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"C'est une menace pour la démocratie en Tunisie"
Hedi Yahmed à propos de l'alliance Nidaa Tounes-Ennahdha
Publié dans Liberté le 12 - 01 - 2016

Auteur d'un livre-enquête sur les mouvements islamistes et la mouvance "jihadiste", intitulé Sous la bannière du vautour : salafistes djihadistes tunisiens, publié en 2015, Hedi Yahmed est également responsable d'une unité d'investigation au sein de l'Organisation de journalisme allemande Mict et fondateur d'un site d'information tunisien électronique.
Liberté : La défection de plusieurs députés de Nidaa Tounes enlève à ce parti la majorité au Parlement. Quelles conséquences aura un tel changement sur le plan politique et institutionnel en Tunisie ?
Hedi Yahmed : Après la démission de 19 députés de Nidaa Tounes (la branche de Mohsen Marzoug), qui sera juridiquement validé ce jeudi, on aura un nouveau paysage parlementaire.
En fait, avec le nombre de députés démissionnaires, Ennahdha aura plus de députés (69) que Nidaa Tounes qui se retrouvera avec 67 élus à l'Assemblée nationale. Bien entendu, cela signe donc la fin de Nidaa comme parti de la majorité au parlement.
Dans les jours qui viennent, nous serons devant une nouveau paysage parlementaire, le parti islamiste Ennahdha sera forcément plus fort grâce à son unité et la discipline idéologique de ses parlementaires. Les députés de Rached Ghannouchi auront le dernier mot dans toutes les décisions concernant les projets de loi et le travail gouvernemental. Après la validation de démission des 19 députés qui vont forcément former un nouveau groupe parlementaire, on aura un parlement à deux têtes de majorité (Ennahdha et Nidaa) avec un changement dans la composition de toutes les commissions parlementaires, car ces commissions sont formées a partir de représentation proportionnelle (lois interne de parlement).
Dans quelle mesure cette crise favorise-t-elle les islamistes d'Ennahdha ?
Bien évidemment, la crise de Nidaa Tounes favorise les islamistes d'Ennahdha. Il faut rappeler que Nidaa Tounes, fondé en juin 2012, a représenté la seule force démocratique qui pouvait faire barrage aux islamistes qui ont gouverné le pays avec leurs alliés entre octobre 2011 et janvier 2014. Après la victoire de Nidaa Tounes aux législatives et à la présidentielle (fin 2014), Béji Caïd Essebsi a déçu les démocrates tunisiens. Ainsi, les femmes qui ont voté pour lui, environ un million, avaient qualifié sa formule d'alliance avec les islamistes, quelques mois avant les élections, de "contre nature". Avec cette division au sein de son parti, entre la branche de son fils Hafidh Caïd Essebsi et la branche de Mohsen Marzoug, BCE devient de plus en plus affaibli et dépendant du soutien du parti islamiste Ennahdha pour l'équilibre de son gouvernement. Il faut préciser que cette division au sein de Nidaa Tounes est due entre autres à cette alliance avec les islamistes. Tous les indices et les analyses montrent que le parti Ennahdha a alimenté la crise au sein de Nidaa Tounes par son soutien direct et indirect au camp du fils du président (HCE) contre le camp de la gauche représenté par Mohsen Marzoug. Ghannouchi, l'homme incontournable des islamistes tunisiens, pense que son "alliance stratégique" avec Nidaa Tounes passe par l'éviction de la gauche anti-Ennahdha de la tête de Nidaa Tounes. Il a atteint son objectif. Avec le congrès de Sousse (9-10 janvier 2016), nous sommes devant une alliance Ennahdha-Nidaa qui joue les intérêts des islamistes avec un "nouveau Nidaa" sans sa gauche anti-islamiste. Le dernier remaniement de gouvernement de Habib Essid (6 janvier 2016) a montré la progression des quotas d'Ennahdha avec un deuxième ministre ainsi qu'un conseiller au palais de la Casbah. Tous les indices montrent qu'Ennahdha est de retour en force au pouvoir avec une façade "nidaaiste", un retour sans assumer pleinement la responsabilité de diriger le pays comme c'était le cas durant la période de la troïka. Aujourd'hui, Ennahdha veut gouverner par procuration.
Dans un contexte sécuritaire local et régional explosif, cette crise que vit Nidaa Tounes ne risque-t-elle pas de saper tous les efforts consentis pour retrouver la stabilité ?
Oui, je pense que la crise politique au sein de Nidaa Tounes et son alliance avec les islamistes peut déstabiliser la Tunisie. En fait, et avec cette alliance Ennahdha-Nidaa, nous sommes devant une convention de duo : les anciens partisans RCDistes (parti RCD de Ben Ali)-islamistes, qui permet peut-être une certaine stabilité politique formelle, grâce à la majorité parlementaire mais elle peut causer une déstabilisation sociale. Je dirais que cette crise et alliance peut menacer la démocratie tunisienne. Bien évidemment, cette alliance aura un impact négatif sur le projet social voulu pas les progressistes tunisiens, qui est hélas anti-révolution tunisienne du 14 janvier. Nous sommes plutôt devant une alliance islamiste-opportuniste, qui ne peut pas servir une politique moderniste de la Tunisie. C'est une alliance qui peut même menacer les libertés individuelles et collectives, car elle n'est pas basée sur un projet social et démocratique, mais sur des intérêts politiciens conservateurs. Je pense que les derniers procès contre les jeunes (les 6 homosexuels de Kairouan et les jeunes de Tunis, tous condamnés par les archaïques lois 52 et 250) montrent cette façade de pouvoir islamo-conservateur qui gouverne la Tunisie maintenant. La Tunisie sous le gouvernement de Nidaa divisé-Ennahdha a besoin d'assurer son projet démocratique et social qui peut unir toutes les forces par rapport la guerre contre le terrorisme à titre d'exemple. Tant que ce projet démocratique n'est pas assuré et garanti, la situation interne comme régionale de la Tunisie restera fragile.
Créé pour répondre à une urgence, Nidaa Tounes est-il vraiment condamné à devenir parti minoritaire ou disparaître carrément d'ici la prochaine élection ?
Nidaa Tounes dans sa version avant les élections 2014 est fini. Nous sommes aujourd'hui devant un nouveau parti affaibli et qui a perdu sa dynamique progressiste, représentée par ses membres de la gauche syndicaliste. Nous sommes avec Nidaa Tounes de Hafith Caïd Essebsi, devant une nouvelle version adaptée de l'alliance avec les islamistes d'Ennahdha.
Maintenant, le camp progressiste va fonder un nouveau parti. Je pense que Nidaa Tounes dans ses nouvelles formes va continuer à exister d'ici la prochaine élection locale, mais il a perdu certainement son rôle comme sauveteur d'urgence.


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