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"QUERELLE AUTOUR D'UN PETIT COCHON ITALIANISSIME À SAN SALVARIO", DE AMARA LAKHOUS
Choc des cultures à l'italienne
Publié dans Liberté le 26 - 10 - 2014

L'écrivain algérien italophone continue d'explorer le rapport à l'Autre, dans un contexte cosmopolite. Dans son dernier-né, il s'intéresse à un journaliste qui se retrouve à la fois médiateur dans une affaire de quartier et la nouvelle coqueluche de son journal pour un scoop de première importance.
"Un petit cochon piémontais, italien, et même italianissime comme Gino, devient le symbole, le porte-drapeau, l'étendard pour la sauvegarde de notre italianité. (...)On pourrait ajouter à la liste des critères pour obtenir la citoyenneté l'épreuve du cochon. Peut-être sera-t-elle plus décisive que l'examen d'italien", constate Enzo Laganà, personnage central et narrateur de Querelle autour d'un petit cochon italianissime à San Salvario, troisième roman en italien de l'écrivain algérien Amara Lakhous, publié en Algérie aux éditions Barzakh. Mais comment Gino le cochon est-il devenu un marqueur identitaire ?
Nous sommes en 2006 dans le roman, et cette histoire commence lorsqu'une vidéo circule sur le net, montrant Gino le cochon déambulant dans la mosquée du quartier San Salvario, dans la ville de Turin. Les fidèles de la mosquée considèrent cet acte comme une offense et demandent à récupérer Gino afin qu'il serve d'exemple ; une association de quartier de tendance nationaliste exige également qu'il leur soit "restitué" pour en faire un symbole d'une sorte d'italianité pure ; des défenseurs de la cause animale appellent à ce que le petit cochon soit mis en sécurité, et surtout loin de son propriétaire, Joseph, un émigré nigérian, qui refuse de le "livrer". Pour trouver une solution, les habitants du quartier font appelle à un médiateur : Enzo Laganà, journaliste d'origine Calabraise, célibataire endurci qui collectionne les aventures et fervent supporteur de la Juventus de Turin. En plus de cette mission épineuse de laquelle dépendent la paix et l'harmonie du quartier San Salvario, Enzo doit enquêter sur l'assassinat de quatre Albanais. Ne disposant d'aucune piste, le journaliste n'est pourtant pas à court d'idées : il invente des preuves, des faits et même des sources. Piégé par le succès de ses articles et de ses scoops, Enzo est propulsé au devant de la scène. Pris dans un engrenage, il ne peut plus faire machine arrière, d'autant que son rédacteur en chef et le directeur du journal osent la comparaison avec le scandale du Watergate, et parlent même d'une troisième guerre de la mafia, avec pour acteurs cette fois-ci les Albanais et les Roumains. Ces deux intrigues qui se superposent (l'affaire du cochon et la guerre de la mafia), et qui ont comme lien le personnage d'Enzo Laganà, permettent à Amara Lakhous de continuer d'explorer le vaste champ de la mémoire, de l'identité, et d'interroger des problématiques si chères à notre époque, comme celle de l'intégration. L'Autre, dans ce dernier texte, est rejeté parce qu'il n'est pas bien né, parce qu'il n'est pas né dans le nord ! L'auteur rappelle le rejet autrefois des habitants du sud de l'Italie par ceux du nord ; et le rejet aujourd'hui de ceux qui viennent du sud du sud de l'Italie, c'est-à-dire d'ailleurs. Les préjugés et ce refus de l'Autre, et comme cela transparaît dans le roman et notamment à travers l'histoire du petit cochon que tout le monde se dispute, sont le résultat d'une méconnaissance de l'Autre, parce que, sans doute, les sociétés et les mentalités évoluent plus lentement que les concepts. Avant de parler d'intégration, il faudrait, peut-être, intégrer l'idée qu'on ne peut se départir ni de sa mémoire ni de son identité. Car "quand on naît rond, on ne meurt pas carré". Amara Lakhous détourne également le genre du roman noir et celui de la comédie à l'italienne pour produire un texte qui approfondit la question de la mémoire des lieux –lui dont les titres de romans comportent toujours le nom d'un lieu (Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, Divorce à la musulmane à Viale Marconi)–, tout en esquissant une réflexions sur le métier de journaliste et sur ses désillusions. Querelle autour d'un petit cochon italianissime à San Salvario, dont l'action est située dans un quartier multiethnique et cosmopolite, parangon d'une Europe qui s'agrandit (le présent dans le roman est le courant de l'année 2006, à la veille de l'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne), est aussi un roman drôle et passionnant, qui tient en haleine son lecteur, avec une écriture efficace et une galerie de personnages hauts en couleur.
Sara Kharfi


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