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Des traditions spirituelles, culturelles et littéraires maghrébines
L'avènement de l'Islam au Maghreb
Publié dans Liberté le 13 - 06 - 2016

Comme l'observe Yves Lacoste dans son étude "Les sources de la culture algérienne", l'adoption de la langue arabe par les Maghrébins "fut dans une grande mesure fonction de l'intégration des populations berbères à la vie urbaine, aux grands courants commerciaux et intellectuels, et aux activités politiques dirigeantes. Les populations berbères arabisées, loin de se borner à de serviles imitations à l'ombre des férules étrangères, se sont montrées capables, en particulier au Moyen Âge de développer dans l'indépendance une civilisation certes d'expression arabe pour le principal, mais qui n'en est pas moins propre au Maghreb. Fortement teintée d'influences berbères, elle joint à la grandeur et à la fécondité une incontestable originalité. On a trop souvent limité l'apport des peuples d'Afrique du Nord à ce que les Berbères ont réalisé dans les contrées écartées ou pendant les périodes d'isolement et de difficultés. C'est également au travers de leurs réussites qu'il convient de juger de la richesse de leur culture. L'opposition si souvent évoquée d'une race berbère et d'une race arabe d'envahisseurs n'est pas plus justifiée. Les groupes humains véritablement originaires d'Arabie ont été relativement peu nombreux. Pour l'essentiel, les "Arabes d'Afrique du Nord" sont des Berbères autochtones pour qui le développement des activités économiques et sociales ou les circonstances géographiques et politiques ont favorisé l'adoption de la langue arabe comme langue de civilisation et d'échange internationaux. Un des facteurs les plus importants de la constitution d'une culture maghrébine originale est que la domination politique de l'Empire arabe sur le Maghreb fut de très courte durée. Le pouvoir des souverains de Damas, puis de Bagdad s'exerça pendant moins d'un siècle sur ce qui constitue aujourd'hui l'Algérie (...) Le Maghreb n'en appartient pas moins à la communauté musulmane, et son intégration fut d'autant plus grande que son indépendance politique n'était plus contestée (...) Les caractéristiques culturelles des Berbères en firent une contrée marquée d'une solide individualité.
Nombre de Maghrébins comptent parmi les plus grands noms dont peut s'enorgueillir la civilisation musulmane. La place tenue par l'Afrique du Nord dans l'ensemble du monde d'expression arabe fut, à divers égards, très importante, ce fut ainsi un mouvement religieux et politique parti d'Afrique du Nord qui, au Xe siècle, permit la constitution d'un vaste empire moyen-oriental centré sur l'Egypte, ou des armées berbères fondèrent l'actuelle ville du Caire. Plus importante encore est la place tenue par le Maghreb dans la vie économique non seulement de l'islam, mais aussi de l'Europe chrétienne. Du IXe siècle jusqu'aux environs du XVe siècle, le Maghreb contrôla la route de l'or soudanais, source principale de métal précieux pour tout le monde méditerranéen médiéval". (3)
C'est particulièrement entre le IXe et le XIe siècle que se constituèrent progressivement les éléments fondamentaux de la culture maghrébine. Elle procède du comportement historique d'un peuple libre, doté d'une puissante individualité et qui, de ce fait, a pu s'ouvrir à de multiples influences, orientales, africaines, andalouses, occidentales, sans pour autant s'y dissoudre. Cette culture a tiré une grande part de son originalité de la diversité des groupes humains qui l'ont constituée. (4)
Certes, après cette période d'apogée du XIIe siècle au XIVe siècle, l'essor culturel se ralentit pour céder la place à une phase de stagnation se confinant dans le répétition des formules héritées du passé et la sclérose de l'enseignement, entraînant l'éclosion de puissantes hérésies et de clans, sectes ou groupes d'opposition rivaux. Par contre, la cause de l'orthodoxie religieuse se confondit de plus en plus avec celle des classes dominantes. Les "madrassa", sorte de collèges autrefois fort libéraux, devinrent, une fois pris en main par le mouvement des dévots orthodoxes, les bases d'une réaction généralisée contre la pensée rationaliste et scientifique susceptible d'orienter les esprits vers des mouvements hétérodoxes à grand retentissement.
