Pour s'être rendu coupable du meurtre de C. Nassim, un agent de sécurité d'une boîte de nuit située à Aïn Turk a été condamné, mardi, à la perpétuité par le tribunal criminel près la cour d'Oran. Au petit matin de dimanche 21 avril 2013, A. Saïd, la trentaine, a été vu par plusieurs témoins en train d'asséner des coups de couteau à Nassim, un client provocateur qui, quelques instants plus tôt, avait tenté d'emmener de force une jeune femme qui se trouvait dans le club et même de braquer les responsables de l'établissement qui faisaient les comptes de la soirée. "Quand il a voulu emmener la jeune femme, je me suis interposé. Là, il a aperçu les responsables en train de compter la recette de la soirée et a voulu les braquer. On s'est violemment accroché, il m'a donné un coup de couteau à la gorge et s'est enfui. Je me suis évanoui quelques instants, et lorsque j'ai repris connaissance, je suis sorti pour me venger. Je l'ai trouvé allongé dehors et je l'ai à mon tour frappé au visage avec mon couteau", a reconnu à la barre l'accusé en niant toutefois l'intention criminelle. "Je reconnais l'avoir frappé mais je ne l'ai pas tué, il était déjà étendu par terre et avait des traces de coups", a-t-il encore juré. Il est vrai qu'au départ de l'enquête au printemps 2013, 13 personnes étaient poursuivies dans cette affaire, dont neuf pour meurtre. Au fil des investigations pourtant, certaines bénéficieront du non-lieu et d'autres condamnées à trois ans pour des voies de fait armées. Ne restera qu'A. Saïd que le magistrat instructeur décidera de poursuivre pour meurtre avec préméditation, un témoin oculaire (voisin de l'établissement de nuit) ayant filmé l'agent de sécurité en train de poignarder la victime. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public requerra la perpétuité en assurant qu'outre les aveux du prévenu, il y avait l'enregistrement vidéo du voisin et les déclarations des témoins (anciennement accusés) qui avaient soutenu que Saïd avait donné plus d'un coup de couteau à la victime. Selon le rapport du médecin légiste de l'hôpital de Aïn Turk, la victime présentaient 17 plaies, dont certaines avaient 18 cm de profondeur. Ce qui a fait dire au substitut du procureur qu'il s'agissait là d'un crime d'une rare violence, témoignant de la détermination de l'accusé à donner la mort. L'avocat de la défense s'est également penché sur les conclusions du rapport du médecin légiste pour plaider la multiplicité des auteurs du crime. "17 plaies signifient plus d'un agresseur", a-t-il soutenu en s'interrogeant sur le non-lieu prononcé au profit des premiers accusés. Pour ce qui est de son client, l'avocat a affirmé qu'il a effectivement frappé le défunt mais pas à la tête où il y avait de nombreuses blessures. "Il l'a frappé au visage, certes, mais son geste était mû par la volonté de se venger du coup qu'il avait reçu précédemment et non par le désir de tuer", a-t-il déclaré en soutenant que l'intention criminelle n'a pas été prouvée. D'où sa requête de requalification des faits de meurtre avec préméditation pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Au retour des délibérations, le tribunal criminel d'Oran a reconnu l'accusé A. Saïd coupable de meurtre avec préméditation et l'a condamné à la prison à perpétuité. S. Ould Ali