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"C'était une situation de pillage national"
Audition du liquidateur de Khalifa Bank, Moncef Badsi
Publié dans Liberté le 06 - 06 - 2015

C'est un bilan provisoire de la liquidation de Khalifa Bank, non encore achevée au bout de plus de douze ans d'investigations, qu'a présenté, jeudi, Moncef Badsi devant le tribunal criminel près la cour de Blida. Selon lui, Khalifa Bank présentait une dette cumulée de 110 milliards de dinars. Il a pu récupérer des créanciers environ 10 milliards de dinars. Tous les biens du groupe à l'étranger sont hors de cette comptabilité. Badsi se lance le défi de clôturer l'ensemble du processus de liquidation dans un délai de trois ans.
Le liquidateur, Moncef Badsi, commence par relater les circonstances de sa désignation. "Je suis commissaire aux comptes dans des entreprises publiques. J'étais en mission à l'intérieur du pays quand j'ai reçu un appel d'Alger me demandant de prendre en charge coûte que coûte cette mission. On m'a dit que dans l'intérêt du pays, je devais accepter. J'ai été installé le 29 mai 2003 dans une villa à Hydra. Le lendemain, l'administrateur provisoire de Khalifa Bank, Mohamed Djellab, m'a remis un dossier de passation de consignes. Je croyais à ce moment-là accomplir un devoir national. Je me suis mis à l'œuvre avec le sentiment d'être en face d'un désastre. J'ai commencé à agir pour limiter les dégâts. La mission était complexe." Moncef Badsi a déclaré que les bilans de toutes les filiales du groupe Khalifa, exception faite de Khalifa Airways, sont clôturés. Il prévoit aussi de terminer la liquidation de Khalifa Bank dans un délai de trois ans. "C'est un défi que je me suis fixé, car on est à bout de ressources et dans l'impossibilité d'en récupérer davantage."
"La phase précédant l'arrivée de l'administrateur a été extrêmement nuisible à Khalifa Bank"
"Il me semble que sa mission qui a été de courte durée consistait à faire un décryptage global pour adosser la décision soit de remettre à flots l'entreprise ou de sa liquidation. Djellab m'a laissé des éléments d'informations et je n'espérais pas avoir plus. Tout ce qui a été décidé était opportun. J'ai eu l'occasion d'en avoir la preuve durant les 12 ans de liquidation." Moncef Badsi a, pendant une bonne partie de son audition, tenté de justifier la longue durée de la liquidation de Khalifa Bank. Car il sait que le collectif de défense lui reproche particulièrement de ne pas avoir bouclé le processus de liquidation après tant d'années.
M. Badsi dit avoir entamé son travail de liquidateur par l'inventaire des dossiers et biens, suivi d'actions protectrices. "J'ai gardé de ce temps l'image d'un liquidateur entouré de 40 policiers s'adressant aux protestataires. Ce sont des spectacles qu'on n'oublie pas et qui ne facilitent pas la mission. Topographiquement, Khalifa Bank, c'étaient 70 agences souvent louées et ce sont les effectifs qui n'avaient encore quitté le site."
Le liquidateur lâche cette révélation : "Dans la phase d'attente, jusqu'à l'arrivée de l'administrateur provisoire, il a dû se passer beaucoup de choses dans la manipulation des documents. Il y a eu des opérations de pillage. Cette phase a été extrêmement nuisible à l'entreprise." Le liquidateur ajoute : "L'administration provisoire a eu une réaction énergique de normalisation. Il y a eu des actions d'inventaire. Les premières investigations ont eu lieu lorsque l'administrateur provisoire était en place. Ces investigations n'étaient pas nombreuses, mais elles ont constitué une orientation au liquidateur. Les archives de Khalifa Bank étaient éparpillées dans une villa ; il fallait tout ramasser et surtout procéder au reclassement des dossiers. La liquidation possède aujourd'hui un centre d'archivage d'un million cent documents et trente-trois millions d'écritures entre sièges."
Badsi affirme avoir hérité d'une comptabilité en mauvaise santé. "C'étaient des comptes ébranlés, démontés et inexpressifs du patrimoine et de l'activité. Un vrai cumul de comptes d'ordres qui polluent toute possibilité de faire l'analyse. Il fallait les traiter, décongestionner et les rendre habilités à exprimer la réalité. Il y avait des opérations contestables, voire douteuses. Comment voulez-vous dans ces conditions établir une comptabilité express quand tout un fragment d'opération vous échappe ? Il y avait des opérations omises et qui perturbaient la comptabilité. On a depuis 12 ans œuvré à réparer les dégâts."
"En 2002, et sur un montant de 127 milliards de dinars, les comptes d'ordre représentaient 100 milliards de dinars. Tous les comptes posaient problème, dont un était folklorique, c'est celui des EES. Sur 97 milliards de dinars, les EES représentent 66 milliards."
Plus de 3 millions d'écritures entre sièges dont 2 millions non débouclées
Le magistrat Antar Menouar lui demande de révéler ce qu'il sait sur les 11 écritures entre sièges de la caisse principale de Khalifa Bank. "La tentative de régularisation des 11 écritures entre sièges ne doit pas cacher des nombreuses opérations similaires. Il y avait une dette cumulée de 110 milliards de dinars et je n'ai pu ramasser des créanciers que 10 milliards de dinars. Cela veut dire que la banque Khalifa n'a jamais eu de ressources pour affronter ses obligations. Il y a eu 11 700 déclarations enregistrées et on a éliminé 2 700 déclarations de dette non fondées. L'insuffisance des actifs existait déjà en 2002."
