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CINEMA ARABE
Entre enjeux réalistes et manques créatifs
Publié dans Liberté le 31 - 12 - 2011

L'édition 2011 du Festival d'Oran du film arabe (Fofa), préparé en un temps record dans un climat d'opacité, a proposé 12 longs métrages et 22 courts métrages en provenance de 18 pays arabes, souvent en décalage avec la brûlante actualité qui rythme le monde d'aujourd'hui. Il est évident que rendre compte du réel n'est pas la première vocation du cinéma, mais le cinéma arabe — mis à part quelques rares et remarquables exceptions — semble s'enfermer dans des clichés et vouloir à tout prix commenter le réel sans le façonner, sans réellement se l'approprier.
Le jury de la cinquième édition du Festival d'Oran du film arabe (Fofa), présidé par la comédienne tunisienne Fatéma Ben Saaidane, a attribué le grand prix du festival, El Wihr d'Or, au long-métrage Hala Lawin de la Libanaise Nadine Labaki. Ce drame, aux accents parfois comiques, qui réhabilite le combat de la femme pour la paix, a été récompensé pour son scénario bien ficelé, sa grande technicité, l'interprétation quasi sans failles de ses comédiens et son importante dimension humaine. Le jury a par ailleurs estimé que les douze longs métrages projetés durant le Festival — tenu du 15 au 22 décembre 2011 — étaient, sur le plan thématique, représentatifs des réalités de leurs pays. Mieux encore, les cinéastes ont défendu des principes humanistes. Jusque-là, tout va bien ! Si les organisateurs ont oublié, le soir de l'inauguration, le Printemps arabe, s'enlisant ainsi dans des discours interminables et des leçons de cinéma inutiles, ils ont, comme par enchantement, retrouvé la mémoire lors de la cérémonie de clôture.
En laissant tomber le rideau sur un festival qui pourrait devenir l'un des plus prestigieux dans le monde arabe, l'animateur de la soirée a appelé à un Printemps du cinéma arabe. La proposition est ambitieuse, l'idée semble même séduisante, mais qu'avons-nous vu concrètement du monde arabe au Fofa ? Qu'avons-nous réussi à entrevoir du Printemps arabe qui a totalement bouleversé le sens de nos réalités ? L'art a certes besoin de temps pour atteindre sa parfaite expression ; d'un autre côté, l'artiste est souvent un visionnaire qui réussit à capter des signes avant-coureurs qui annoncent le printemps (ou l'automne, c'est selon !).
Le deuxième souffle
du cinéma arabe
Le festival a présenté des films en décalage avec la brûlante actualité du monde arabe, parce qu'ils ont été tournés avant l'effervescence du Printemps arabe. Leurs auteurs n'ont pas eu la possibilité de jouer les visionnaires, mais il y a eu l'exception Khaled Youssef, avec son trop optimiste Kef el-qamar, en-dessous de la vitalité d'un Hina Maysara ou Doukan Chahata (du même réalisateur), qui se veut “visionnaire” et qui porterait, d'après le cinéaste, les revendications de la révolution du 25 janvier. Le long métrage raconte l'histoire de cinq frères qui quittent leur petit village pour la grande ville. Une fois là-bas, ils subissent l'autorité de leur frère aîné (campé par l'excellent Khaled Saleh), ivre de pouvoir.
La vie leur joue des tours, et c'est dans la douleur qu'ils finiront par trouver du sens à leur existence.
En arrière plan, se dessine l'Egypte d'avant et d'après la révolution, mais la qualité du film reste assez éloignée de l'édifiant Microphone (2010) d'Ahmed Abdalla, qui avait concouru l'an dernier au Fofa, et dont le réalisateur avait montré, à travers l'histoire de plusieurs groupes d'artistes underground (Masar Egbary, Sawt fi Zahma…) qui ne trouvaient plus d'espaces d'expression, la frustration d'une jeunesse. Une jeunesse à la marge qui avait trouvé refuge dans le tag, le graffiti ou le rap, et qui, par ces voies intermédiaires, a réussi à canaliser son énergie dans l'art, en transformant sa colère puis sa rage, en un mécanisme créatif. Cependant, à part Kef el-qamar, aucun film projeté au Fofa ne traite du Printemps arabe.
Il est vrai qu'il y a actuellement beaucoup de documentaires sur le sujet et pas de fiction, mais un collectif, composé de dix réalisateurs égyptiens (Ahmed Abdalla, Mariam Abou Ouf, Chérif Arafa, Kamla Abou Zikri, Mohamed Ali, Ahmed Alaa, Yousry Nasrallah, Sherif El Bendary, Marwan Hamed, Khaled Marei) a produit la série de courts-métrages intitulée 18. Nous nous sommes consolés avec trois courts-métrages égyptiens (Bip de Haitam Saqr, Hawas de Mohamed Ramadan, Al Sandra de Mohamed Chawki) qui n'arrivaient pas toujours à emprunter de nouveaux sentiers mais qui compensaient parfois par une belle esthétique. En tout cas, même si nous n'avons pas vu grand-chose des changements radicaux qui sont actuellement en train de s'opérer en Egypte, notamment dans le domaine du 7e art, le cinéma indépendant (porté par des cinéastes comme Ibrahim El Batout, Kamla Abou Zikri ou Ahmed Abdalla), qui a toujours posé des problèmes de fond, commence à acquérir une meilleure visibilité.
