques des bêtes sauvages dont le loup et le lion, fréquents dans le désert arabique, étaient chose courante et se traduisaient par un amoindrissement du troupeau et attiraient la méfiance des propriétaires et éleveurs. Le berger Mohammed assurait sa mission dans la correction en étant constamment mobilisé et éveillé. Son oncle pouvait dormir sur ses deux oreilles. Le sérieux paya, en plus de la présence divine. La baraka ne tarda pas à se manifester. Son oncle était comblé et toute La Mecque parlait de ce berger exemplaire en le qualifiant d'honnête. Devenu prophète, il évoque ce passage de sa vie en disant : “Chaque prophète avant moi avait exercé ce métier en gardant et élevant les bêtes.” Les prophètes bergers Le prophète Ibrahim (S. soit sur lui), par exemple, avait un troupeau de vaches et de moutons dont il s'occupait convenablement. Il sacrifiait les meilleurs veaux et les meilleurs moutons. Dans sourate Edhariate, il offrit à ses étranges visiteurs, qui n'étaient autres que des anges en compagnie de Gabriel (Salut de Dieu sur lui) déguisés en hommes, un veau gras bien portant et bien cuit. Cela renseigne sur son sérieux dans le travail. Ses visiteurs s'excusèrent de ne pouvoir manger, mais apprécièrent son geste d'hospitalité. Moïse (Salut soit sur lui), le sincère, gardait le troupeau de son gendre Chouaïb (S. soit sur lui) avec sa célèbre canne, après avoir épousé l'une de ses deux agréables filles. Jésus était aussi un grand berger. L'attachement de David et son fils Salomon pour les chevaux est légendaire. Il dit aussi dans le hadith : “Chacun de vous est en vérité un berger et chaque berger est responsable de ce qu'il garde en recommandant de bien mener la mission.” Il cita et fit référence notamment au père de famille, à la mère, au gestionnaire, à l'enseignant, à l'élu et à l'éleveur. C'est ce berger d'un genre particulier qui capta l'intérêt de la grande dame mecquoise. Il y a de quoi. S. B. E-mail : [email protected] Prochain article : Khadija, l'épouse providentielle-(trois/suite et fin) : le choix judicieux