*Résumé : Houria s'absente pour la journée et laisse Meriem à la ferme en lui recommandant de n'ouvrir la porte à personne. Pourtant elle recevra Daouia, la femme du berger. Cette dernière, heureuse de la revoir, l'invite à goûter aux mets qu'elle apportait. Meriem hésite. Daouia fronce les sourcils : -Qu'as-tu Meriem ? Tu n'aimes pas le beurre et le petit-lait ? -J'en raffole mais tu les ramènes pour Mma Houria, pas pour moi. Daouia secoue la tête : -C'est du pareil au même. Je les ramène pour la famille. Je ne savais pas que tu étais là. -Justement, c'est pour cela que je préfère attendre que Mma Houria soit là. -Où est-elle donc passée ? -Elle est sortie pour la journée. -Alors pourquoi l'attendre. Si cela peut te rassurer, je vais ramener une autre galette ce soir. Meriem s'attable, et Daouia lui verse un grand verre de petit-lait en poussant vers elle la motte de beurre et la galette : -Mange, ma fille ! Tu as tellement maigri depuis ton dernier voyage que tu n'as plus que les os sous la peau. -Oui. J'étudie et je... -Non. Ne me dis rien Meriem, je comprends. Tu n'es pas encore totalement remise de tes émotions. Nous sommes tous encore sous le choc du décès de ta sœur l'été dernier. Et ton père, comment va-t-il ? Meriem avale un bout de galette et boit une gorgée de petit-lait avant de répondre : -Assez bien. Il est souvent triste, mais tente de tenir le coup. -Pauvre homme. Il est tellement généreux et prévoyant avec nous. Il ne mérite pas un tel destin ! La neige s'était remise à tomber. Daouia se lève et remet sa fouta sur la tête : -Je dois rentrer. Si Houria revient, dis-lui que je repasserai au crépuscule. -D'accord. Tu es sûre qu'elle ne va pas me reprocher d'avoir mangé un quartier entier de galette ? Daouia sourit : -Si c'est la galette qui t'inquiète, je vais tout de suite en préparer une autre. J'aimerais te voir l'engloutir entièrement (elle se met à rire). Houria ne s'occupe de rien ces derniers temps. Elle est tout le temps avec le bébé. C'est Taos qui fait tout. Ne t'en fais donc pas, je suis là, et si quelque chose te manque, n'hésite pas à venir me le demander. Nous habitons tous sur les terrains de ton père. Elle s'en va, et Meriem termine son repas, avant de se lever pour mettre un peu d'ordre dans la pièce. Elle dépose le petit-lait et la motte de beurre dans la cuisine, et met le reste de la galette dans la corbeille à pain qui trônait sur la table. Houria ne pourra pas lui reprocher d'avoir ouvert à Daouia, puisque c'est elle qui était chargée de l'aider en l'absence de Taos. La journée passe. Houria rentre et remarque tout de suite les morceaux de galette sur la table de la cuisine. Elle court dans sa chambre pour déposer Aïssa qui dormait dans ses bras, puis se rendit dans celle de Meriem qui s'était allongée sur son lit pour lire. - Je t'avais bien recommandé de ne pas ouvrir la porte de la maison à qui que ce soit, petite vaurienne. Meriem se relève promptement : -Mma Houria, je n'ai ouvert à personne. -Tu oses encore mentir ? -Non. Je... Enfin, j'ai ouvert à Daouia. Elle avait ramené la galette, le beurre et le petit-lait. -Il ne fallait pas. Daouia aurait pu revenir plus tard. À ce moment précis, on entendit un coup à la porte. Houria lance un regard furieux à sa belle-fille et court ouvrir. C'était justement Daouia qui revenait avec une autre galette. -Qu'est-ce que c'est ?, demande Houria, sans laisser à la jeune femme la moindre occasion de la saluer. -C'est une galette que je viens de retirer du feu. Vous en aurez besoin pour le dîner. -Tu en as déjà ramené une ce matin Daouia. Pourquoi gaspiller encore de la semoule ? -Celle de ce matin n'aurait peut-être pas suffi. Meriem était affamée et en avait mangé un quartier, et... Houria lève la main et proteste : -Tu n'aurais pas dû remettre quoi que ce soit à cette vaurienne. Je lui avais pourtant recommandé de n'ouvrir à personne. -Tout de même Houria, je ne suis pas n'importe qui. Meriem me connaît depuis son jeune âge, et puis elle n'avait pas encore pris son petit-déjeuner. -Cela ne te regarde pas ! Qu'attends-tu ? Dépose cette galette sur la table et file. (À suivre) Y. H.
