Aït Menguellet et son public ont célébré, avant-hier soir, à Alger, le cinquantième anniversaire de la carrière de l'artiste qui a interprété quelques grands succès de son répertoire. Le gala a drainé une foule rarement vue à la Coupole du 5-Juillet, et a été marqué par des hommages aux grands noms de la chanson kabyle. Après le concert du Zénith, le 15 janvier à Paris, Lounis Aït Menguellet a entamé en grande pompe, vendredi dernier, à Alger, les festivités du cinquantième anniversaire de sa carrière, pendant plus de 3 heures devant ses milliers de fans (plus de 15 000 selon les organisateurs), en présence des ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de la Culture, et de la Jeunesse et des Sports, respectivement Ramtane Lamamra, Azzedine Mihoubi et El-Hadi Ould Ali, ainsi que les directeurs de l'ONDA et de l'ONCI, Bentorki et Bencheikh. Accompagné de ses choristes et 10 musiciens, maniant des instruments traditionnels et modernes, comme la batterie, le mandole, la guitare électrique ou encore le tambour, l'artiste, avant d'entamer le récital, déclarera que les recettes de ce concert-évènement seront remises à l'association pour la lutte contre le cancer, El-fadjr, de Tizi Ouzou. Il proposera, dans la première partie de la soirée, dans une Coupole qui a rarement connu une telle affluence, des reprises en hommage aux grands maîtres de la chanson kabyle, comme Chérif Kheddam, Slimane Azem, Kamel Hamadi, Taleb Rabah, Akli Yahiatène, et tant d'autres, sous les youyous et les applaudissement des spectateurs venus des quatre coins du pays. Hakeriet de Kheloui Lounes, A lemri, et Loukan mazal tghanigh, de Chérif kheddam, Ayakjoun ketch dhahbib iw et Dounith iw de Taleb Rabah, seront ainsi autant de beaux succès ressuscités par la voix profonde du chanteur et ses musiciens, qui exécuteront avec maestria ces titres du patrimoine berbère. L'interprète de Tayri rendra par ailleurs un vibrant hommage au parolier, époux de la chanteuse Nora, Kamel Hammadi, présent ce soir-là, à qui on doit plusieurs titres des grands noms de la chanson kabyle comme Hanifa, Nora, ou encore Karima. La seconde partie de la soirée sera, quant à elle, consacrée au répertoire du maître, qui reprendra des titres du début de sa carrière, à commencer par la toute première de ses œuvres, Ma trud ula d'nek akter, qu'il avait interprétée à la radio, devant Cherif Kheddam, à la fameuse émission "Ignenayen uzekka" (les chanteurs de demain), alors qu'il avait 17 ans à peine. Puis, il enchaînera par Askuti (Le scout), JSK, titre qui habillera la Coupole du 5-Juillet des couleurs de l'équipe footballistique, Louisa, lmus-iw, ou encore Tamtut, et Din amcum tirée de son dernier album sorti en 2014, Isefra), et enfin, Ketchini rouh nekk adh kimegh, qui seront déclamées par un Lounis des grands soirs, visiblement ému par tant de respect et d'estime. Il demandera d'ailleurs la suppression du filet sécuritaire et l'ouverture de la piste aux spectateurs, qui se sont régalés jusqu'aux dernières notes du concert. À noter que l'ONDA a édité un livret et un coffret de 12 CD en l'honneur de cet anniversaire. Louis Aït Menguellet est né le 17 janvier 1950, dans le village d'Ighil Bouamas (Tizi Ouzou). Connu pour sa poésie et ses textes engagés, il réalisera une vingtaine d'albums, comme A imus-iw (1981), Iminig n yiḍ (1996), ou encore Inn-asen (2001), dont les titres dénonciateurs du déni identitaire, de l'injustice et de la dictature, l'inscriront au panthéon des grands chanteurs à textes. Yasmine Azzouz
