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...PORTRAIT...
La Mère Michèle
Publié dans Liberté le 04 - 11 - 2012

La Mère Michèle, ça vous dit ? Non ? Rien ? Vous avez alors moins de cinquante ans et vous ne connaissez pas bien l'histoire d'Alger et de ses hauts lieux de naguère. Comprenons-nous : on ne parle pas d'histoire, mais d'une certaine histoire, celle d'un mythique triangle disparu aussi sûrement que l'Atlantide. Tenez, en haut, face à la fac, il y avait, il y a encore, heureusement, la brasserie avec ses mythiques Rezki, Champion and co ; juste en bas, rue Charras, il y avait le Marhaba et là-haut, tout en haut, près du ciel, au-dessus de la rue Hakim-Saâdane, il y avait le restaurant La Mère Michèle. Me croirait-on ? rien qu'à l'évocation de son nom je sens le fumet de son fameux civet de lapin. Miam... miam. À quoi bon saliver ? Il ne reste rien. Rien que le souvenir dont la convocation, selon Sénèque, nous rend parfois heureux. Dès l'entrée, on trouvait derrière la caisse la mère Michèle qui répondait à notre salut en plissant les yeux. Et selon le degré de plissement, on pouvait reconnaître notre niveau d'agrément. Il nous a fallu une fréquentation de plusieurs mois, en faisant le tour de la carte plusieurs fois, car tout était délicieux, pour avoir droit à un grand plissement et au regard amical de la mère Michèle. On pouvait rester des heures à palabrer entre poire, fromage et le reste, surtout le reste, devrait-on dire, sans qu'un serveur importun ne nous dérange. C'est là que je rencontrais souvent un ami poète, tourmenté comme tous les poètes. Timide, il ne se décrispait qu'au bout de quelques verres. Il commençait alors à se traiter de tous les noms en mesurant toute la distance qui le séparait d'Aragon, son Dieu. Comme il chantait juste, le bougre, il nous gratifiait alors à chaque fois d'Elsa. Je l'entends aujourd'hui dans la voix de Ferré : “Suffit-il donc que tu paraisses de l'air... Elsa mon amour, ma jeunesse..." La mère Michèle, qui avait un cœur qui battait sous sa robe, avait l'œil qui virait au tendre. Elle prêtait d'abord l'oreille pour saisir des bribes derrière le brouhaha, car chaque convive refaisait bruyamment l'Algérie sous la botte de Boumediene qui nous bottait le postérieur. Parfois, pour mieux saisir les paroles, elle s'approchait de nous, l'air de rien. Et mon ami, ivre de bonheur, ivre tout court, se prenait à la fois pour Aragon et Ferré. Miracle des lieux ! Quels souvenirs cette chanson remuait-elle dans le cœur de la mère ? Je ne sais. Dans le nôtre, et dans l'état joyeux où on était, elle nous faisait croire à l'amour rêvé, l'amour courtois, immaculé. On voyait alors tout en rose, y compris l'addition. Aujourd'hui, il ne nous reste que la fameuse comptine : “C'est la mère Michèle qui a perdu son chat, qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra. C'est le père Lustucru qui lui a répondu : “Allez, la mère Michèle, votre chat n'est pas perdu !" Le chat de la mère Michèle n'est peut-être pas perdu, mais nous si. Perdus sans cette adresse, l'adresse de notre jeunesse disparue...
H. G.
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