Les deux pays se réjouissent d'un nouveau chapitre ouvert par leurs ministres des Affaires étrangères respectifs à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Il s'agit du premier entretien à ce niveau entre ces deux puissances régionales rivales depuis l'élection en juin 2013 du président iranien Hassan Rohani, présenté comme un modéré. L'Iran, puissance chiite, et l'Arabie Saoudite, royaume wahhabite abritant les principaux lieux saints de l'islam, se livrent une lutte d'influence sur la plupart des théâtres de conflit ou de crise à travers le Moyen-Orient. Un grand arc s'étirant du Liban au Yémen et à Bahreïn, en passant par l'Irak et la Syrie. A l'issue de cette rencontre, le ministre iranien Mohammad Javad Zarif a déclaré que cet entretien pourrait conduire à une "amélioration" des relations entre les deux pays. "Mon homologue saoudien et moi-même pensons que cette rencontre sera la première page d'un nouveau chapitre dans les relations entre nos deux pays", a-t-il déclaré, persuadé que Riyad et Téhéran sont désormais assez proches et que leur normalisation sera efficace pour l'instauration d'une paix et d'une sécurité régionales et mondiales et préservera les intérêts des pays musulmans à travers le monde. Son homologue saoudien, le prince Saoud al-Fayçal, a fait une allusion à l'offensive en Irak et en Syrie des djihadistes et à la contre-offensive de la coalition internationale antiterroriste à laquelle prennent part une dizaine de pays arabes, dont l'Arabie Saoudite, "gardien" des principaux lieux saints de l'islam. "Nous sommes conscients de l'importance et du caractère sensible de cette crise et de l'opportunité qui se présente à nous. Nous pensons qu'en saisissant cette opportunité précieuse et en évitant les erreurs du passé, nous pouvons traiter cette crise avec succès", et d'ajouter : "L'Iran et l'Arabie Saoudite sont influents dans la région, et une coopération entre eux aura des effets évidents sur l'instauration d'une sécurité régionale et mondiale." Au-delà de la langue diplomatique, les déclarations des deux ministres ouvrent en effet de nombreuses perspectives dans la région, la normalisation de leurs pays étant considérée comme le passage obligé à tout retour de stabilité au Moyen et Proche-Orient, par effet concentrique, sur l'ensemble de la scène islamique. Le président iranien Hassan Rohani a de son côté affirmé que son pays représentait "le socle de stabilité" au Moyen-Orient et a lié les troubles actuels de la région à un "complot des grandes puissances". L'Iran est le socle de stabilité dans cette région sensible du Moyen-Orient qui est aujourd'hui dominée par les troubles, l'insécurité, les massacres et l'effroi, a affirmé Rohani lors de son discours commémorant le 34e anniversaire du début de la guerre Iran-Irak. Les peuples de la région résistent et résisteront face aux terroristes, a-t-il ajouté, assurant que les forces armées et le gouvernement de la République islamique les aideront partout. Rohani s'exprimait avant son départ pour New York, où il doit prononcer ce jeudi un discours à l'Assemblée générale de l'ONU. Peut-être que cette fois-ci, la rencontre Obama-Rohani aura lieu. Le contexte régional et mondial s'y prête.