Elle est la seule candidate femme en course et se représente pour la troisième fois de rang : Louisa Hanoune, responsable du PT, est sans aucun doute une candidate atypique. Elle est la seule femme, en effet, à briguer la magistrature suprême dans un pays "arabe". Qu'elle suscite de l'admiration ou de l'aversion, elle ne laisse personne indifférent. A fortiori, dans une société qui peine à se défaire de pesanteurs du conservatisme et misogyne sur les bords. À 60 ans, Mme Hanoune entend, si elle venait à être élue au soir du 17 avril prochain, instaurer une "deuxième république". Durant toute la campagne électorale qui l'a menée dans plusieurs villes du pays, Mme Hanoune n'a pas cessé de répéter que le prochain scrutin est "décisif" pour la nation. Non seulement pour les changements profonds auxquels la situation appelle, mais aussi par les menaces extérieures qui pèsent sur le pays. Dans tous ses meetings, et même toutes ses sorties, un axe principal domine son discours : l'ingérence étrangère. Pêle-mêle, elle dénonce les grandes puissances occidentales, certaines ONG qui instrumentalisent des jeunes pour des actions subversives, les multinationales et l'argent sale qui a pollué la campagne. "Des parties planifient pour faire imploser la région de Ghardaïa et le pays tout entier. Nous ne permettrons pas à des aventuriers qui, à travers notamment leurs activités sur les réseaux sociaux, de mettre en œuvre une stratégie machiavélique afin déstructurer la société et détruire le pays", répétait-elle samedi à Alger. À Ouargla où son dernier meeting a été chahuté et perturbé par un groupe de jeunes, Louisa Hanoune a estimé que "l'agissement de ce groupe de jeunes la confortait dans ses propos selon lesquels l'Algérie pourrait sombrer dans l'anarchie et le désordre, fruit d'un complot machiavélique et savamment préparé par des organisations voulant la déstabilisation du pays". "Ces pratiques traduisent le délitement, la voyouterie politique et la déliquescence que connaît l'Algérie", a-t-elle lancé. Hostile à l'accord d'association avec l'Union européenne et au processus d'adhésion à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), tout comme le retrait de la Zone arabe de libre-échange (Zale), Louisa Hanoune plaide pour des élections législatives et locales anticipées et promet d'ouvrir un large et profond débat sur la Constitution. Elle se prononce également en faveur de l'impôt sur la fortune, l'institutionnalisation de tamazight et l'abrogation du code de la famille. Singularité de cette dame au talent d'oratrice établi : ses attaques répétées contre Ali Benflis qu'elle accuse de vouloir supprimer la règle 49/51 en guise de promesse au "pouvoir de l'argent" et son admiration pour le président Bouteflika qu'elle évite de critiquer même si elle lui arrive d'épingler ses réformes ou certains de ses ministres. Pour Louisa Hanoune, Bouteflika est prisonnier "d'un entourage pourri". L'une des rares, parmi les autres candidats, à évoquer la nécessité de la séparation de la religion de la politique, la "dame de fer" algérienne ne cache pas son optimisme d'arriver à El-Mouradia. Pour peu que la fraude ne soit pas au rendez-vous. K. K. Nom Adresse email