“Nous avons dépassé le nombre des APC gagnées aux élections de 2007", a annoncé, triomphaliste, vendredi matin, M. Bouzeghoub, président de la commission nationale de supervision des élections locales mise en place par le RND au mois de juin dernier. Sans trop s'avancer sur des résultats définitifs, qui devaient être livrés par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales dans l'après-midi de la même journée, le cadre du Rassemblement affirme que les procès-verbaux de vote, remis par l'administration à ses représentants dans les bureaux de vote après la clôture de l'opération du dépouillement, donnent le parti en tête dans plus de 400 communes. “Nous devons améliorer, au fil des heures, ce chiffre, puisque nous sommes en ballottage dans environ 100 autres APC", souligne-t-il. Déjà, la veille au soir, au siège national du parti, des responsables du parti, qui supervisaient le scrutin à partir de leurs bureaux, semblaient plutôt optimistes. Les échos qui leur parvenaient du huitième étage, où est installée la cellule de suivi des élections, sont a priori favorables. Des informations sur le taux de participation et les incidents survenus dans tel ou tel bureau de vote sont transmises heure par heure, wilaya par wilaya. “Les choses se déroulent normalement. On nous a signalé quelques dépassements. Pour notre part, nous ne consignons que les faits prouvés", affirme M. Bouzeghoub. Il a été retenu, entre autres, l'absence de bulletins à l'effigie du parti dans certaines wilayas, comme M'sila, Batna, Biskra... Il a été constaté, aussi, le vote collectif d'éléments de corps constitués dans les villes de Blida, Biskra, Tamanrasset, Oran, Jijel, Laghouat, Illizi et Alger ; l'absence des représentants de la Commission indépendante de supervision des élections locales dans quelques circonscriptions électorales ; le non-respect des résultats du tirage au sort dans le classement des bulletins de vote ; la poursuite de la campagne électorale par des candidats qui ont collé leurs affiches aux abords des centres de vote... Un énième incident est relayé à la centrale du parti, vers midi, faisant état de la saisie de PV de dépouillement paraphés à blanc. Des cadres du RND soutiennent que la Commission nationale de supervision des élections locales, composée de magistrats, a reçu, au milieu de la journée du 29 novembre, 169 recours. Ces dépassements ne semblent pas inquiéter outre mesure la direction du parti. “Nous nous sommes bien préparés à ce scrutin. Nous sommes persuadés de faire de bons résultats", pronostiquait déjà, deux jours avant la date du scrutin, le porte-parole du Rassemblement, Miloud Chorfi. Mohamed Faden, ancien député et membre du Conseil constitutionnel, actuellement conseiller juridique dans la formation politique drivée par Ahmed Ouyahia, assure que le parti a choisi, pour ce rendez-vous électoral, de bons candidats et a œuvré à organiser une campagne électorale productive. “Tous les candidats RND qui sont passés à la télévision ont d'abord été entraînés dans un studio d'enregistrement monté dans le parti, par Nouara Djaffar, Azzedine Mihoubi et Amina Debache (d'anciens journalistes de l'ENTV, ndlr)", cite-t-il pour exemple. Il souligne que son parti aurait pu présenter des candidats dans l'ensemble des circonscriptions électorales, soit les 1 541 communes. “Des listes prêtes ont été détournées vers d'autres partis. Puis l'administration n'a pas été clémente avec nous. Des listes ont été rejetées, car certains candidats qui y figuraient avaient des affaires en justice pour des accidents de la circulation ou des infractions au code de la route", rapporte-t-il. Si la direction du RND a mis en place une organisation pour suivre dans le moindre détail le déroulement de l'opération électorale, l'ambiance, au siège national, était aussi froide que la température glaciale qui a retenu les Algérois au chaud dans leurs maisons, le jour de vote, pour le renouvellement des assemblées locales. On était loin de la messe électorale des précédents scrutins. La présence des gens de la presse était réduite à deux ou trois organes. Le va-et-vient entre les étages et les bureaux est discret. L'entrée des espaces réservés à Ahmed Ouyahia sont encadrés par ses gardes du corps. Au même palier, son chef de cabinet, Abdesslem Bouchaoureb, discutait, dans son bureau, avec le porte-parole du parti, Miloud Chorfi, et le secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, Belkacem Mellah. Un étage en dessous, des personnalités connues du Rassemblement, à l'image de l'ex-secrétaire d'Etat chargée de la Famille, Nouara Djaffar, et l'ancien député Abdelkrim Harchaoui, s'enquerraient de la situation auprès de M. Bouzeghoub, avant de quitter les lieux. Il en a été ainsi pendant toute la journée. Il n'en demeure pas moins qu'une organisation a été mise en place pour collationner, dans les moindres détails, les informations qui parvenaient des bureaux de vote et des deux commissions nationales de supervision des élections locales. S H.
