Le représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Bernardino Leon, a exhorté hier toutes les parties en conflit à mettre fin immédiatement aux combats qui se déroulent dans diverses régions du pays. Dans un rapport de l'Unsmil rendu public hier à Genève, M. Leon a lancé un appel à "tous les dirigeants politiques et militaires libyens à s'engager, d'urgence, dans un véritable dialogue politique pour faire sortir la Libye de son actuelle crise". Dans le même contexte, le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al-Hussein, a, pour sa part, mis en garde toutes les parties impliquées dans les combats, qu'elles sont pénalement responsables des graves violations des droits humains internationaux et du droit international humanitaire, y compris devant la Cour pénale internationale qui enquête sur la situation en Libye. Cet appel survient alors que les combats font encore rage depuis trois mois dans plusieurs villes de l'est, de l'ouest et du sud de la Libye. Seize personnes ont été tuées ainsi, lundi, dans des affrontements entre forces pro-gouvernementales et milices islamistes dans les villes de Benghazi et Derna, dans l'est de la Libye, suite à l'offensive des forces loyales au général à la retraite Khalifa Haftar et à Abdallah al-Theni, pour reconquérir les villes échappant au contrôle de l'Etat. Dans ce cadre, un bilan des affrontements ayant eu lieu ces trois mois, dressé par la mission de l'ONU, en évalue les pertes humaines à une centaine de morts, en faisant état de déplacements de masse et des conditions humanitaires désastreuses pour les populations qui ont été prises au piège dans les zones de conflit. Un nouveau rapport des droits de l'homme de l'ONU publié hier, conjointement par la Mission des Nations unies de soutien en Libye (Unsmil) et le Bureau des Nations unies pour les droits de l'homme, en effet, indique que de graves abus et violations du droit international dans diverses parties du pays du pays ont eu lieu, suite à des bombardements aveugles de zones d'habitations, enlèvements de civils, torture et exécutions, ainsi que la destruction délibérée de biens. Dans l'ouest de la Libye, dans le domaine de Warshafana, les combats entre groupes armés rivaux ont fait 100 morts et 500 blessés entre fin août et début octobre, provoquant en outre une crise humanitaire, avec au moins 120 000 personnes contraintes de fuir leurs maisons et de graves pénuries de nourriture et de fournitures médicales. Des centaines de maisons, de fermes et d'autres entreprises ont également été détruites. Les combats dans les montagnes de Nafusa, en bordure Warshafana, ont également entraîné la mort de 170 personnes. A Benghazi, depuis que les combats se sont intensifiés à la mi-octobre, 450 personnes auraient été tuées. "Des dizaines de civils ont été enlevés", indique le rapport de l'Unsmil, qui a également fait état de torture et de mauvais traitement des détenus, ajoutant à cela que plus de 15 000 familles – environ 90 000 personnes – ont été déplacées de Benghazi. A. R.