Assurées du soutien de la communauté internationale, particulièrement ceux d'Alger et de Paris, les autorités maliennes se montrent intransigeantes face à la Coordination des mouvements de l'Azawad. L'option de l'isolement des éléments réfractaires à la signature finale de l'Accord de paix au Mali, au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), se précise de plus en plus. Avec la multiplication des sorties publiques des parties impliquées dans le dialogue intermalien, que ce soit du côté de la médiation internationale ou du côté des autorités de Bamako, les mouvements du nord sont mis ouvertement en demeure pour apposer leur signature, au risque de subir les sanctions brandies par l'ONU. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, s'est attaqué de front à une partie des représentants de la CMA, qu'il accuse de chercher la partition du Mali. "Dans la CMA, beaucoup veulent signer. Mais il y a un groupe de personnes que je considère comme étant des radicaux", a-t-il accusé, ajoutant que "pour cette aile radicale, le bon accord est celui qui concrétise la partition du pays", lit-on sur le site de Jeune Afrique. Abdoulaye Diop s'est interdit de nommer les représentants opposés à la conclusion dudit accord de paix, "en son état actuel", indiquant, toutefois, qu'il s'agissait de "ceux qui étaient récemment à Alger". Une délégation de la CMA est venue à Alger, le 15 avril, mais les discussions se sont achevées sur un cuisant échec, la médiation internationale ayant refusé d'intégrer les recommandations remises par les mouvements du Nord-Mali aux représentants de la Mission onusienne (Minusma), en date du 17 mars à Kidal. L'entretien du ministre malien des Affaires étrangères au magazine Jeune Afrique est intervenu parallèlement à la conférence de presse qu'il a animée à la fin de la semaine écoulée. Abdoulaye Diop a abondé dans le même sens que son homologue algérien, Ramtane Lamamra, en se montrant plus ferme. Abdoulaye Diop a déclaré que l'Accord de paix sera signé le 15 mai à Bamako, comme l'a annoncé le ministre des Affaires étrangères algérien. La signature aura lieu, avec ou sans la CMA, a insisté M. Diop. Le Premier ministre malien, Modibo Keïta, s'est également montré sans concession envers la CMA qui devrait rendre sa décision finale le 30 avril. "La position du gouvernement est claire, l'étape des discussions est terminée et l'accord de paix et la réconciliation au Mali sera signé le 15 mai prochain à Bamako en présence de la Médiation et de la communauté internationale, avec ou sans la Coordination des mouvements de l'Azawad", a tranché le Premier ministre, lors d'une session ordinaire de la Primature (Conseil des ministres), tenue jeudi dernier. Tout en demeurant optimiste sur un éventuel changement dans la position de la CMA, la médiation internationale et Bamako jouent aussi la carte des menaces de sanctions. L'ONU avait déjà émis l'hypothèse d'un recours aux sanctions individuelles contre des membres de la CMA. C'est ce qui a laissé entendre l'existence de dissensions au sein de cette coordination, dominée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). C'est surtout le MNLA qui est visé par ces menaces, car il est l'un des porteurs des revendications indépendantistes au sein de la CMA, avant d'y renoncer sous la pression de la communauté internationale, à la veille du lancement du dialogue intermalien d'Alger, le 14 juillet 2014. Lyès Menacer