Jeudi 5 mars, une énième dispute éclate entre eux, et Djamila enfonce un couteau de cuisine dans la poitrine de Houari. Meurtre prémédité, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort en état de légitime défense ? C'est la question qui s'est posée hier aux assises d'Oran, tout au long du procès dans lequel K. Djamila, 34 ans, était poursuivie pour avoir assassiné B. Houari, 23 ans. Les faits, bruts, tels que rapportés par l'accusation, situent le drame dans la journée du 5 mars 2015, dans l'un des bidonvilles de la daïra d'Es-Sénia, lorsque le corps de Houari est retrouvé, gisant dans une mare de sang, à 5 m de la maison de sa voisine Djamila. L'enquête menée par la police déterminera qu'un banal conflit de voisinage, autour du stationnement de la charrette de la victime, opposait les deux antagonistes depuis déjà plusieurs jours. Jeudi 5 mars, une énième dispute éclate entre eux, et Djamila enfonce un couteau de cuisine dans la poitrine de Houari, ce qui, selon le rapport d'expertise médicale, a provoqué une mort quasi instantanée. Les circonstances ? "J'étais dans ma cuisine, il a escaladé le mur et s'est introduit chez moi, je n'ai fait que me défendre", a raconté Djamila au tribunal criminel d'Oran en jurant avoir agi en légitime défense. Selon elle, Houari s'est traîné dehors et c'est pour cette raison que "son corps a été retrouvé dans la rue". Mensonges ! ont crié les parents de la victime, cités comme témoins à charge : "Houari n'a jamais pénétré dans son haouch, c'est elle qui l'a tué à l'extérieur. Elle l'a fait exprès !" Dans son bref réquisitoire, le ministère public a été également catégorique, même s'il ne s'est pas étalé sur les preuves démontrant la préméditation tout en requérant la perpétuité. Plus démonstrative, la défense s'est échinée à prouver que, non seulement l'accusée était en légitime défense, mais qu'elle faisait l'objet de harcèlement et de provocations continus de la part de la victime et de son père. "Celui-ci avait entraîné la fille de 11 ans de ma cliente pour attenter à sa pudeur. Et c'est parce que ma cliente est allée se plaindre à la police que la victime a voulu se venger en la harcelant." À ce moment de la plaidoirie, le père de la victime, qui était assis parmi l'assistance, s'est levé et a marché en direction du prétoire pour intervenir. Il a fallu l'intervention des agents de police pour éviter la probable altercation. Poursuivant sa plaidoirie, l'avocat a exhorté le tribunal à rejeter la préméditation en rappelant les propos d'un témoin (F. Noureddine ne s'est pas présenté au procès, ndlr) qui a affirmé avoir vu la victime se rendre chez l'inculpée. L'avocat soulignera que l'autopsie avait déterminé que la victime présentait un taux d'alcoolémie de 1,75 g, soit 16 fois la quantité autorisée par la loi. Après délibérations, le tribunal déclarera K. Djamila coupable des faits qui lui sont reprochés, mais lui accordera les circonstances atténuantes en la condamnant à 13 ans de réclusion criminelle et 100 millions de dédommagement pour les parents. Alors que la mère avait refusé tout dédommagement en regrettant la "petite" condamnation, le père a demandé quatre milliards. La défense a décidé de se pourvoir en cassation. S. Ould Ali