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Les Japonais envahis par le doute
Malgré une formidable prospérité
Publié dans Liberté le 24 - 11 - 2002

Il est vrai que lorsqu'un pays qui enregistrait, des années durant, des taux de croissance fulgurants se retrouve pendant toute une décennie dans une position où il espère atteindre un taux de 0 %, il y a, sans aucun doute, péril en la demeure.
“Il y a une peur de l'avenir. Les Japonais sont de plus en plus pessimistes et craignent de ne pas pouvoir trouver la porte de sortie à la crise. Vous devez nous aider”. Les journalistes africains invités au Japon par le Foreign Press center qui entendaient ces propos prononcés par M. Ishizuki ne savaient s'il fallait en rire ou en pleurer… Certes, il y a tellement de choses à dire sur la situation économique actuelle du Japon, mais cet appel à l'aide en valait-il vraiment la peine, surtout quand il s'adresse à des représentants de pays dont les économies sont loin, très loin même du niveau de celle du pays du Soleil Levant ?
Cette situation est révélatrice d'au moins une chose : les Japonais sont envahis par le doute face aux grincements que connaît leur machine économique, habituée pendant des décennies à un essor qui la maintenait à des niveaux incroyables. “Les Japonais pensaient que la prospérité ne pouvait connaître de fin, aujourd'hui ils ont peur que leur pays connaisse une crise économique comme celle de 1929 aux Etats-Unis et ils ont peur qu'une telle stagnation provoque un déclin économique”. Les propos de M. Ishizuki sont graves, mais ils ont le mérite de révéler ce terrible doute.
Mais qu'est-ce qui empêcherait un géant économique comme le Japon de se débarrasser de cette crise et de décoller de nouveau ? Et quelle est, en fait, la nature de cette crise ? Y a-t-il des paramètres autres qu'économiques qui se mettent en obstacles devant une éventuelle relance ? Une réponse objective à toutes ces questions impose une analyse profonde de l'évolution de l'économie japonaise depuis la seconde guerre mondiale.
Cet événement planétaire qui constitue une période charnière dans l'histoire contemporaine du japon. De la seconde guerre mondiale, le Japon sortait vaincu et son économie a fait les frais de plusieurs années de bombardement. Les infrastructures ainsi que les installations industrielles ont été sérieusement touchées par les attaques des Alliés. “80 % des équipements avaient été détruits et la famine avait même commencé à s'installer chez nous”, nous révèle le Pr Rei Shiratori, directeur de l'institut japonais de la recherche politique. La présence de troupes américaines sur le sol japonais ne facilitait pas les choses. Le Japon avait perdu la chose la plus importante pour un Etat, à savoir sa souveraineté. Mais la défaite n'a pas créé un sentiment de fatalisme chez les Japonais qui se sont rapidement remis à la reconstruction de leur pays, sous le parapluie américain. “La période comprenant la décennie 46-55 et jusqu'à 1960 a été celle de la préparation à la relance de l'économie, qui a donné rapidement ses fruits, puisqu'elle a provoqué un essor incroyable des secteurs productifs”, explique M. Osamu Nariai, professeur d'économie internationale à l'université Reitaku. Bien sûr, ce décollage fulgurant de l'économie japonaise n'est pas le fruit du hasard. Une batterie de mesures avait été prise à cet effet par le gouvernement qui a été mis en place.
Ce dernier, convaincu de la nouvelle politique qui dictait l'éloignement des dépenses militaires faramineuses, décida de se tourner vers les investissements aux fins d'équipement et de production. Mais ce qui a le plus aidé l'économie japonaise à se relever c'est la politique monétaire et fiscale mise en place par l'exécutif, car côté ressources naturelles, le Japon en est complètement désarmé, donc dépendant majoritairement de l‘étranger pour l'approvisionnement de ses unités industrielles en matières premières. Les années soixante ont été celles de l'essor économique du Japon. Le produit local a fini par s'imposer sur la scène de la compétitivité internationale par sa qualité. Mais, un obstacle subsistait à un décollage parfait de l'économie, à savoir le taux de change du yen (fixé en 1949 à 1 dollar = 360 yens). Et c'est en 1971, que les autorités décident de lever ce verrou, pour faire du yen une monnaie flexible n'obéissant qu'aux fluctuations du marché. L'autre événement qui a influé sur l'économie japonaise au cours de cette période a été la crise pétrolière. Le Japon a été violemment secoué, car 80 % de ses besoins en énergie sont importés. Mais, après le règlement de ce conflit, le japon a repris sa courbe ascendante pour atteindre dans les années 80 ce qui est appelé “l'économie de bulle”, marquée par un boom sans précédent de l'industrie, induisant de profonds changements au sein de la société, en raison de la prospérité qu'il a provoquée. Le pays n'avait auparavant jamais connu une telle période d'expansion économique formidable. En décembre 1989, l'indice Nikkei avait atteint les 39 000 points, un niveau jamais égalé. Mais, au début des années 90, plus précisément en 1991, la bulle s'est “dégonflée”, laissant place à une période de stagnation économique qui a semé le doute dans le cœur des Japonais. L'indice Nikkei frôle aujourd'hui le niveau des 8 000 points, et la croissance a baissé au-dessous de zéro, de même que le chômage qui, de 1 à 2 % pendant la période d'essor économique atteint les 5,4 % actuellement. Cependant, la problématique qui se pose aujourd'hui pour le gouvernement japonais réside dans la manière de régler la crise financière née de l'impossibilité pour beaucoup d'entreprises de payer leurs dettes contractées dans les années fastes. Une situation qui s'est répercutée sur les banques qui se retrouvent en difficulté puisqu'elles n'arrivent pas à récupérer leurs créances. Mais comment est né ce problème ?
