Cette espèce arborescente est, pour beaucoup d'autochtones, le symbole du Sahara algérien. Sur la base d'une étude de la sauvegarde de l'acacia réalisée par le Bureau national d'étude pour le développement rural (Bneder), plusieurs actions seront menées prochainement pour la réhabilitation, la préservation et la multiplication du peuplement de l'espèce forestière de l'acacia raddiana dans la wilaya de Ghardaïa, a-t-on appris auprès de la Conservation des forêts. L'objectif de cette étude étant d'asseoir des systèmes pour la préservation, la réhabilitation et l'extension de ce patrimoine forestier, des opérations de régénération et la multiplication des peuplements de l'acacia raddiana, seront entreprises à travers les zones arides et désertiques de la wilaya de Ghardaïa, selon des responsables de la Conservation des forêts de la wilaya. "Elles seront concrétisées dès l'achèvement des tests effectués dans nos pépinières sur le comportement germinatif des graines d'acacia sous différentes contraintes abiotiques", a expliqué M. Abbes, conservateur des forêts. Ainsi, l'acacia raddiana est plus que jamais devenu un arbre d'intérêt particulier auprès de la Conservation des forêts de cette wilaya du sud du pays pour sa régénération et sa préservation, a-t-il précisé. Cette espèce arborescente qui est, pour beaucoup d'autochtones, le symbole du Sahara algérien, est répandue au sud de la wilaya de Ghardaïa, notamment dans les régions d'El-Meneâ et Hassi El-Gara sur une superficie de plus de 14 500 hectares avec une densité de 20 à 30%. Une densité moyenne des peuplements jugée très faible. Soumis aux contraintes édapho-climatiques, d'une part, et anthropogènes d'autre part, cet arbre supporte les vents forts, les longues périodes de sécheresses steppiques, l'ensablement, la désertification et la pression croissante de l'homme et de ses troupeaux. Consciente du rôle que peut jouer cet arbre endémique "acacia", une espèce menacée de disparition dans la région suite aux effets climatiques d'aridité, le surpâturage, le déboisement pour la fabrication de charbon et de l'urbanisation, la Conservation des forêts a opté pour une stratégie "ambitieuse" visant la préservation et la régénération de cet imposant arbre acclimaté au climat aride et saharien de la région, a-t-il souligné. "Avec des moyens raisonnables, des gestes écologiques simples et un ferme engagement de tous nous pouvons sauver cet arbre atypique et endermique du Sahara, malheureusement mise en péril", a affirmé de son côté le responsable du bureau de protection de la faune et de la flore de la Conservation des forêts de Ghardaïa. Pour tenter de préserver et de multiplier son peuplement, les forestiers collectent systématiquement des graines qu'ils replantent ou conservent, afin de les tester dans les pépinières et d'empêcher toute nouvelle extinction d'espèce liée à la déforestation ou à la surexploitation de cet arbre dans les zones désertique au sud de la wilaya. Ces actions doivent être suivies par d'autres opérations, dont celles de communication et de sensibilisation axées notamment sur la responsabilisation des divers acteurs concernés afin de protéger le développement naturel de cet arbre, a-t-il conclu. Par ailleurs, malgré les divers travaux scientifiques dont il a fait l'objet, il reste beaucoup à découvrir de ce taxon. L'acacia raddiana, "absegh" en tamazight, est une espèce particulièrement bien adaptée à la sécheresse, réputée, aussi pour son efficacité dans la fixation du sol par son système racinaire. Quoique n'ayant pas d'exploitation industrielle, selon des spécialistes, il faut reconnaître à ce taxon de nombreux usages locaux, ne serait-ce que du fait de son intérêt dans l'alimentation animale et occasionnellement humaine (disettes). Sur le plan de la médecine traditionnelle, acacia raddiana est en particulier un cicatrisant des plaies réputé efficace. De nombreux autres usages lui sont reconnus qui parfois ne correspondent qu'à un emploi très localisé. Son bois constitue un combustible recherché (bois de chauffe et charbon de bois) et un matériau très apprécié dans l'artisanat (mortiers, plats, etc). Réputé chez les autochtones pour ses nombreuses vertus médicinales, l'acacia est "indispensable" dans la pharmacopée traditionnelle saharienne, notamment la gomme extraite de cet arbre, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits. BOUHAMAM AREZKI