Les Palestiniens menacent de proclamer leur état

Vu de près

Les Palestiniens menacent de proclamer unilatéralement leur état, en réponse au désengagement de Sharon de la feuille de route qui prévoyait des négociations bilatérales, sous les auspices du quartette international (États-Unis, UE, Russie et ONU). Sharon persiste et signe : il s’en tient à son propre tracé, confinant les palestiniens derrière un “mur� que même l’apartheid n’avait pas osé édifier du temps de son lustre en Afrique du Sud.
Face à la réprobation dans le monde, Sharon a promis de démanteler quelques colonies à Gaza, mais de compenser ce lâchage par de nouvelles terres qu’il prendrait en Cisjordanie.
L’ex-général qui, après les guerres de 1967 et 1983, a fait main basse sur d’autres terres palestiniennes et même le Golan syrien, en tant que “ministre des Colonies�, a également annoncé qu’il procédera au refoulement des israéliens arabes dans la Palestine. Comme ça, dans son esprit, chacun sera chez soi ! Il promet de les dédommager financièrement. Sharon veut ainsi concéder au palestiniens bien moins de territoires que dans un processus fondé sur de véritables pourparlers.
C’est pourquoi il ne s’est pas gêné de mettre entre parenthèses la feuille de route. D’autant que, ceux-là mêmes qui l’on conçu n’ont rien fait pour le dissuader. Les États-Unis se sont contentés de déclarer soutenir l’État palestinien uniquement dans le cadre de négociations avec Israël.
La plupart des pays européens ont adopté le même point de vue. Certains ont également soutenu le souhait israélo-américain de voir le vieux leader Arafat hors course. Qoreï a mis à profit son périple européen pour interpeller l’occident face à ce plan diabolique d’usurpation de terres et de transfert de populations, rappelant leurs responsabilités, ne serait-ce qu’en qualité de parrains de la feuille de route. Le premier ministre palestinien a notamment demandé aux chefs d’États européens d’inciter la Cour internationale de justice à diligenter la plainte palestinienne contre le “mur� de Sharon. Abed Rabbo, haut responsable palestinien, membre du Comité exécutif de l’OLP, très écouté pour son pragmatisme, n’évacue pas l’hypothèse pour les palestiniens de déclarer leur État en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à El-Qods et de chercher ensuite à le faire reconnaître par la communauté internationale. Une autre option a également fait jour.
Il s’agirait de réclamer “un seul État avec Israël� en exigeant des israéliens qu’ils prennent en charge la population palestinienne. Qoreï aurait dit à ce propos : “Pourquoi pas ?� En réalité, deux peuples dans un seul État est une utopie que même les pacifistes israéliens impénitents n’osent plus formuler, se contenant de dénoncer le “mur� de Sharon et ses exactions. Les Palestiniens, aujourd’hui, n’ont même plus l’autonomie concédée aux termes des accords d’Oslo de 1993. Elle a été sévèrement battue en brèche depuis le redoublement de la répression israélienne qui a enfanté la seconde intifadha en septembre 2000. Les carnages successifs de Sharon justifient les extrémistes palestiniens.
D. B.