Il indique que ce déficit trouve peut-être son sens dans tous les crédits accordés aux filiales de Khalifa Bank sans garanties. Badsi cite l'achat de la villa de Cannes, les stations de dessalement, les avions-taxis et l'agence allemande. Le juge relance le liquidateur sur les écritures entre sièges. "Les écritures entre sièges sont un acte comptable entre deux agences, avec un double langage, un débité et un crédité. On a recensé trois millions trois cents écritures entre sièges dont deux millions non débouclées. Il y avait un grave problème d'organisation des informations et souvent une volonté d'éviter que cela déboucle. Aujourd'hui, il nous reste 5 000 EES en voie de débouclement. Tous les dépôts des sociétés et des petits déposants ont servi à une forme multiple de pillage."
"Pouvez-vous nous parler des agences d'Oran, d'El-Harrach et d'Hussein-Dey d'où sortait de l'argent dans des sacs ?", interroge le président de l'audience. Badsi répond : "Je souhaite éviter l'amalgame. Il y avait des unités de Khalifa Bank qui fonctionnaient bien et d'autres qui excellaient dans la manipulation. Il y avait des agences où c'était le drame. Elles correspondaient à des personnes précises. En tête vient l'agence de Blida, suivie de celle de Koléa, de Sidi Bel-Abbès, d'Oran, de Chéraga, des Abattoirs et d'El-Harrach. Certaines personnes impliquées qui n'ont pas fait l'objet de poursuites ont été démasquées durant la liquidation."
Stations de dessalement
Sur la transaction portant sur les stations de dessalement, il dira qu'il a été voir à Londres Moumen Rafik Khelifa et que celui-ci lui a dit que les unités étaient intégralement payées. Mais M. Badsi n'a jusqu'à présent aucune preuve de la transaction. "J'ai trouvé trois contrats différents : un de 81 millions de dollars, un autre de plus de 50 millions de dollars et un troisième de 41 millions de dollars et même des spécimens de contrats vierges. Il y avait un document attestant d'un versement de 67 millions de dollars, mais la société saoudienne a soutenu que c'était une facture falsifiée. C'est la valse des chiffres. Le Franco-Libanais Ragheb Chamâa était dans ce processus. J'ai des photos de lui sur l'une des planches de station de dessalement. C'est une mauvaise affaire qui cachait des manipulations. C'est l'illustration des pillages dont je parlais tout à l'heure." Badsi affirme avoir trouvé un montant de 689 millions de dollars d'opérations de transferts de devises non conformes à la réglementation. "Tout cela est peut-être dû au manque de compétence du personnel de Khalifa Bank", pense le juge. Le liquidateur soutient qu'il a travaillé essentiellement avec le personnel de Khalifa Bank qui n'a pas démérité. "Ils étaient à leur place dans la majorité des cas. Théoriquement, les comptes étaient bien conçus. C'est l'usage qu'on en a fait qui a causé problème, dont le faux dosage des comptes d'ordre."
Patrimoine de Khalifa Bank à l'étranger, hors comptabilité
Questionné sur le patrimoine de Khalifa Bank, le liquidateur a déclaré qu'il a volontairement retardé la vente du patrimoine immobilier pour tirer profit de la hausse du prix qu'enregistre le marché. "Actuellement, on est en train d'accélérer les choses et nous faisons de bonnes affaires", citant la carcasse aux Bananiers, vendue à la Direction générale des Douanes à 23 milliards de centimes, un local au boulevard Zirout-Youcef et un hôtel à Béjaïa, vendu au Fonds algéro-koweitien à 100 milliards, les trois hélicoptères à 18 millions de dollars et les 2 ATR à Air Algérie pour 15 millions de dollars. La liquidation était-elle nécessaire ? Badsi réplique : "Je suis convaincu qu'il fallait arrêter un processus de détournement et de pillage à grande échelle, et cela aurait été encore un drame national si l'entreprise publique Sonatrach avait procédé au placement des 400 milliards de dinars." Durant ce procès, on a beaucoup reproché à la Banque d'Algérie de ne pas avoir accompli convenablement sa mission de contrôle. Badsi dédouane complètement cette banque de ces griefs.
Le liquidateur avoue, toutefois, n'avoir pu récupérer le patrimoine acquis avec l'argent transféré de Khalifa Bank en dépit de multiples démarches engagées qui ont coûté 300 000 euros de frais. Dans le patrimoine de Khalifa Airways figurait par exemple la villa de Cannes.
"On s'est constitué partie civile mais on a été déboutés par la justice française. Mais on a fait un recours. Sur le plan judiciaire, les Français ont eu une attitude partiale, favorisant leurs ressortissants. Il y a eu la protection d'une institution importante en France, à savoir EADS. Beaucoup de faits démontrent la protection de cette entreprise. On n'a même pas eu accès aux pièces du dossier. La villa de Cannes a été vendue à des Russes et l'argent est parti, ainsi que le bonus de 6 millions de dollars." Le procès en appel est prévu pour l'automne prochain. Pour ce qui est des avions-taxis, Badsi avance qu'"il y a eu un vol qualifié de ces avions. Il y a eu un démantèlement de ces appareils par Raghed Chemâa, conseiller de Moumen Khelifa. Il était en fuite, on l'a fait revenir en France pour le livrer aux autorités judiciaires avec nécessairement les garanties qu'il ne risquait rien". À la question de savoir si le capital de Khalifa Bank a été réellement versé au Trésor public de la wilaya de Tipasa, Moncef Badsi affirme qu'il détient trois chèques qui attestent du versement de 500 millions de dinars. Pour lui, ce chapitre de l'affaire ne pose aucun problème.


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