Peu à peu, toutes recherches étrangères à la religion, ou encore prônant d'autres doctrines ou d'autres conceptions religieuses autres que celles orthodoxes, rigoristes et littérales d'usage, furent bannies des établissements d'enseignement. Ce qui eut un effet désastreux sur la culture et la civilisation autochtone en général. Calamité que tous les pays musulmans, en fait connurent à partir du XIIIe - XIVe et du XVe siècles, pour des causes historiques complexes (cloisonnement orthodoxe, blocage de la recherche et approche rationaliste, interdiction de la représentation par le dessin ou la peinture, superstitions, obscurantismes et rejet de tout ce qui est étranger, ratage du coche de la révolution industrielle et auparavant celui de l'avènement capital de l'imprimerie la semeuse à large échelle des savoirs démocratisés et par conséquent la privation de la manne libératrice des individus et leur autonomisation relative vis-à-vis de la tutelle contraignante des cercles tribaux traditionnels ou de celle imposante de la parole vénérée des "chérifs orateurs", ou des puissants chefs féodaux redoutés, perpétuant, dans les règnes de l'autarcie et l'obscurantisme, les idéologies communautaristes régressives d'antan, etc.).
Leur société se stabilisa dans des cadres médiévaux, le rationalisme de l'islam des lumières s'atténuait au profit du mysticisme zonal, du fatalisme religieux, de l'obscurantisme et du charlatanisme qui faisaient fi de la recommandation du prophète de l'islam "Demandez le savoir jusqu'en Chine" et "Pratiquez l'idjtihad en vous inspirant du Coran et de la Sunna" (L'initiative d'effort intellectuel de réforme). La culture maghrébine, et algérienne en particulier, très marquée par les caractéristiques spécifiques de la civilisation musulmane, de son patrimoine plusieurs fois millénaire, et de sa tradition en général, a de tout temps accordé une place considérable à l'oralité, très privilégiée par rapport à la culture écrite, le primat allant à l'ouïe et non à la vue, d'où l'importance frisant la vénération vouée à la poésie déclamée du barde, du meddah ou du poète.
Et très souvent cette poésie chante les dures conditions de vie dans le désert, les plaines arides ou les ravissements des jardins fleuris et des jeux d'eau, les joyeuses ivresses, la beauté et l'amour, mais aussi l'épopée des combats, l'ardeur de la chasse, l'endurance du cheval ou de la chamelle, les vertiges du plaisir, les grâces de la nature, mais aussi l'angoisse du temps qui s'enfuit, l'approche de la mort, la glorification d'Allah et du Prophète de l'islam, dans notamment la poésie mystique avec ses répétitions incantatoires des rythmes tendant à déclencher des extases spirituelles – cette poésie raffinée, merveilleusement apte à refléter les yeux indéfinis d'arabesques à la fois décoratives, sensuelles et mystiques, et pratiquement intraduisible. Le rythme, la musique des mots jouant un rôle au moins égal à celui de leur sens, ce sont les poètes les plus appréciés qui sont les plus défigurés par la traduction, cette dernière ne pouvant absolument pas restituer leur "voix". Ceci d'autant plus que le parler arabe est un fait verbal, plus q'un fait, un acte pour paraphraser Salah Stétié.
M. G.
Notes
- (3) Cf. Yves Lacoste, Les sources de la culture algérienne.
- (4) Autrement dit, c'est l'amorce dans le Maghreb converti à l'islam de la symbiose progressive arabo-berbéro-musulmane, l'arabité comme le clamait Kateb Yacine n'étant pas à prendre dans un sens racial mais culturel, la population maghrébine étant fondamentalement d'origine amazighe comme le démontrent des données anthropo-génétiques qui ne laissent planer aucun doute là-dessus, avec cette précision toutefois que l'amazighité comporte plusieurs variantes spécifiques aux diverses contrées du Maghreb, en général, et en Algérie, en particulier où s'entrecroisent Berbères berbérophones et Berbères arabophones et un taux réduit d'Arabes intégrés dans un ensemble majoritaire d'Amazighs englobant "Maures", "Arabophones", "Kabyles", "Chaouis", "Mozabites", "Targuis", "Zénètes", "Chelhit", "Chenoui", etc., dont l'évolution tout au long du processus historique des complexes brassages ethniques et culturels n'en finit pas d'entrecroiser, chaque jour que le bon Dieu fait, les étroits rapports de concitoyenneté et de confraternité dans le dénominateur commun de l'algérianité plurale en incessant devenir...


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