Les intimidations commencent

Après la parution du livre de Benchicou

Le livre événement du directeur du Matin, Mohamed Benchicou, était sur toutes les lèvres dans les coulisses de cette sortie du Président vers la wilaya de Tamanrasset, et d’aucuns parmi les confrères y ont trouvé matière à acculer le ministre de l’Intérieur sur telle ou telle accusation. Mais Zerhouni ne s’est pas tout à fait prêté au jeu et a répondu par ses classiques admonestations que clôt un cinglant : “La justice sera saisie.�
Ainsi, interrogé à propos d’un passage du livre de Benchicou, Bouteflika, une imposture algérienne (éd. Le Matin) dans lequel le directeur du Matin soutient que du temps où M. Zerhouni était ambassadeur à Mexico, ce dernier s’était adonné à un commerce de voitures de luxe, précisément des Mercedes, le ministre se contente de rétorquer : “Il faudrait que Le Matin en apporte les preuves. Ce sont là de graves accusations et il devra en rendre compte devant la justice.� Dans une autre question, le ministre s’est vu interpellé à propos d’un passage où le même Benchicou rappelle son (présumé) “passé de tortionnaire� en citant notamment le cas des milliers de jeunes Kabyles torturés sous sa responsabilité dans la tourmente du Printemps noir. Zerhouni s’en défend énergiquement : “Il n’y a aucun cas de torture en Kabylie. Personne n’a été torturé en Kabylie. Il y a eu des assauts donnés contre des casernes de la Gendarmerie nationale et ce n’est pas moi qui ai poussé les gens à aller devant les kalachnikovs�.
 Un confrère, répercutant une rumeur le donnant partant de même qu’Ouyahia, Zerhouni fait son marketing : “Le départ du ministre de l’Intérieur et du Chef du gouvernement n’est pas à l’ordre du jour. Et qu’est-ce qui peut garantir qu’un autre ministre fera mieux ?�.
Invité à répondre à Hamrouche qui avait exprimé de sérieuses réserves quant à la régularité de l’élection qui se profile, Zerhouni a eu ce commentaire : “On aimerait bien que Si Mouloud apporte les preuves de ce qu’il avance. Nous avons mis en place des mécanismes pour mettre l’administration en dehors de toute dérive. Ce sont des mécanismes suffisamment sûrs pour garantir la transparence et l’équité de cette élection. Et je le dis sans fanfaronnade. Les bureaux de vote sont placés sous le contrôle des candidats et des partis politiques, et c’est l’un des dispositifs les plus efficaces au monde qui n’a rien à envier aux démocraties occidentales.
Si Hamrouche, s’il avait suivi le déroulement des élections précédentes, il aurait dû se rendre compte qu’il n’y a pas eu de recours de la part des candidats qui ont perdu l’élection dans ces deux consultations.�
Interpellé pour la énième fois sur le levée de l’état d’urgence, Zerhouni plaidera : “Qu’apporte l’état d’urgence ? Il s’agit d’une coordination dans la lutte antiterroriste, entre les forces de l’ANP, de la Gendarmerie nationale, de la police et de l’armée. L’état d’urgence n’a rien diminué en ce qui concerne les libertés individuelles et même politiques.
Le droit de réunion et le droit d’association sont préservés. La liberté de la presse n’a pas été inquiétée, et vous le constatez de vous-mêmes à travers les excès de certains journaux. Et il n’y a pas un seul détenu politique en Algérie. Même les terroristes, ils sont jugés devant des tribunaux civils.
Donc, ceux qui parlent de l’état d’urgence, de trois choses l’une : ou bien ils ne connaissent pas le contenu de l’état d’urgence, ou bien ils veulent démanteler le dispositif de la lutte antiterroriste, ou bien alors ils l’utilisent comme cheval de bataille à des fins électorales et c’est de bonne guerre�. Sur l’interruption du dialogue pouvoir-archs, il a estimé que “la raison va l’emporter� et que “les deux parties vont revenir au dialogue�.
Il va même jusqu’à avancer quant au rejet de cette élection par les archs : “Le boycott n’est pas une option définitive.� Enfin, sollicité pour révéler la date de l’annonce officielle par Abdelaziz Bouteflika de sa candidature à la magistrature suprême Zerhouni lance simplement : “Posez-lui la question !�
M. B.
Benchicou réagit :
“Mon livre traite de l’imposture du président Bouteflika et non pas de la sous imposture Zerhouni. Il porte sur la supercherie incarnée par Bouteflika. Il n’était pas question de nous attarder sur le passé peu glorieux du premier flic du pays. Zerhouni est surpris par le fait qu’il n’a pas les moyens de devenir l’oppresseur qu’il mérite d’être. Il y a six mois, il disait “le directeur va me le payer�. J’ai payé pour pouvoir lui dire les choses en face. Il ne m’a nullement impressionné. J’ai dit que c’est un tortionnaire. Il l’est. Il s’est livré à un trafic de devises et de Mercedes. S’il y a quelqu’un qui doit être présenté devant le juge, c’est lui.