Une simple virée à travers ses quartiers pourrait suffire pour découvrir cette réalité amère qui ne cesse de décevoir aussi bien ses habitants que ses visiteurs. "Dommage ! Votre ville est très belle, mais très sale !" Ce sont là les termes de la plupart des visiteurs étrangers qui découvrent pour la première fois la ville de Béjaïa. Ce constat qui revient tel un leitmotiv dans la bouche de tout un chacun des hôtes de l'ancienne capitale des Hammadites, en dit long sur l'ampleur de la saleté qui affecte tous les coins et recoins d'une cité antique considérée comme une région touristique par excellence. En effet, bien qu'elle recèle d'énormes potentialités touristiques et des vestiges historiques inestimables, Béjaïa qui, jadis, fut une ville de culture et de savoir perd de plus en plus son prestige et ne cesse de voir son image de marque amochée. L'ex-Saldae, qui faisait, naguère, le bonheur et la fierté de ses habitants, de par sa splendeur, sa quiétude, ses plages merveilleuses, ses sites attrayants etc., se trouve actuellement quasiment abandonnée et livrée à son triste sort. En fait, que reste-t-il aujourd'hui de cette coquette ville de Yemma Gouraya ? Une simple virée à travers ses quartiers populaires, ses ruelles, ses places publiques et ses sites touristiques pourrait suffire pour découvrir cette réalité amère qui ne cesse de décevoir aussi bien ses habitants que ses visiteurs. Et pour cause, l'insalubrité publique a atteint sa cote d'alerte. Des monticules d'ordures ménagères pullulent un peu partout dans la ville. Des déchets divers, des restes de matériaux de construction et autres détritus jonchent le sol et obstruent parfois la voie publique. Des oueds d'eaux usées et des dépotoirs à ciel ouvert. Des chantiers qui s'éternisent en plein centre-ville, des trottoirs défoncés et des avaloirs bouchés. L'état des routes laisse à désirer (nids-de-poule, creux, ralentisseurs hors normes, absence d'éclairage public...). Autant de problèmes et d'incommodités qui ne font que ternir la réputation de la ville dont la destination attire de moins en moins de touristes tant nationaux qu'étrangers. Le comble est que l'insalubrité dans laquelle patauge l'antique Naciria n'a pas épargné les endroits les plus prisés par les visiteurs de la ville. C'est le cas, par exemple, de la Place du 1er Novembre (ex-Place Gueydon), considérée comme l'espace public le plus célébrissime, eu égard au nombre de personnes qui le fréquentent quotidiennement et à longueur d'année. Ce splendide belvédère qui donne une vue panoramique sur le port et la baie béjaouie. Cet endroit est, en effet, devenu désenchanteur, voire répugnant. À l'incivisme des citoyens qui y jette leurs saletés (pots de yaourt, sachets, bouteilles en plastique et en verre, tabacs, restes des aliments...) s'ajoute l'incurie des autorités locales qui, apparemment, ne se soucient guère de ce problème d'hygiène et d'insalubrité publique. Même topo, d'ailleurs, au niveau des autres sites touristiques, tels que les Aïguades, le Cap Carbon, les Oliviers, Mont de Gouraya, Pic des singes, Brise de mer, Les Babors, l'arrière-port... L'ampleur de l'insalubrité est tellement alarmante que même les plages de la côte ouest, qui étaient jusqu'à un certain temps saines, sont devenues sales et polluées ! Les abords de la RN43 reliant Béjaïa à Azeffoun via le littoral débordent d'ordures. Ville touristique dites-vous ? KAMAL OUHNIA