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Changements politiques dans la région
Pourquoi les Algériens sont si indifférents ?
Publié dans Liberté le 09 - 04 - 2012

La raison principale de cette démobilisation semble provenir du manque d'honnêteté et de compétence des politiciens qui méprisent le peuple tout en cherchant uniquement leurs propres intérêts. Plusieurs désillusions furent nécessaires aux Algériens avant d'éprouver de l'indifférence aux promesses émanant de ceux qui prétendent les représenter.
Pendant que les peuples de la région ne parlent que de “révolutions”, les Algériens vaquent tranquillement à leurs occupations, comme s'ils n'étaient guère concernés par cette question. Pourtant, de sérieuses contraintes les empêchent de mener une vie décente, poussant certains d'entres eux à se jeter dans les flots ou à s'immoler par le feu. Pourquoi les Algériens sont-ils devenus insensibles à la chose politique, eux qui furent en Afrique les leaders de la décolonisation et du combat démocratique ? Cette indifférence ne risque-t-elle pas de maintenir le statu quo, de provoquer un tsunami islamiste ou même une intervention étrangère ? N'y a-t-il pas une voie autre que celle du système, des islamistes ou des “démocrates zaïmistes” ? Pour répondre à ces questions, il est utile d'approfondir la réflexion. à l'instar de leurs frères tunisiens, les jeunes Algériens se soulevèrent en janvier de l'année passée pour exiger davantage de dignité et un partage équitable des richesses du pays. Aussitôt, des politiciens professionnels sortirent de leur hibernation afin d'accaparer ce mouvement spontané. Ne voulant pas être récupérés, les révoltés abandonnèrent la lutte pour retourner aussitôt dans leurs quartiers. Ayant perdu l'espoir d'une vie meilleure, la détresse des “indignés” redouble de férocité.
Pour fuir cet enfer qui est devenu leur pays, certains se jettent à la mer par fournées, tandis que plus cent autres furent tentés par l'immolation par le feu dans l'indifférence générale de la société. Les plus combatifs recourent aux émeutes, occupations des lieux publics, etc., afin de satisfaire des revendications individualisées. Alors que depuis longtemps la scène politique était cadenassée, voilà que des libertés sont octroyées. Cette ouverture déclencha une ruée vers la création de nouveaux partis qui risquent d'encombrer le souk politique déjà fort chargé. Surtout que la plupart des nouveaux arrivants sont en réalité d'anciens acteurs qui n'apportent guère de nouvelles idées : ils veulent juste devenir des “zaïms”, eux aussi. Contrairement à la classe politique qui est saisie par la fièvre de la course à la députation et aux avantages substantiels y afférents, la majeure partie de la population se désintéresse de ces élections. Cette démobilisation est un cauchemar pour le pouvoir, car une faible participation le discréditera aux yeux de la population et surtout vis-à-vis des autres nations ; tandis que certains craignent un raz-de-marée islamiste semblable à celui des pays voisins ; et enfin, les plus pessimistes redoutent une intervention militaire étrangère : l'exemple libyen est dans tous les souvenirs. Mais pourquoi ce désintérêt des électeurs, alors qu'un changement de régime pourrait s'avérer salutaire ?