Côté tunisien, le public du Fofa n'a pas vu de films qui rendent compte des obsessions actuelles des Tunisiens après la chute de Ben Ali. Dans le long métrage Dima Brando, de Ridha Behi, le réalisateur a renoncé à tourner une scène (faute de temps) qui illustrerait le personnage de Taytay (campé par le regretté Sofiene Chaâri), se libérant de ses chaînes pour aller assister à l'enterrement d'un de ses plus proches amis.
Cette séquence aurait été une métaphore sur le peuple qui se libère de l'oppression et qui prend son destin en main, sans pour autant connaître son avenir. Par ailleurs, les films produits en Tunisie sur leur révolution sont principalement des documentaires. Encore une fois, le cinéma a besoin de temps, d'autant que sa vocation n'est pas de rattraper le train de l'histoire en marche.
Réalités figées
Sur les douze longs métrages et les vingt-deux courts métrages projetés dans le cadre du Fofa, mis à part quelques remarquables exceptions, il semblerait que le cinéma arabe n'arrive pas à se départir de ses vieux et légendaires réflexes : les métaphores, les paraboles, les hyperboles, les symboles, etc.
Les préoccupations restent les mêmes (le poids de la société sur l'individu, les guerres fratricides et confessionnelles, la difficulté d'être une femme arabe, le rapport difficile à la modernité, etc.), et tant mieux si le cinéma prend en charge ces thèmes et lève le voile qui les cache. Mais la manière d'aborder les sujets reste la même. En réalité, les réalisateurs ne font rien d'autre que du dépoussiérage, voire du recyclage. Soit ils nous expliquent en bons experts de l'art de briser les tabous, dans une linéarité affligeante, que nous vivons dans le mensonge, soit ils truffent leurs œuvres de symboles (parfois niais) pour laisser le spectateur tirer des conclusions de lui-même, comme un grand chef ! En tout cas, le trio infernal, politique-sexe-religion est toujours au centre des obsessions contemporaines des cinéastes arabes, dont les films ont été présentés au Fofa. Heureusement que l'exception existe.
Dans son premier long métrage Andalousie, mon amour !, Mohamed Nadif (Maroc) réunit tous les ingrédients d'une belle comédie, qui sait la tragédie et les moments de grâce, et qui combine l'humour au drame, et ce, en s'intéressant au phénomène de l'émigration clandestine. Le réalisateur, primé pour sa mise en scène prometteuse au Fofa, s'intéresse aux marchands de rêves, à ceux qui font croire à des milliers de jeunes qu'ils ont la clé de leur salut. Majid, de Nassim Abassi (Maroc), est également un film d'un réalisme poignant, qui expédie dans le monde en saisissant la tragédie des personnages. Sa force réside dans son parti-pris pour les enfants (méprisés par un monde d'adultes, et méprisés de par leur situation sociale précaire : ils sont de milieux défavorisés).
Le cinéma algérien dans la tourmente
L'Algérie a concouru au Fofa avec deux longs métrages Qeddach Thabni (combien tu m'aimes) de Fatma Zohra Zamoum, et Normal de Merzak Allouache. Si le premier perd de son intensité lorsque sa réalisatrice essaie de raconter son histoire avec plusieurs points de vue (celui des grands parents, de l'enfant, de la voisine), le second décrit de manière fragmentaire une société qui suffoque, qui étouffe sous le poids du silence. Côté courts-métrages, quatre films ont été programmés au Fofa : Demain, Alger ? d'Amin Sidi-Boumédine, Djinn de Yasmine Chouikh, les Pieds sur terre d'Amine Hattou et la Cité des vieux de Mouzahem Yahia), et, de toute cette participation, il n'y a que le court-métrage de Yasmine Chouikh qui a récolté une mention spéciale du jury.
Qu'arrive-t-il donc au cinéma algérien dont on vantait, il y a quelques années, le retour en force sur la scène internationale ? Pas de fictions pour 2011, sinon des longs métrages produit dans le cadre de la manifestation “Tlemcen capitale de la culture islamique 2011”, qui oscillent parfois entre la fiction et le documentaire. L'année 2012 promet d'être riche en productions, puisqu'à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du pays, plusieurs projets de films sur la guerre de Libération nationale seront produits. Mis à part l'Andalou de Mohamed Chouikh et Parfum d'Alger de Rachid Benhadj, les productions seront principalement des biopics. On ne se verra donc pas à l'écran cette année, mais on aura évidemment des avant-premières et des films qui ne seront pas vus par la totalité des Algériens.
Le cinéma algérien peut-il renaître ? Et quel cinéma voudrions-nous voir renaître ? Comment raconter des histoires dans lesquelles le spectateur constate que ses préoccupations hantent les cinéastes ? Le réel enjeu du cinéma, aujourd'hui, est de se repenser comme art.
Et l'art n'est pas toujours une mission ou un reflet de la vérité. Il exige de la distance par rapport à l'actualité, de la subtilité dans le propos et surtout de la sincérité de la part du créateur.
S. K.


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