Tandis que les ministres américain et russe des AE, John Kerry et Sergueï Lavrov, préparent laborieusement la conférence internationale sur la Syrie, dont ils ont lancé l'idée et qu'ils ont convoquée pour la mi-juin à Genève, la France, tête de file des “Amis de la Syrie", a fini par obtenir de ses pairs de l'UE la levée de l'embargo des armes sur la rébellion syrienne, en dépit de la menace de les voir tomber entre les mains des djihadistes, qui ont pris le dessus dans l'armée de libération (ALS). Mais les rebelles contre le régime de Damas ont accueilli avec circonspection la décision de l'UE, la jugeant trop tardive. Sur le terrain, ils donnent, par ailleurs, des signes d'essoufflement face à la contre-offensive de l'armée nationale, et tout porte à croire que les groupes djihadistes ont pris le dessus, imposant la charia sur les morceaux de territoires “libérés". Le conflit intersyrien montre également des signes de contagion, notamment au Liban voisin. Moscou a déploré la fin de l'embargo, avertissant que les armes vont tomber entre les mains des islamistes. Washington n'en pense pas moins, estimant pouvoir maintenant convaincre l'opposition de rejoindre la table des négociations. Le 7 mai à Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry ont convenu de convoquer une conférence internationale sur le règlement en Syrie, dans le sillage de la conférence de Genève en juin 2012. Le nouveau tête-à-tête Kerry-Lavrov à Paris a avancé sur la date de la conférence et même le bien-fondé de la présence de l'Iran à Genève II, ainsi que sur la manière de faire participer les belligérants, le pouvoir de Damas et son opposition. Rien n'a filtré, le département d'Etat ayant, par avance, souligné que toute annonce serait faite aux Nations unies. Lavrov a déclaré, pour sa part, que l'organisation d'une conférence sur la paix en Syrie ne serait pas une “mince affaire". On sait que Moscou et Washington ont réaffirmé leur profond engagement aux principes de la conférence de Genève, prévoyant un gouvernement de transition mutuellement approuvé en Syrie, ainsi que leur opposition à l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit. Si les pays soutenant l'opposition syrienne et faisant partie du groupe des “Amis de la Syrie" se sont prononcés en faveur de cette initiative, Genève II n'aura pas lieu si les opposants syriens n'élisent pas leurs délégués, a encore prévenu le ministère russe des AE son homologue français. Alors que le régime de Damas, soutenu par les Russes, avait annoncé sa décision de principe d'y participer, l'opposition syrienne, réunie à Istanbul depuis jeudi dernier, apparaissait profondément divisée et ne s'est pas encore prononcée. Le couple russo-américain compte sur les “Amis de la Syrie", plus particulièrement Paris et Dubaï, pour contraindre l'opposition à trouver un consensus sur sa participation à Genève II et pour désigner ses nouveaux dirigeants ainsi que ses représentants à la conférence de juin. Cela ne devrait pas tarder, maintenant que les Européens se sont mis d'accord. Selon les Britanniques, principal pays à réclamer la possibilité de livrer des armes aux rebelles syriens, la levée de l'embargo est une mesure destinée à envoyer un message clair à Bachar Al-Assad. Ce que soutiennent également les Américains qui ont approuvé le vote de l'UE. Ce n'est pas encore clair, mais sous la pression de nombreux de ses membres, les pays de l'Europe de l'Est proches des Etats-Unis, et d'autres pays, dont l'Espagne et l'Italie, il semble que l'UE a trouvé un compromis soumettant sa levée de l'embargo à certaines conditions, liées au contrôle des armes et à un délai afin de ne pas compromettre la réunion de Genève II. Damas a estimé que la levée de l'embargo sur les armes destinées à la rébellion est en porte-à-faux avec les efforts de la communauté internationale pour engager un processus politique à la crise syrienne. D B Nom Adresse email