La raison principale de cette démobilisation semble provenir du manque d'honnêteté et de compétence des politiciens qui méprisent le peuple, tout en cherchant uniquement leurs propres intérêts. Plusieurs désillusions furent nécessaires aux Algériens avant d'éprouver de l'indifférence aux promesses émanant de ceux qui prétendent les représenter :
1) En 1962, tandis que le peuple célébrait la fin du joug colonial, les “planqués” de la Révolution s'emparent du pouvoir en évinçant les vrais dirigeants (GPRA). Pour reconstruire le pays, les nouveaux maîtres sollicitèrent la contribution des populations qui offrirent leurs bijoux de famille à la nation. Mais les chefs détournèrent le “Sandouq tadhamoune” (caisse de solidarité) à leur profit. Pendant qu'eux menaient une vie de pacha, les enfants de martyrs survivaient avec une pension de 30 DA par mois. Le mensonge constituait leur seconde religion : ils se disaient “socialistes”, mais s'enrichissaient comme les plus affreux des capitalistes ; ils défendaient la “langue nationale” (arabe académique) avec l'énergie du désespoir, tout en scolarisant leurs enfants au lycée français Descartes, etc. Puis vint l'explosion du 5 octobre 1988…
2) L'ouverture démocratique de 1989 à janvier 1992 était porteuse de beaucoup d'espérances, puisque pour la première fois de son histoire, le peuple algérien découvrit la démocratie et toute son importance : liberté d'expression, d'organisation, de réunion, etc. La télévision de l'inoubliable Abdou B. organisait des débats politiques dignes des pays développés. Hélas, cette chance fut utilisée par les adeptes de la régression en instrumentalisant notre religion. Après leur “victoire” au premier tour, ils dévoilent leur véritable nature en ordonnant aux Algériens de commencer à changer leurs comportements.
Pour prévenir le chaos, les militaires annulèrent la poursuite des élections et ce fut le début des années de terreur. Avec des sabres et des fusils de chasse, les islamistes ont commis tant de dégâts, qu'auraient-ils fait en disposant des moyens de l'état ? Exterminer les deux tiers des Algériens, comme promis par un de leurs dirigeants ? Quant à ceux qualifiés de “modérés”, tout un chacun connaît leurs méfaits depuis deux décennies qu'ils sont au pouvoir en tant que maires, ministres ou députés. L'imposture du Printemps “arabe” aidant, les islamistes de tous poils sortent de leurs tanières, et ce ne sont pas les partis “démocrates” qui vont les contrer.
3) Ces derniers sont dirigés selon l'humeur de leur “zaïm” qui rejette les brillantes idées des militants tout en excluant les personnalités d'envergure qui lui font de l'ombre. Résultat des courses : les mêmes chefs sont aux commandes des partis depuis leur création. Pour l'exemple, l'auteur de ces lignes adhéra pour la seule fois de sa vie à un parti politique (FFS), de juillet 1990 à fin janvier 1992.
Lors de la convention de Tipasa, le niveau des intervenants n'avait rien à envier à celui des hommes politiques des grandes nations, pourtant le parti sera géré anarchiquement. Arrivé en seconde position lors des élections fatales, le parti organisa une grandiose manifestation pour défendre une “Algérie libre et démocratique”. Ce fut l'unification du pole démocratique : la troisième force entre “la peste et le choléra”. Puis vint l'interruption du processus électoral. Aussitôt, le “zaïm” accourt dans les bras des regrettés Mehri (FLN) et Hechani (ex-FIS), alors que l'article 2 des statuts du parti stipulait : “Ni état policier ni état intégriste”. Au lieu de rester au poste stratégique d'arbitre afin de condamner les dépassements des deux belligérants, il délaissa complètement sa famille politique pour devenir l'assistant social des intégristes (Contrat de Rome, “Qui tu qui ?”, etc.).
En fin de compte, le trait commun de la majorité de nos politiciens est l'esprit de Djeha, fait de ruse, mensonge, traîtrise, égoïsme, etc. C'est cette médiocrité de la classe “boulitik” qui éloigne le peuple algérien de la chose publique. Mais cette passivité ne risque-t-elle pas de compromettre l'avenir de la nation et celle des nouvelles générations ?
L'actuel statu quo ne peut survivre aux bouleversements qui se déroulent dans la région, car un régime faible est une proie facile aux prédateurs affamés et excités par les richesses de notre pays. Tandis qu'un tsunami islamiste nous ramènera aux siècles derniers en oubliant l'essentiel pour nous intéresser aux futilités. Il suffit de méditer l'issue de la “Révolution du jasmin” pour en être convaincu. L'actualité dans ce pays ne concerne nullement la relance de l'économie pour vaincre le chômage et la pauvreté.