Dans les années de stabilité économique, beaucoup d'entreprises et de particuliers demandeurs de crédits auprès des banques primaires japonaises présentaient comme hypothèques des terrains situés dans Tokyo. Mais comme le prix du foncier avait atteint à l'époque des niveaux exorbitants, les banques ne trouvaient aucun inconvénient à distribuer des prêts faramineux.
Mais, lorsque le prix du foncier entamait sa descente en enfer, après l'échec des réformes visant la fiscalité et le système monétaire, les banques japonaises entraient en crise puisque les garanties qui ont été prises sous formes de lots de terrain ne servent désormais plus à rien et, par conséquent, elles ne peuvent rembourser les prêts qui leur étaient accordés par la Banque centrale japonaise. “C'est ce qu'on appelle une situation de déflation”, explique le Pr Nariai. Les banques, ne pouvant récupérer leurs argents investis, se trouvent en panne de trésorerie. Ce qui signifie tout simplement la mort pour un établissement financier.
La crise née au début des années 90 a dévoilé, d'après M. Ishizuki, les carences de l'économie japonaise qui se résument au suréquipement, à la pléthore des effectifs et au surendettement. “Quand la prospérité dure très longtemps, les gens perdent le sens des réalités”, se permet de plaisanter M. Ishizuki. Une de ces réalités douloureuses, pour notre interlocuteur, réside dans l'arrivée des produits chinois qui concurrencent sérieusement les produits locaux, car la Chine bénéficie d'une main-d'œuvre beaucoup moins chère que celle active au japon.
Ce qui se répercute indéniablement sur le prix du produit. Par conséquent, on assiste à un phénomène qui fait craindre le pire pour les Japonais : la délocalisation des entreprises japonaises qui partent s'installer en Chine. Mais il faut dire que ce qui commence à inquiéter aujourd'hui les Japonais c'est cette stagnation qui ne cesse de s'étaler dans le temps.
L'exécutif japonais est intervenu une première fois en injectant des sommes colossales (8 000 milliards de yens) pour sauver, d'un côté, le secteur bancaire en payant les dettes de ces établissements auprès de la Banque centrale et, de l'autre, les entreprises en difficulté en investissant dans les travaux publics. Mais cette mesure est loin d'avoir apporté ses fruits. Et pour refaire ce “coup”, il faudra, selon le Pr Nariai, “d'abord convaincre les contribuables du bien-fondé d'une telle démarche”. Le Pr Nariai préconise d'abord une politique fiscale propre et ce, pour atténuer le choc d'un tel traitement. Les banques doivent également jouer le jeu en éliminant de leurs tablettes des clients les entreprises et les secteurs non rentables. La restructuration des entreprises doit ensuite intervenir pour débarrasser le champ économique des sociétés non compétitives. Cette démarche de restructuration doit, selon le Pr Nariai, prendre en charge les cas de ces entreprises divisées en trois groupes. Il s'agit primo : des grandes sociétés performantes, à l'image de Toyota, Sony… pour lesquelles il faut une politique propre qui prend en compte leur spécificité. Secundo : des entreprises qui doivent être restructurées de manière à arriver dans une deuxième étape à les propulser vers la première catégorie.
Tertio : il s'agit des entreprises qui sont loin d'être compétitives et qu'il s'agit tout simplement de mettre en faillite. La majorité des entreprises de cette dernière catégorie est issue du secteur du bâtiment.
Et qu'est-ce qui empêche le gouvernement japonais de mettre en œuvre ce genre de réformes à même de relancer l'économie ? C'est, en fait, là où se trouve la véritable fourmilière.
H. S.


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