Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas (Pablo Neruda) Au commencement, la terre bleue-belle était un poème ou un livre ! L'essence, l'âme ou l'encense de ce poème ou de ce livre n'était qu'une fantastique histoire d'amour. Il faisait bon et beau. Il faisait juste ! Ainsi, toute société qui n'aime pas la poésie, qui ne lit pas la poésie, est rattrapée, tôt ou tard, par la guerre ou par la vieillesse. Et pour que nous ne soyons pas, dans un jour proche, frappés par “la haine" ni par la “cécité sentimentale", je vous propose de lire, plutôt de relire ce poème. Certes, il vous rappelle les bancs d'école, le parfum de la craie, l'ardoise, les cahiers avec leurs protèges-cahiers de différentes couleurs, les copains, les tresses des belles filles. En somme il vous dit votre enfance avec de grandes ailes plantées sur les épaules de vos rêves. Il réveille en vous ce qui reste du premier amour. Ce qui reste des idées de la révolution ! Le Café Pouchkine dans la chanson Nathalie ! Le cigarillo du Che Guevara ! C'est beau et impératif, en ces jours de sècheresse dans l'âme et dans la résistance, de lire ce poème de Paul Eluard (1895-1952) : Sur mes cahiers d'écolier/ Sur mon pupitre et les arbres/ Sur le sable de neige J'écris ton nom Sur les pages lues/ Sur toutes les pages blanches/ Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom Sur les images dorées/ Sur les armes des guerriers/ Sur la couronne des rois J'écris ton nom Sur la jungle et le désert/ Sur les nids sur les genêts/ Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom Sur les merveilles des nuits/ Sur le pain blanc des journées/ Sur les saisons fiancées J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon/ Sur les ailes des oiseaux/ Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom Sur chaque bouffée d'aurore/ Sur la mer sur les bateaux/ Sur la montagne démente J'écris ton nom Sur la mousse des nuages/ Sur les sueurs de l'orage/ Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom Sur les sentiers éveillés/ Sur les routes déployées/ Sur les places qui débordent J'écris ton nom Sur la lampe qui s'allume/ Sur la lampe qui s'éteint/ Sur mes maisons réunies J'écris ton nom Sur le fruit coupé en deux/ Du miroir et de ma chambre/ Sur mon lit coquille vide J'écris ton nom Sur la vitre des surprises/ Sur les lèvres attendries/ Bien au-dessus du silence J'écris ton nom Sur mes refuges détruits/ Sur mes phares écroulés/ Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom Sur l'absence sans désir/ Sur la solitude nue/ Sur les marches de la mort J'écris ton nom Sur la santé revenue/ Sur le risque disparu/ Sur l'espoir sans souvenir J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot/ Je recommence ma vie/ Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté. Merci Paul Eluard pour cet hymne à la vie ! La poésie est le sel de la vie. A. Z. [email protected]