Il est question du port de niqab, des professeurs, journalistes et syndicalistes agressés par des islamistes en furie ainsi que de la charia à appliquer. Le seul projet entamé par le régime de M. Ghanouchi semble être celui de l'excision des belles et rebelles Tunisiennes : pour cela, on fit appel à Wajdi Ghoneim, le fameux coopérant égyptien.
Et enfin, pour la menace de l'intervention militaire étrangère : “Ma idirou walou” (ils ne feront rien). Les Algériens s'interposeront, non pas pour sauver un quelconque “Kadhafi” ou un régime qui traîne des casseroles dernière lui, mais uniquement pour défendre leur mère patrie. N'en déplaise au crapaud qui veut se faire lion afin de jouer dans la cour réservée aux grands, et ce, malgré la propagande de la redoutable “El Khenzeera” (la truie). Pour les amnésiques, il est utile de rappeler deux faits : notre armée, aidée par les “Ridjal waqifoune” (Hommes qui se tiennent debout), prit le dessus sur les talibans algériens ; pour rétablir notre dignité bafouée, près de 14 000 jeunes Algériens furent déplacés à Khartoum en trois jours (à bord d'avions civils et militaires) afin d'instaurer leur loi, vaincre et revenir avec le ticket du Mondial au pays de Mandela. Assurément, l'Algérie est le plus vaste pays d'Afrique, mais dispose aussi d'un peuple magnifique. Ce dernier ne gagne-t-il pas à prendre son destin en main, au lieu de se laisser aller au découragement ?
Pour sortir le peuple algérien de sa léthargie, il faut provoquer la rupture en lui proposant un nouveau cadre organisationnel, un nouvel état d'esprit et si possible de nouvelles têtes. L'actuel scène politique comporte trois familles : les “nationalistes” (baathistes), les islamistes à la sauce moyen-orientale et les “démocrates” qui singent les sociétés occidentales. La nouvelle famille politique pourrait être constituée de nationalistes algériens qui prônent une Algérie algérienne qui n'est inféodée ni au Moyen-Orient ni à l'Occident, avec pour seul “zaïm” l'Algérien qui passe avant tout. Cette Algérie qui s'aime et qui gagne est celle d'Oum Dourmane, mais aussi celle des hommes de Novembre et du Congrès de la Soummam : un état démocrate, social, dans les valeurs de l'islam de nos ancêtres.
Mais pour cela, il faut retrouver les qualités spirituelles ayant permis de mener l'une des plus grandes révolutions des temps modernes avec des moyens dérisoires. Ces qualités sont au moins trois, symbolisées par les noms suivants : Boudiaf, absence de “zaïm” grâce à une direction collégiale ; Abane, sens de l'organisation et application des lois par et pour tous ; et enfin, Ben M'hidi, don de soi au profit de son peuple. Les porteurs de lumière ou élites compétentes, honnêtes, aimant leur pays et rejetant la fatalité doivent se mobiliser afin d'organiser les états généraux des forces du progrès et semer l'espoir du changement dans la rue. Contrairement à 1954, l'adversité actuelle est représentée par des compatriotes (anciens miséreux colonisés, comme nous tous) obnubilés par les fastes du pouvoir et la richesse matérielle. Il suffit de leur ouvrir les yeux pour qu'ils réalisent que le bonheur de leur propre famille n'est pas celui de millions d'Algériens qui vivent dans la précarité ou celui du pays qui dépend à près de 98% des revenus pétroliers.
Les élites conscientes relèveront-elles le défi de ramener l'espoir dans le cœur des Algériens, ou se contenteront-elles d'assurer le bien-être de leur famille, en abandonnant l'Algérie à sa triste destinée ?
B. T.


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