La bataille d'El-Khotifa, menée le 3 octobre 1956 dans la région d'El-Ghicha, wilaya de Laghouat, contre des forces coloniales françaises, constitue une des nombreuses épopées ayant jalonné l'histoire de la glorieuse Révolution et dont des habitants de la région gardent encore le souvenir. Selon le chercheur en histoire, Aïssa Boulegroune, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales à l'université Amar Thelidji de Laghouat, «cette bataille, livrée par les éléments de l'Armée de libération nationale (ALN) contre les forces de l'ennemi constituait une action décisive dans le cours de la Révolution, témoignant de la capacité de l'ALN à prendre l'initiative de porter des coups à la soldatesque coloniale». «Cet affrontement n'était guère un acte isolé, mais un point de démarcage reflétant la bonne organisation des Moudjahidine», a affirmé M. Boulegroune. Abondant dans ce sens, le Moudjahid Mohamed Bouziani, a expliqué que «le secret du succès de cette opération réside fondamentalement dans son effet de surprise et ses actions imprévues», expliquant qu' «en ce début du mois d'octobre 1956, trois Katibate (sections) de l'ALN, composées de 80 à 120 Djounoud chacune, sous le commandement du Moudjahid Moulay Abdallah, ont pris position dans la région de Bouguergour, Sud-ouest d'El-Ghicha, pour prendre deux directions distinctes et lancer des opérations militaires dans la région. A l'un des groupes a été confiée la mission de destruction d'un chantier de construction d'un centre militaire français dans la région de Taouiala, tandis que le second a été chargé de lancer un assaut contre la prison d'Aflou pour la libération des centaines de prisonniers politiques algériens», a relaté M. Bouziani. Et de poursuivre : «un groupe d'une soixantaine de Djounoud, en majorité des jeunes, conduit par le commandant Lamari Mokrane, qui se dirigeait vers Taouiyala, a repéré, lors d'une halte sur le mont El-Khotifa, le passage d'un convoi militaire français composé de quatre camions et d'un véhicule militaire léger (Jeep) qui menait une action de fouilles et d'embarquement des habitants». En représailles aux actes de l'ennemi contre la population paisible et sans défense, les Moudjahidine ont lancé, vers 16h, une attaque contre le convoi français qui s'est soldée, selon des sources historiques, après près de deux heures d'accrochage, par la mort de 45 soldats et l'arrestation de cinq (5) autres, en plus de la destruction des quatre camions, et la récupération de matériels de transmission et des armes des forces coloniales. Du côté des Moudjahidine, un membre du groupe est tombé au champ d'honneur et un autre a été blessé. La bataille d'El-Khotifa a été ainsi le déclencheur, dès le jour suivant, d'une grande bataille dans la région de Chouabir, flanc Nord-ouest des monts d'El-Gâada, qui s'était soldée par de lourdes pertes du côté ennemi, à savoir plus de 1.300 soldats tués, près de 500 autres blessés, et d'importants dégâts matériels. Alors que du côté des Moudjahidine, il a été recensé 25 Chouhada, dont 11 parmi la population civile sans défense. De l'avis de nombreux Moudjahidine et citoyens ayant vécu l'épopée, El-Khotifa constituait un message clair que la volonté et la détermination suffisait à faire balancer le rapport de force, constituant une leçon éternelle de bravoure et d'organisation, en prélude à une nouvelle ère ayant ravivé l'espoir de la fin du colonialisme.