Ils doivent apprendre à jouer le jeu, à travailler dans l'intérêt de tous, car, quand les cours de l'or noir se redresseront, c'est tout le monde qui en tirera profit. Pour le moment, seule la Russie se montre coopérative avec l'Opep, affirmant sa volonté de se joindre aux efforts de l'organisation pétrolière. En effet, le plus grand producteur mondial de pétrole s'est engagé à réduire de 300 000 barils sa production. Moscou a confirmé jeudi dernier son intention de participer à l'effort si l'organisation pétrolière tient ses engagements. La Russie contribuerait ainsi pour moitié à l'objectif de réduction en volume (600 000 barils) demandé aux pays extérieurs à l'Opep. Le pays s'est dit prêt à participer avec une baisse "par étape de 300 000 barils par jour au cours du premier semestre". Son ministre de l'Energie, Alexander Novak, a précisé, dans une de ses déclarations récentes, que cette diminution se ferait à partir du niveau de production de "novembre-décembre", soit environ 11,2 millions de barils par jour. Il s'agit d'un niveau record atteint récemment grâce à la mise en place de nouveaux projets, financés quand le baril valait plus de 100 dollars, ainsi qu'à la mise en œuvre de nouvelles techniques de forage prolongeant la durée d'exploitation de gisements en fin de vie. Des analystes jugent également que les entreprises du secteur ont pu accélérer leurs cadences pour se préparer à un éventuel accord avec l'Opep. M. Novak les a invitées à participer "à égalité" à la baisse de production qu'entend appliquer la Russie avec les pays de l'Opep pour soutenir les prix. L'idée est que cela "doit s'appliquer à tout le monde avec la même proportion, je pense que tous nos groupes vont participer", a indiqué M. Novak, précisant que les détails restaient à discuter avec les entreprises qui semblent enthousiastes à couper dans leurs productions. Et, selon le vice-président de la compagnie russe, Lukoil, la nécessité de diminuer la production de pétrole en Russie "ne poserait pas de problèmes techniques". Il reste cependant à savoir si les autres pays non-Opep accepteraient de consentir à des réductions de leurs productions. La Russie menait des discussions avec d'autres pays non membres de l'Opep, comme le Kazakhstan et le Mexique, pour les convaincre de contribuer au redressement des marchés. Y réussira-t-elle ? Pour Nazim Zouiouèche, expert pétrolier et ancien PDG de Sonatrach, la problématique des non-Opep va se poser, on doit attendre la réunion du 9 décembre, un rendez-vous programmé à Doha (Qatar) pour discuter justement de la manière dont devraient s'impliquer les non-Opep dans l'effort de stabilisation des prix du pétrole. M. Zouiouèche rappelle les voix qui comptent dans l'échiquier énergétique : Russie, mais aussi Mexique, Norvège, Brésil... Moscou a montré beaucoup d'allant. Mais le Mexique, le Brésil et la Norvège, entre autres pays, ne se sont pas exprimés sur le sujet. Seront-ils présents à Doha ? Il y a toujours un fossé entre ce que les non-Opep disent et ce qui est réellement fait.