Une vaste opération d'exhumation des ossements au cimetière chrétien de la ville de Draâ El-Mizan, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, est en cours. En effet, celle-ci a été lancée depuis déjà trois jours et se poursuivra, probablement, jusqu'au 10 octobre. Dans une virée sur les lieux, il nous a été donné de constater que les engins creusant des tranchées dans la partie nue du cimetière étaient à pied d'œuvre alors qu'au niveau des sépultures apparentes, ce sont des ouvriers munis de pioches qui se chargeaient de déterrer les ossements pour ensuite les mettre dans des sacs en plastique avant d'être rangés dans les caisses reliquaires. "Selon les informations qui nous ont été données par les services de l'ambassade de France en Algérie, ce cimetière comporterait au total 143 tombes. Il est parmi les plus importants de la wilaya de Tizi Ouzou. En raison de la profanation dont elles avaient fait objet, nous menons nos fouilles de manière délicate et subtile. D'ailleurs, on nous avait dit que l'opération ne concernera que la partie haute. Mais, grâce à notre expérience, nous avons commencé par la partie inférieure et vous voyez que nos agents déterrent des dizaines d'os", nous répond le responsable de l'entreprise Groupe 7 chargée de la mission qui lui est confiée par l'ambassade. Notre interlocuteur nous apprend, par ailleurs, que des opérations similaires touchent d'autres cimetières. "Dans son programme, sont retenus les cimetières de Draâ El-Mizan, d'Azeffoun et d'Aïn El-Hammam. Concernant celui d'Azeffoun, l'opération a été déjà clôturée le 24 septembre dernier alors que pour celui d'Aïn El-Hammam, nous avons été surpris d'apprendre que les ossements étaient déjà transférés dans un autre endroit à Ouaghzène, une localité de la commune", nous explique-t-il. Interrogé si des noms lui ont été donnés, il répond que par manque d'archives fiables, aucune famille n'est citée. En revanche, il nous confie que, selon les renseignements qu'il détient, les premières tombes remontent à l'année 1856. "On parle d'une insurrection qui a eu lieu dans la région sous la houlette d'un cheikh de zaouïa dont le nom serait Oulhadj en 1856. Mais aucun écrit à ce sujet n'est disponible. On parle seulement de l'insurrection d'un fanatique", dit-il. Il est à noter que depuis l'indépendance du pays, trois programmes ont été lancés par les services de l'ambassade de France. Il s'agit de celui entre 1965 et 1967 concernant les militaires, de celui du début des années 90 jusqu'à 1997 avec la restauration de certains cimetières à l'exemple de celui de Draâ El-Mizan ayant bénéficié d'une clôture en dur et ce troisième programme lancé en 2005 toujours en cours à travers toute l'Algérie. Au terme de cette opération d'exhumation, les caisses reliquaires seront déposées dans un caveau à ossements au cimetière chrétien de Tizi Ouzou où seront regroupés tous les ossements des soldats français et des Français inhumés dans les cimetières de la wilaya. Il est à signaler tout de même que pour sauvegarder cette mémoire, une plaque commémorative a été érigée à l'entrée de ce cimetière où on peut lire : "Sur ce site se trouvait le cimetière chrétien communal. Le transfert des restes mortels des personnes inhumées a été effectué le 10 octobre 2017 au cimetière chrétien de Tizi Ouzou." Certainement, celle-ci restera en guise de souvenir et d'indice historique afin que les générations futures sachent qu'à cet endroit existait un cimetière chrétien dans le cas où celui-ci serait affecté à un projet d'utilité publique ou serait transformé en cimetière communal par exemple. O. Ghilès