Émeutes à Guelma

La population est sortie dans la rue pour protester contre la Mal-vie

Depuis mardi dernier et jusqu’à hier en fin de journée, la wilaya de Guelma était isolée du reste du pays. Des citoyens, excédés par les dernières augmentations des tarifs de transport de voyageurs, ont bloqué tous les accès de cette wilaya pour dénoncer cette mesure et soulever, à l’occasion, d’autres préoccupations liées à la qualité de leur cadre de vie. Nador, Bouchegouf, Béni Mezline, Khezzara, Hammam-Nebaïl, El-Bettouma, Hammam-Debagh, Medjaz-Ammar, Houari-Boumediene… des chefs-lieux de communes et des lieux-dits sortis de l’anonymat, l’espace de 24 heures, le temps nécessaire à leurs populations pour crier leur révolte contre la mal-vie qui ronge leur quotidien.
La vie de la cité a cédé la place à l’émeute. Guelma était ceinturée par des barricades de fortune et des pneus en fumée dressés par des jeunes, sous l’œil approbateur des adultes, prêts à en découdre avec les autorités sommées de répondre à leurs doléances.
Pour nombre de jeunes animateurs de cette protesta avec lesquels nous nous sommes entretenus, les récentes augmentations des tarifs de transport pratiqués sur les lignes reliant le chef-lieu de wilaya aux différentes communes rurales sont la goutte qui a fait déborder le vase. Pour les Guelmis, il s’agit d’une hogra de trop qui s’ajoute aux problèmes d’alimentation en eau potable, de connexion au réseau de gaz naturel, à l’aménagement des routes communales et au déficit en infrastructures sociomédicales et éducatives dont ils souffrent.
Les habitants de la localité El-Battouma qui ont dressé des barricades sur la RN 20, le long d’une vingtaine de kilomètres, ont soulevé le problème du foncier agricole, la nécessité d’ouvrir un centre de santé ainsi que la précarité de l’emploi.
Dans la localité de Dahmoune-Tahar, commune de Hammam-Debagh, les émeutiers, répondant aux mêmes mots d’ordre, ont fermé les routes secondaires reliant la wilaya de Guelma aux wilayas de Skikda et Constantine.
Les communes de Bouchegouf, Hammam-Nebaïl, Khezzara et Béni Mezline ainsi que le centre-ville de Guelma ont été totalement paralysés. Ces localités étaient asphyxiées suite à la fermeture par les habitants de la localité du Nador de la route nationale 20 à la hauteur du carrefour Khezzara-Béni Mezline et Bouchegouf.
Les émeutiers du Nador considèrent que ces énièmes majorations des prix de transport influent négativement sur la scolarité de leurs enfants. “Avec les nouvelles tarifications du transport, il m’est impossible de continuer ma scolarité�, nous confirma un jeune émeutier du Nador.
Dans leur furie, les émeutiers ont saccagé plusieurs véhicules appartenant à des particuliers et à des administrations publiques. Des blessés ont été signalés parmi des automobilistes et des voyageurs usagers de la route nationale 20.
Hier, en début d’après-midi, les forces anti-émeutes sont intervenues dans la localité du Nador, commune de Béni Mezline. Après de violents accrochages avec les émeutiers, les attroupements devant les édifices publics ont été dispersés et la route reliant Guelma à Bouchegouf a été partiellement rouverte.
Des sources proches des émeutiers parlent de dizaines d’interpellations effectuées par les forces de sécurité. Une information que nous n’avons pas pu confirmer.
K. Z.