La récupération des eaux pluviales peut s'avérer bénéfique pour les ménages et l'économie sociale, dans un contexte de sécheresse et de rareté de la ressource hydrique. Des spécialistes estiment que les besoins en eau vont s'intensifier à l'avenir, ce qui n'est pas exempt de conflits. La guerre de l'eau n'est pas loin. La problématique des eaux pluviales constitue un des axes de travail de la fondation Analyser, former, unifier et développer (Afud). La commission chargée du dossier "Récupération des eaux de pluie" est présidée par Mohand Tessa, un expert international installé au Canada depuis 1994. Désigné président de la section Canada d'Afud, M. Tessa s'est employé à réunir les compétences de la diaspora sur cette problématique. C'est ainsi que la commission a récemment tenu deux réunions de travail à Montréal et Ottawa. Lors de ces rencontres, M. Tessa a expliqué le travail et les missions de la fondation Afud qui se réunit ces jours-ci pour peaufiner son programme d'action, ainsi que ses aspects organisationnels. Sur la question inhérente à la récupération des eaux pluviales, l'expert algérien s'interroge sur le fait que la société ne soit pas encore imprégnée des dispositifs qui fleurissent partout à travers le monde, où certains pays sont désormais à la pointe des recherches technologiques dans la captation optimale des eaux pluviales. "Ces pays n'hésitent pas à se doter en même temps de dispositifs réglementaires, parfois sophistiqués, pour encadrer une activité qui est maintenant largement connue et qui fait l'objet d'une forte adhésion civique", explique M. Tessa. Lors de ces deux regroupements, des expériences d'autres pays, comme celle développée au Québec, ont été passées en revue. Le système de récupération doit être dimensionné en fonction de la pluviométrie de la région et de l'usage qu'on fait de cette eau récupérée, suggère-t-on lors de la rencontre d'Ottawa. On peut d'emblée avoir une idée du volume d'eau qu'on peut récupérer. Il suffit de multiplier la surface au sol de la maison par le taux de pluviométrie (en mètre) et retrancher 10%, un pourcentage qui représente les pertes dues à l'évaporation. Selon des études ayant traité du sujet, avec un toit d'une maison de 100 m2, il est possible de récupérer de 3 000 à 60 000 litres d'eau par année, en fonction du taux de pluviométrie. Tout le monde sait que la Kabylie, connue pour ses hivers rigoureux, est la région qui enregistre l'un des plus forts taux de pluviométrie. D'où l'intérêt de développer ce créneau de récupération des eaux pluviales. Cela pourrait aider les villages à renouer avec l'agriculture de montagne pour un meilleur cadre environnemental. Sans compter les économies dans la consommation de l'eau potable, qu'on n'aura plus à gaspiller. En outre, c'est l'un des aspects qui contribuent au développement de l'économie sociale et solidaire. Y. A.