Elle est tout de même bizarre, cette grève qui finit comme elle a commencé : sans préavis. Si bizarre qu'il nous faudra encore du temps pour en saisir les tenants et les aboutissants. En attendant, on se contentera de constater ses dégâts. Une grève, quatre jours de désordre, de débandade, de souffrance et d'humiliations infligés à nos compatriotes. Un conflit de trop, un débrayage inutile. Et qui, parce qu'il n'était pas sans incidence sur le fonctionnement des services aéroportuaires français, a donné une excellente raison aux autorités de l'Hexagone de s'en mêler ! Et puis, comme par miracle, le dialogue ! Et, aussitôt dit, aussitôt fait, le dénouement ! Comme ça, comme par enchantement ! Elle est tout de même bizarre, cette grève qui finit comme elle a commencé : sans préavis. Si bizarre qu'il nous faudra encore du temps pour en saisir les tenants et les aboutissants. En attendant, on se contentera de constater ses dégâts. Notons tout d'abord qu'un tel fiasco à Air Algérie en plein juillet constitue une vraie première. Il est vrai que “l'Algérie officielle” n'a jamais été autant réduite aux tâtonnements, aux approximations, aux tiraillements. À l'errance, en un mot. Notons, ensuite, que le Premier ministre et d'autres, dont certains en coulisses, se sont impliqués, “chacun en ce qui le concerne”, comme on dit. Quelques heures avant la fin “heureuse” du conflit, Ahmed Ouyahia avertissait qu'il n'était pas question de “prendre en otage l'Etat et les citoyens”. Cela ne diminue en rien l'ampleur des dégâts qui ne se limitent pas aux pertes financières ou au coup sévère que prend l'image de l'Etat à l'intérieur et à l'extérieur du pays. De son côté, le syndicat “très autonome” du personnel navigant commercial d'Air Algérie, celui-là même qui a poussé le “radicalisme” jusqu'à clouer au sol les avions de la compagnie en plein été, a sollicité la médiation de… Sidi-Saïd. Oui, Abdelmadjid Sidi-Saïd lui-même, le patron de la Centrale non autonome ! Erre, Algérie ! Notons, enfin, cette autre bizarrerie : le ministre délégué chargé de la Communauté algérienne à l'étranger a fait comme si le calvaire ainsi imposé aux passagers d'Air Algérie ne concernait pas d'abord… la communauté algérienne à l'étranger : ni déclaration ni déplacement à l'un des aéroports où poirotaient les émigrés et leurs familles, avec leurs bagages, leur fatigue, leur lassitude, leur incompréhension et, le plus dur à supporter, ce sentiment d'abandon. Pourtant, les déplacements, on pensait qu'il les aimait bien, lui qui a quasiment sillonné le monde à la rencontre des ressortissants algériens. Mais peut-être ne faisait-il qu'errer, lui aussi. Comme Air Algérie. Comme erre l'Algérie…