Dédicaces sous haute surveillance

Malgré la répression et les menaces

En dépit des rumeurs faisant état de la présence de la police, les citoyens étaient hier nombreux à venir acquérir le pamphlet.
La maison de la presse Tahar-Djaout a vibré, hier, aux rythmes d’une ambiance peu particulière. Des citoyens, des femmes, des jeunes filles ont investi en fin de matinée le siège du journal Le Matin, en vue d’acquérir discrètement le livre de Benchicou, Bouteflika, une imposture algérienne, mis officiellement en vente depuis hier.
Des personnalités politiques étaient au rendez-vous de la cérémonie de dédicace, organisée par l’auteur. Immédiatement après la conférence de presse animée dans la salle de rédaction du journal, le directeur du Matin s’est installé dans un bureau aménagé pour la circonstance afin de procéder à la dédicace du livre, officieusement interdit.
En dépit des rumeurs faisant état de la présence des policiers en civil autour de la maison de la presse, les citoyens continuaient à affluer, bravant la répression, pour s’acheter l’écrit qui “fait trembler le clan présidentiel�. Mohamed Benchicou, entouré d’une foule impressionnante, nous confiera qu’il a entendu dire que des flics circulent à l’intérieur de la maison de la presse. L’un derrière l’autre, les citoyens attendent, chacun son tour, pour une dédicace.
Le commandant Azzeddine, qui venait de l’acquérir, nous fait part de ses impressions, suite aux dernières déclarations de Zerhouni : “Je remercie Bouteflika et Zerhouni d’avoir fait la promotion du livre de Benchicou. Ces derniers ont réveillé la curiosité des Algériens pour le lire. Le fait que le clan présidentiel panique, cela veut dire que l’ouvrage révèle des choses vraies�. Et à Bererhi de le relayer pour dire : “Le bouquin sort à point nommé, puisqu’ il met à nu la personnalité de Bouteflika et les méthodes totalitaires du clan présidentiel. C’est un élément d’information objectif pour faire toucher du doigt ceux qui avaient encore des doutes du danger de Bouteflika.� Pour sa part, le président de Badil, Ali Rachedi, nous prend à témoin pour clamer que : “Je suis venu témoigner et exprimer mon soutien à Mohamed Benchicou. La censure est inacceptable. La Constitution interdit d’ailleurs la censure. S’il y a vraiment diffamation, c’est à la justice de faire son travail�. Rahabi, Sofiane Djillali, Hachemi Cherif, les directeurs de journaux et les confrères étaient également au rendez-vous Le RCD, dans un communiqué transmis à la rédaction, s’insurge contre “l’acharnement du pouvoir à faire disparaître le livre Bouteflika, une imposture algérienne�.
“Un policier en civil m’a suivie, dès ma sortie du journal jusqu’au rond-point de la place du 1er-Mai, puis il m’a demandé de lui remettre le livre. Comme j’ai refusé, ce dernier m’a conduit au commissariat du 8e arrondissement où un procès-verbal a été établi�, raconte Mme Fatouma Ouzeguène. Et de poursuivre encore : “Je suis revenue acheter six autres livres�.
R. H. et N. A.