Résumé : Zaher comptait les jours et s'inquiétait. Il n'avait aucune nouvelle de son père. Il n'était pas rentré. Sa mère parlait d'une autre famille qu'il aurait depuis quelque temps. Zaher prit sa défense. Elle lui expliqua qu'elle était dure avec lui dans le but d'en faire un homme. Il la déçut une nouvelle fois, et elle le gifla, souhaitant que la mort emporte son père ! Kamélia était persuadée qu'il les avait abandonnés pour de bon et qu'il avait trouvé son bonheur ailleurs. Cela faisait des mois qu'il partait pour plusieurs jours chez sa maîtresse. Avait-il décidé de rester avec elle ? À cette question, elle était convaincue qu'il avait fait son choix. Même s'ils ne s'entendaient plus, elle avait cru qu'il aimait leur fils plus que tout et que, malgré tout, il serait resté pour lui, ou il aurait tenté de l'emmener loin d'elle. Elle voyait leur fils inquiet et ses yeux larmoyants. Elle avait envie de le secouer pour lui ouvrir les yeux sur l'essentiel. Il devrait pleurer pour elle, car elle était la seule personne sur qui il pourra compter toute sa vie. Mostafa les avait abandonnés. Elle ne croyait plus à son retour. Il avait un autre nid, plus douillet et plus chaleureux. Sa maîtresse ou sa femme devait être plus jeune et plus belle pour qu'elle réussisse à le détourner de Zaher qu'elle croyait qu'il aimait de tout son cœur. -Les apparences sont trompeuses, dit-elle à son fils. Il ne t'aimait pas... -Non ! -Alors pourquoi il n'est pas revenu, hein ?, l'interroge-t-elle. Tu dois avoir des frères ou des sœurs plus jeunes pour qu'il t'oublie aussi vite ! -Non, papa m'aime ! Il ne m'oubliera jamais ! -Tu dois te rendre à l'évidence qu'il nous a abandonnés ! Dans le fond, j'ai toujours su qu'il n'était pas digne de moi ! Dire que je l'ai supporté toutes ces années, lâcha-t-elle. Il avait beau travailler, ramener le pain à la maison, il n'a jamais été à la hauteur ! Il a tout fait pour que tu l'aimes plus que moi, et aujourd'hui tu n'as que moi ! -Il ne me frappait jamais ! -Tu m'énervais, tu étais tout le temps accroché à son pantalon ! Il me faisait passer pour un monstre ! Il fallait bien que quelqu'un t'élève ! Il voulait faire de toi une fille ! Toujours à trembler, à pleurnicher ! L'enfant recula, sentant qu'elle s'énervait, et il ne voulait pas recevoir de gifles. Elle était remontée contre son père. Qui sait ce qui l'empêchait de rentrer à la maison ? Non, il savait que son père ne pouvait pas les abandonner. Il n'avait qu'une parole. Même s'il ne s'entendait pas avec sa mère, il tenait à lui. Il l'adorait. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, surtout les jours où elle était furieuse. Ils restaient dehors, attendant que la tempête passe. Son père l'aimait. Quoi qu'elle dise, même s'il tardait à rentrer, il en était persuadé. Il détourna le regard, préférant qu'elle ne voie pas ses yeux larmoyants. -Je vais aller lire, dit-il. -Va plutôt prier pour son repos éternel ! Une fois dans sa chambre, Zaher éclata en sanglots. Il n'aimait pas qu'elle souhaite la mort de son père. Ce soir-là, l'enfant s'endormit en priant pour qu'il ne lui arrive rien. Le matin, ils furent réveillés par des coups à la porte. Zaher sauta du lit, heureux, persuadé que c'était son père qui rentrait enfin ! Il n'osa pas ouvrir. Sa mère sortit de sa chambre, mettant un châle sur ses épaules. -Qui ça peut être ?, se demanda-t-elle, hésitant à ouvrir. Chkoun ? Qui est-ce ? -Je suis bien chez Mostafa ?, interrogea-t-il. -Oui, qu'est-ce que vous lui voulez ? -Ouvrez madame. On ne peut pas continuer à parler à travers cette porte ! Je suis venu vous apporter des nouvelles... (À suivre) A. K.