Projetés dans le cadre des dixièmes rencontres cinématographiques de Béjaïa, mardi dernier, deux courts-métrages, La nuit de Badr de Mehdi Hmili et Uzzu de Sonia Ahnou, évoquent la problématique de l'amour et de la liberté sexuelle chez les jeunes. La nuit de Badr de Mehdi Hmili (Tunisie) est une œuvre poétique de vingt-neuf minutes, réalisée en 2011. Quelques mois après la révolution tunisienne, Badr, grand poète, est invité à retourner dans son pays. Mais, avant de partir, il passe ses dernières heures avec son compagnon Philippe. Uzzu de Sonia Ahnou (22' minutes, 2011) a été réalisé dans le cadre des journées du documentaire de Béjaïa (Béjaïa Doc). Elle revient sur la jeunesse de Tizi Ouzou. La caméra est le témoin des confessions de ces universitaires sur leur vie amoureuse et leur regard sur les relations humaines. Deux univers différents, une seule approche : vivre librement son amour. La nuit de Badr est un film emprunt d'ambiguïté, car on perçoit difficilement le message du réalisateur. Essaie-t-il de nous dire que la liberté des personnes tourne autour de leur préférence sexuelle où alors est-il question du libre arbitre ? (Parmi les paradoxes : Badr qui déteste son pays (mais peut-être est-ce son conformisme qu'il déteste) mais voudrait y être enterré). C'est un récit poignant, touchant, silencieux. Le regard de ce poète laisse entrevoir une grande souffrance. C'est une sorte de spectre de cette Tunisie déchirée, longtemps privée de sa liberté. Quant aux jeunes Algériens, l'amour pour eux est un thème qui revient souvent dans les conversations. Ils en parlent, le vivent, le ressentent mais en catimini. Ils témoignent de la liberté de leur mouvement, de leurs engagements (“Si ton père te trouve avec ton copain, il va te frapper”, “En couple on ne sait pas quoi faire ni où sortir). Ils parlent avec pudeur de la sexualité : Alors que les filles lancent des petits sourires, les garçons ne veulent pas étaler leurs vies privées. Ces films ont permis de casser des tabous, chacun d'eux revient sur une problématique continuelle : l'amour sous ses différentes formes. Pour Sonia Ahnou, ce film est “un sujet qui m'a toujours intriguée et habitée longtemps. Je voulais savoir comment les Algériens parlent de l'amour.” Avec beaucoup de pudeur... H. M.