Le prénom Benaïssa est un prénom masculin composé de ben "fils de" et Aïssa, autre prénom bien connu qui est la forme arabe du nom de Jésus. Le nom le plus courant de Jésus dans le Coran est Issa, Jésus nom qui provient de Isaïe et non de Joshua, comme c'est le cas chez les chrétiens (Yasu chez les chrétiens arabophones). Jésus est encore appelé al-Masih, le Messie, nom provenant de l'araméen messiah "l'oint" (d'où le Grec kristos, qui a donné le français Christ), mais que les lexicographes musulmans rapportent à une racine arabe m-s-h' avec les sens de "mesurer" et "frotter" : la signification donnée généralement au nom est "purifié de tout péché, illustre, proche de Dieu, etc. Dans l'onomastique traditionnelle algérienne, Aïssa est beaucoup plus fréquent que Benaïssa. Le prénom Benaïssa est tiré du nom de Sidi Mohammed Ben Aïssa (1465-1521), originaire du Sous, fondateur de la confrérie des Aïssawa qui a ses adeptes dans tout le Maghreb, mais principalement au Maroc et dans l'Ouest algérien. Ses adeptes lui donnent le titre honorifique de cheikh al-Kamîl "le maître parfait", par référence à sa position dans la hiérarchie des soufis, les mystiques musulmans. Il fut initié par des mystiques renommés à l'époque, comme Sidi Abd al-Azîz et Sidi Mohammed al-Sghîr de Fès qui lui apprirent la doctrine du célèbre mystique al-Jazuli. Après sa formation, il s'établit à Meknès et professa dans la grande mosquée. Sa piété, son savoir et les miracles que la tradition lui attribuait allaient faire de lui un saint. On lui construisit une zaouïa, et c'est là qu'il finit sa vie et fut enterré. On cite de lui quelques invocations et des litanies, notamment le ḥizb subhan al-Da'îm, la litanie de la "Gloire de Celui qui dure éternellement". Des pèlerinages sont organisés continuellement dans toutes les zaouïas qui lui sont consacrées, le plus grand étant le pèlerinage annuel au tombeau du saint qui coïncide avec la fête du Mouloud ou jour de la nativité du Prophète. On y apporte des offrandes, on sacrifie des animaux, on organise des "hadra", cérémonie d'invocations qui provoquent des transes parmi les adeptes. M. A. Haddadou [email protected]