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"Mohand Tazerout était un assimilationniste devenu anticolonialiste"
Jacques Fournier a animé, à Tizi Ouzou, une conférence sur sa vie et son œuvre
Publié dans Liberté le 30 - 11 - 2016

L'auteur Jacques Fournier vient d'éditer l'ouvrage collectif Mohand Tazerout, la vie et l'œuvre d'un intellectuel algérien. À cette occasion, il a animé une conférence-débat, sur cet intellectuel algérien peu connu dans son pays et en France malgré son parcours remarquable et l'œuvre monumentale qu'il a laissée derrière lui.
L'auteur français et ancien secrétaire général du gouvernement sous François Mitterrand a animé, hier, à la nouvelle bibliothèque de lecture publique de Tizi Ouzou, une conférence-débat consacrée à la vie et l'œuvre de l'intellectuel algérien, Mohand Tazerout, qui est resté peu connu en Algérie et en France malgré son parcours remarquable et l'œuvre monumentale qu'il a laissée derrière lui.
Jacques Fournier, qui vient d'éditer un ouvrage collectif intitulé "Mohand Tazerout, la vie et l'œuvre d'un intellectuel algérien", a d'emblée souligné "l'engagement politique fort de ce germaniste reconnu sur l'Algérie durant la révolution". "Suite aux événements du 8 Mai 1945, Mohand Tazerout avait saisi le général Thubert à travers un courrier de quinze pages dans lesquelles il avait décliné toute sa vision assimilationniste, mais s'étant aperçu, par la suite, que les choses n'ont pas évolué il n'a pas tardé à devenir un anticolonialiste et donc à se positionner en faveur de l'indépendance de l'Algérie", a expliqué l'auteur français non sans rappeler, auparavant, que cet intellectuel algérien qui n'était autre que son beau-père, était devenu Français de nationalité par décret depuis déjà 1914, date du déclenchement de la Première Guerre mondiale à laquelle il a participé dans le régiment des tirailleurs.
Devenu professeur d'allemand durant les années 1920 à 1940, Mohand Tazerout n'a pas tardé, selon Fournier, à devenir un des intellectuels les plus reconnus dans le domaine des études germanistes, notamment avec sa traduction de l'ouvrage Le déclin de l'Occident de Spingler qui a eu, dira-t-il, beaucoup de retentissement après la guerre 14-18. Au même temps, a-t-il ajouté, il avait une intense activité dans la Revue internationale de sociologie. Et bien sûr son œuvre ne fera que s'épaissir au fil du temps en publiant L'histoire des éducateurs allemands, un ouvrage politique intitulé "L'Etat de demain", un ouvrage en cinq tomes sur "l'histoire des civilisations" puis encore "L'Algérie de demain" vers la fin de la guerre et qu'il avait signé avec le pseudonyme "Moutaouakil". Il est à souligner qu'à la veille de sa conférence, Jacques Fournier s'est rendu au village Tazerout, dans la région d'Aghribs, qui a vu naître en 1893, Mohand Tazerout. Il a, à l'occasion, visité la demeure en ruine où naquit cet oublié de l'histoire, recueillit de nouveaux témoignages avant de se rendre à l'école primaire où l'illustre intellectuel a débuté sa scolarité puis à l'APC d'Aghribs où il a été reçu par le maire.
Samir LESLOUS


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