Un vibrant hommage a été rendu aux valeureux chouhada qui avaient infligé de lourdes pertes aux bérets verts et aux paras indochinois commandés par le tristement célèbre colonel Jean-Pierre. Les autorités civiles et militaires de la wilaya, conduites par la wali, se sont déplacées hier matin à Belkheir, qui porte le nom de guerre du chef de la katiba de Maouna Est, qui était tombé au champ d'honneur avec ses 73 compagnons lors de la fameuse bataille d'Oum Nsour qui s'était déroulée un certain vendredi 24 janvier 1958. Un vibrant hommage a été rendu à ces valeureux chouhada qui avaient infligé de lourdes pertes aux bérets verts et aux paras indochinois commandés par le tristement célèbre colonel Jean-Pierre. Selon des témoignages de rescapés, la région de Guelma, qui abritait les djebels Béni Salah, Houara, Maouna et Debagh, était le passage obligé des armes de la Tunisie vers l'intérieur du territoire national. Ayant appris la présence de djounoud de l'ALN dans les monts de la Maouna, les autorités coloniales décidèrent d'encercler les lieux le 24 janvier 1958 à une heure du matin. Le commandement militaire dépêcha des milliers de parachutistes lourdement armés à bord de GMC, d'hélicoptères Banane, et mobilisa des avions légers de reconnaissance, des avions de combat et de surveillance et deux avions bombardiers. La katiba de Maouna Est, forte de 96 moudjahidine répartis dans trois sections, était commandée par Ali Zeghdoudi dit Belkheir. Elle était appuyée par la katiba de la Wilaya III, composée de 50 djounoud, de passage dans la région, et qui devait rallier la Tunisie pour ramener de l'armement aux combattants de l'ALN. En fin stratège, Belkheir plaça ses hommes aux endroits sensibles, équipés de fusils mitrailleurs, d'un mortier 45 mm, de mausers allemands, de mitraillettes, de berettas et d'armes tchèques. Un brouillard épais envahissait la zone située à 1200 m d'altitude, et c'est vers 6h45 que commencèrent les combats. Les soldats foncèrent sur l'arène, un piège concocté par Ali Belkheir qui tira le premier coup de feu, lequel fut suivi par un déluge de feu et d'acier. Une véritable hécatombe provoqua l'affolement et des pertes très sévères dans les rangs de la soldatesque coloniale qui fuyait de toutes parts. Le colonel Jean-Pierre sonna la retraite de ses troupes pour éviter un carnage. La katiba de Maouna Ouest décida de faire un mouvement de diversion à 10h vers le village de Gounod (Aïn Larbi) pour diminuer la pression sur Oum Nsour. Les pertes humaines augmentaient toujours, et le PC français, situé sur l'autre versant de la Maouna, décida d'utiliser une arme prohibée : les gaz de combat interdits par les conventions internationales ! Il a été dénombré la perte de 74 djounoud, dont Ali Belkheir, morts les armes à la main, du côté de l' ALN. Etrangement, le commandement français déclara seulement 2 morts et 10 blessés ! Mais des documents officiels signalèrent la mort de 112 parachutistes et plus de deux cents blessés. La crête d'Oum Nsour fut longtemps interdite aux autochtones, le temps d'effacer les traces des combats, du sang et des gaz de combat. Hamid BAALI