Venezuela : “Allô Président !� contre l'opposition

Vu de près

Face à l'opposition qui réclame un référendum pour le chasser “légalement� du pouvoir, le président vénézuélien, Hugo Chavez, utilise la télévision publique qui, outre ses activités courantes et protocolaires, diffuse chaque dimanche son programme “Allô Président !� Qu'il anime en personne, dans un vaste studio en présence de nombreux invités. Un auditoire généralement composé de Vénézuéliens “d'en bas, qui n'ont d’yeux que pour lui et, pour qui, si les choses n'avancent pas comme Chavez l'avait promis, la faute incombe à l'opposition. L'émission, qui à ses débuts avait fait un tabac, est aujourd'hui contrebalancée par un programme présenté en écho par l'une des chaînes privées, Globovision, intitulée “Allô citoyen !�. L'émission tourne le pouvoir en dérision et les invités sont de l'opposition. Chavez use et abuse des médias publics et, de leur côté, les médias privés ont fait de lui l'homme à abattre. La crise que vit le Venezuela s'est traduite par une véritable guerre des images et des mots. Les quatre principales télés privées, acquises à la cause de l'opposition qui réclame un référendum pour chasser du pouvoir le Président (accusé par les plus radicaux de vouloir imposer au Venezuela un “nouveau Cuba�), sont surnommées par Chavez “les quatre chevaliers de l'Apocalypse !� Le contraste est flagrant entre la télé officielle Venezolana de Télévision et les chaînes privées. Ces dernières diffusent en boucle les images les plus violentes des manifestations anti-chavistes, mettant l'accent sur la répression par des forces de l'ordre au service d'un pouvoir populiste et autoritaire. En revanche, la chaîne officielle ne montre qu'un Caracas où la vie continue paisiblement avec des habitants vacant à leurs préoccupations, mais pour qui les manifestants anti-Chavez sont des fascistes agressant la Garde nationale qui accomplit son devoir de maintien de l'ordre. Le vrai peuple, selon Venezolana de Télévision, ce sont les manifestants qui défilent en faveur de Chavez. Par ailleurs, le pouvoir accuse les médias privés de fomenter la violence en ne montrant que des situations de chaos et d’anarchie. Dans cette guerre d'images, de mots et de propagande, les journalistes vénézuéliens sont souvent la cible d'agressions. Ce qui a été relevé par l'Ong Reporters sans frontières (RSF). La presse privée, étant devenue le fer de lance de l'opposition, ses journalistes se sont retrouvés en première ligne. Ils sont, depuis le coup d'Etat avorté d'avril 2002, les cibles privilégiées des partisans de Chavez qui les accusent de faire du marketing de la campagne de recueil des 2,5 millions de signatures nécessaires pour engager le référendum sur l'avenir du Président. L'opposition a encore jusqu'au 22 mars pour compléter le quota de signatures. Selon le conseil électoral vénézuélien, il reste encore un tiers pour engager la procédure.
D. B.