Même s'il semble, pour l'heure, prêcher dans le désert, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, ne désespère pas de fédérer autour de son initiative nationale pour soutenir le programme du président de la République, aux contours encore flous, de nombreuses formations politiques et d'associations de la société civile. Jeudi, à la réunion de l'instance de coordination du parti, il a de nouveau appelé les partis politiques, y compris ceux de l'opposition, la société civile, la presse, les universitaires, les notables et les personnalités politiques à "enrichir le programme de cette initiative afin de concrétiser ses nobles objectifs". Il a expliqué que l'initiative nationale "n'est pas une initiative personnelle et n'a pas pour objectif l'accès à des postes gouvernementaux". "C'est une initiative dont le but est de mettre en œuvre le programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et renforcer le front interne, notamment en cette période que traverse l'Algérie." Alors qu'il peine à susciter l'adhésion même de ses partenaires — hormis, pour l'heure, TAJ qui s'est dit favorable à l'idée — ou parmi les organisations satellites du pouvoir comme l'UGTA, Amar Saâdani ne donne pas l'impression d'un homme prêt à abandonner l'initiative, à telle enseigne qu'il est à se demander à quoi joue-t-il, notamment lorsqu'il invite même l'opposition. Or, il est de notoriété publique, et lui-même n'est pas sans le savoir, que l'opposition, dans ses divers courants, ne reconnaît ni la légitimité du président Bouteflika, encore moins de croire à "son programme", puisque l'unique inscrit dans son agenda est l'organisation de la transition. S'il n'est pas exclu qu'il doit nourrir quelques ambitions en catimini, il reste que cette quête de la constitution d'un large front procède beaucoup plus du souci de conférer au pouvoir de Bouteflika une base populaire, notamment à la lumière de l'évolution de la situation générale du pays. Conscient de la désaffection de la population pour la chose politique, convaincu que l'essentiel de la base qui fait office aujourd'hui de "soutien" est constitué pour la plupart de clientèles et de personnes intéressées par la rente, le pouvoir tente par le biais du FLN, l'un des rares partis qui dispose des moyens de sa politique en dépit des remous qui le secouent, de ratisser large pour affronter la conjoncture économique qui s'annonce difficile, notamment avec les mesures d'austérité attendues, mais aussi les prochaines échéances politiques. Le défi est d'autant crucial, maintenant que la structure qui se chargeait de "faire passer les options arrêtées" par le pouvoir, à savoir le DRS, est neutralisée. Ce n'est d'ailleurs pas sans raison que le pouvoir joue sur le registre de la peur dans l'espoir de "secouer" la société. Et Saâdani ne le cache pas. "Il est important d'activer la scène politique afin qu'elle puisse s'adapter aux mutations qui surviennent dans la société et relever les défis qui se posent à l'Algérie, notamment en ce contexte marqué par l'instabilité et les crises dans nombre de pays arabes et africains." Mais il n'est pas sûr qu'il soit entendu, maintenant que l'argent pour acheter la paix sociale vient à manquer et l'opposition décidée à faire entendre sa voix en rangs serrés. K. K.