Les hautes protections dont jouissent ces réseaux expliquent l'inflation d'affaires étouffées, la récurrence des scandales dans nos ports et un phénomène persistant de grande prédation des richesses du pays risquant de poser tôt ou tard un problème de sécurité à l'échelle internationale. Le dernier bilan sur les pratiques commerciales renseigne sur l'étendue de la fraude en Algérie. Il ne révèle pourtant qu'une partie infime de l'hémorragie causée chaque année au Trésor par la concurrence déloyale des ventes sans facture. Les pratiques commerciales illégales ne se limitent malheureusement pas aux transactions sans documents. L'économie nationale reste minée par la contrefaçon, les importations massives sans déclarations, les surfacturations et les exportations clandestines, voire frauduleuses. À tel point que de telles tendances risquent d'être le principal facteur dissuasif à l'investissement étranger en Algérie. En fait, le laisser-faire des pouvoirs publics est à l'origine d'une criminalité économique en forte progression. À l'économie de bazar se substitue de plus en plus une économie de l'argent sale. Les scandales Khalifa, des déchets ferreux et non-ferreux, du Ckd-Skd, des minorations de valeur dénotent les faiblesses de notre arsenal répressif. Les complicités impunies des officiers de contrôle mis en cause, la corruption au grand jour, la perméabilité des frontières, les lenteurs de la justice, les insuffisances de la coordination intersectorielle, du renseignement sont autant de défaillances qui ont encouragé, ces dernières années, des transferts énormes de capitaux à l'étranger. Dans l'illégalité. Transformés en particulier en biens hôteliers en France et en Espagne. Il a fallu les événements du 11 septembre pour que l'Algérie s'inquiète du phénomène de blanchiment et de transferts illicites de capitaux. Les hautes protections dont jouissent ces réseaux expliquent l'inflation d'affaires étouffées, la récurrence des scandales dans nos ports et un phénomène persistant de grande prédation des richesses du pays risquant de poser tôt ou tard un problème de sécurité à l'échelle internationale. Sur ce point, si l'accord d'association avec l'Union européenne exerce à bon escient des pressions sur l'Algérie pour qu'elle assainisse son marché et lutte contre la corruption, il n'est pas exclu que nos gouvernants tentent de “flouer” la Commission européenne sur les progrès sur ces questions. À moins que leurs préoccupations soient désormais de réduire véritablement la période de transition vers un Etat de droit. K. R.