Réactions de partis et de candidats

Des responsables de partis politiques engagés dans l’élection présidentielle du 8 avril et des directeurs de campagne de candidats à ce scrutin se prononcent sur les déclarations du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Mohamed Lamari, à propos de la neutralité de l’armée vis-à -vis de ce scrutin.
Djamel Ferdjellah, directeur de campagne du candidat Saïd Sadi
“La soumission de l’armée est une intox du cercle présidentiel�
“Nous avons eu l’occasion de dire notre commentaire là -dessus. L’institution militaire a parlé, dès le début, de sa neutralité par rapport à cette élection. Nous saluons cette position et nous la considérons comme une importante avancée de la démocratie dans notre pays. Par contre, ce que nous exigeons, c’est que les autres institutions en fassent de même. Les spéculations du cercle présidentiel sur une soumission de l’armée relève d’une intox intolérable. En ce qui nous concerne, nous nous déterminons en fonction de nos convictions et non en fonction de la position de telle ou telle institution. Il s’agit de libérer l’Algérie des clientèles maffieuses qui polluent la vie publique et qui coûtent cher au pays. En tout état de cause, nous nous opposerons à Bouteflika jusqu’à notre dernière énergie et cette élection est peut-être une bonne occasion pour réhabiliter l’Algérie telle qu’elle a été voulue par nos aînés dans l’esprit de la déclaration du 1er-novembre et du congrès de la Soummam.�
Abdelkader Sallat, directeur de campagne du candidat Ali Benflis
“Nous appelons les autres institutions à suivre l’exemple de l’armée�
“Lamari confirme la position déjà exprimée par l’institution, à savoir que l’ANP se consacre à ses missions constitutionnelles. Depuis le congrès extraordinaire de notre parti qui a plébiscité Ali Benflis candidat du FLN à l’élection présidentielle d’avril 2004, nous avons toujours salué cette position tout en appelant toutes les autres institutions à suivre cet exemple. Cette position de neutralité de l’armée constitue réellement un acquis pour la construction démocratique dans notre pays. Et nous avons exprimé notre appréhension de voir cette neutralité salutaire de l’armée en une occasion offerte au président- candidat de confisquer la volonté populaire.�
Propos recueillis par NADIA MELLAL
Lakhdar Benkhellaf, secrétaire national chargé de l’organique du MRN
“Nous voulons une neutralité positive�
“Nous avons bien accueilli la première déclaration du général, chef de corps d’armée, Mohamed Lamari qui a affirmé la neutralité de l’institution militaire vis-à -vis de la prochaine élection présidentielle, mais devant les dépassements et le parti pris de l’administration pour le Président-candidat, nous avons posé des questions sur cette neutralité.
La réalité est que l’administration n’est pas neutre, le ministre de l’Intérieur, Nouredine Zerhouni, est tout simplement le président de campagne du candidat Bouteflika. Ce membre du gouvernement, qui ne cache même pas son parti pris, avait déclaré qu’il votera pour Bouteflika et il ne prononcera que son nom le 9 avril prochain.
Par ailleurs, cette administration prouve, depuis le début de la révision des listes électorales, en passant par la collecte des signatures et la validation des candidatures, qu’elle travaille pour le Président-candidat.
La neutralité de l’administration n’est qu’un voeu pieux. C’est pour cela que l’institution militaire ne doit pas se limiter aux professions de foi mais elle doit observer une neutralité positive à travers la protection des agents de l’administration et de ses cadres qui subissent une terrible pression�.
M. Darkaoui (responsable à l’organique de Ahd 54, parti du candidat Ali Faouzi Rebaïne)
“Nous ne croyons pas à la neutralité de l’armée�
“On ne croit pas ces gens-là , ils disent des choses et sur le terrain, ils font le contraire. C’est le cas de l’élection présidentielle d’avril 1999 où ils avaient dit qu’ils étaient neutres mais avec le temps, ils ont fini par admettre que Bouteflika était bel et bien leur candidat.
Telle est la triste réalité. Maintenant, s’ils veulent faire de la politique, ils n’ont qu’à enlever leur casquette�.
Propos recueillis par Saïd Rabia