Alors que l'opération de relogement de 25 000 familles à Alger débutera demain Samedi, à Boumerdes une action en parallèle a déjà commencé. Une soixantaine de baraques se trouvant dans la commune d'Al Karma (ex-Figuier, wilaya de Boumerdes) ont été détruites hier jeudi devant la présence des autorités locales. Cette opération de démolition s'est déroulée avec la présence de dizaines de gendarmes (voir Dipao-Photo). Ces baraques illicites ont été construites il y a plus de 10 ans et leurs occupants devront bénéficier de locaux commerciaux au niveau de la commune et dans d'autres localités de la wilaya. Relogement en sermon L'opération de relogement à Alger ne laisse pas insensible, et pas seulement les bénéficiaires. La déclaration du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh , concernant la nécessité d'impliquer les imams dénote les appréhensions suscitées : "Nous avons demandé au ministère des Affaires religieuses que les prêches du vendredi soient consacrés à cette question en disant aux citoyens qu'ils seront tous relogés mais pas le même jour". Réagissant à cette sortie du premier responsable de la capitale, un lecteur, Y.L, a envoyé ce texte à la Rédaction WEB de « Liberté pour exprimer sa désapprobation : « A propos de la crise du logement, cette extraordinaire sortie du Wali d'Alger, (...) qui aurait déclaré (...) « Nous avons demandé au ministère des Affaires religieuses que les prêches du vendredi soient consacrés à cette question en disant aux citoyens qu'ils seront tous relogés mais pas le même jour ». Parce que le problème est là ! Tout le monde veut être logé le même jour, et même à la même heure. Haka (comme ça, ndlr) ! (...) Et pour cela, on fait appel à la sagesse de nos imams salariés pour raisonner les citoyens et les faire patienter ! Ce type de déclaration d'un Ô responsable démontre le faussé qui sépare le citoyen algérien de ses autorités politiques. Vendredi prochain donc, on pourra imaginer le prêche de l'Imam de Taougrite, déclarant à ses fidèles « Ya Khaouti (mes frères, ndlr), tout le monde sera logé. Ce n'est qu'une question de temps. Mais SVP, djazakoum Allah Kheiran (que dieu vous le rende, ndlr), n'exigez pas d'être logés le même jour. L'Etat ne pourra le faire ! » Hada Makane (c'est tout, ndlr) ! Dans un pays qui se respecte, ce type de déclaration aurait valu à son auteur à minima un rappel à l'ordre, voire même sa démission. Dans le flot d'informations que l'on subit, surtout avec ce Mondial qui occupe les « masses populaires » au moins jusqu'au 26 juin, nous manquerons toujours de mots pour caractériser cette ubuesque situation d'un pays riche et pauvre à la fois : - riche de par sa rente énergétique, de la faiblesse de sa dette extérieure – moins de 2 % du PIB- , de ses réserves de change évaluées par les économistes à plus de 200 milliards de $ US, couvant ainsi 3 ans d'importation (contre 4 mois pour le Maroc, pays voisin) ; - pauvre par la gestion catastrophique de cette rente divine dont on commence à mesurer les effets, par sa dépendance alimentaire – 60 % de nos céréales et produits laitiers, la totalité de l'huile et du sucre sont importés – mais pauvre surtout par le mépris affiché pour celles et ceux qui auraient pu apporter leur contribution concrète à la résolution des problèmes économiques, sociaux et culturels du pays. (...) Comme le rappelle A. Heraou dans son excellente thèse de Magister en 2012 « Aussi loin que l'on puisse remonter dans l'histoire de l'humanité, on relève que les efforts déployés par les hommes ont longtemps été dirigés vers la satisfaction de deux besoins fondamentaux : se nourrir et s'abriter. Ainsi donc, immédiatement après la nourriture apparaît l'autre préoccupation essentielle de l'être humain : la nécessite d'avoir un toit pour s'y abriter. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la déclaration universelle des droits de l'homme a reconnu en 1948 le droit de chaque individu à disposer d'un logement décent ». On en est loin ! Faire appel aux imams pour raisonner le peuple est une imposture inacceptable. L'Islam ne disposant pas de clergé, les représentants de l'Etat en profitent pour dicter à nos imams les messages à transmettre. Dans le même temps, le Touring Club d'Algérie affiche fièrement son exploit d'avoir écoulé 500 séjours, à 4000 euros pièce, au Brésil, pour la Coupe du monde de football en moins de 10 jours ! On a même dépêché un Imam spécialement pour assister les joueurs et diriger leurs prières, qui pour le moment du moins, n'ont pas encore été entendues. Problème de connexion paraît-il... Ainsi va l'Algérie ! L'Algérie des inégalités. L'Algérie des paradoxes. L'Algérie incertaine ! ». Rédaction WEB/LIBERTE Nom Adresse email