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Nouveautés au Sila
Culture
Publié dans Liberté le 26 - 10 - 2017

Dans le cadre de la 22e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tiendra du 26 octobre au 5 novembre, les maisons d'édition algériennes proposeront différentes nouveautés qui viennent de sortir de l'imprimerie. À cette occasion, voici une petite présentation des dernières publications des Editions Dar Khettab, Apic et El Dar El Othmania.
Dar Khettab
Aventures coloniales. La France en Algérie (1830-1900) de Saïd Alimi.
Faut-il sous prétexte que la politique coloniale "se servait indifféremment de toutes les idéologies que présentaient", ne pas "prendre à la lettre" donc au sérieux, ses discours et ses méthodes ? Certes, en soi, le fait colonial est condamnable. Et parce qu'elles en participaient, ces méthodes si variées fussent-elles, le sont autant. Le général Walsin Esterhazy en fit d'ailleurs globalement le procès lorsqu'en 1849 déjà il déclarait : "On peut dire avec exactitude que les Arabes ne furent organisés que dans l'intérêt égoïste de notre domination : ils ne furent considérés que sous le rapport du parti qu'on pouvait tirer d'eux, soit relativement à l'impôt, soit relativement aux corvées de toutes nature, service de guerre, etc., auxquels ils étaient plus ou moins arbitrairement soumis. Quant aux intérêts généraux de la population elle-même, (...) ils furent complètement négligés par notre administration..." Mais, ce fait colonial étant un fait historique, c'est-à-dire un fait accompli, et l'histoire étant irréversible par définition, ne faut-il pas se garder de tout anachronisme et se replacer dans le contexte historique ? Anthropologue, docteur en urbanisme et aménagement, Saïd Alimi est membre de la Société française des urbanistes (Paris), de la fondation Temimi pour la recherche scientifique et l'information (Tunis).

De la décolonisation au déclin de l'Occident mémoire éclatée de Nils Anderson.
Cet ouvrage constitue un témoignage exceptionnel sur plus de soixante ans du parcours de Nils Anderson né en 1933 à Lausanne, d'un père suédois et d'une mère française. L'auteur évoque la Lausanne culturelle et politique des années cinquante, sa rencontre en 1956, avec Jérôme Lindon (éditions de Minuit), Jean-Jacques Pauvert et Robert Voisin (éditions de l'Arche) et la fondation de la Cité Diffusion, puis de la Cité-éditeur. Dès 1961, il diffuse les éditions Maspero, et publie entre autres, Mao Zedong, Liègme. La publication d'ouvrages liés à la cause algérienne censurés ou interdits en France dont la Question d'Henri Alleg (Minuit) ainsi que ses rapports avec les réseaux Jeanson et Curiel, lui ferment les portes de la France pendant de nombreuses années. Ni ancien combattant ni témoin amer, c'est avec beaucoup de tenue et de cohérence que Nils Anderson rend compte de ce passé dont il n'ignore ni les incertitudes, ni les ambiguïtés (extrait de la 4e de couverture de Gérard Chaliand).
APIC
À peine vécues... (Trois actions picturales expérimentales en Algérie - 1986-1987), sous la direction de Denis Martinez), de Dominique Devigne.
Dans les années 80 (1986-1987) des étudiants des Beaux-Arts d'Alger, sous la direction de Denis Martinez et avec le soutien d'Ahmed Asselah, directeur de l'école, entament une série d'expériences artistiques à l'extérieur de l'enceinte de l'école. Ils interviennent sur un mur voué à la destruction à Blida ; sur des pipelines de Sonatrach dans le désert, au foyer des travailleurs de la base-vie et sur la façade de la maison des jeunes à In Amenas et, enfin, sur vingt murs à l'Université de Soumaâ, en construction à l'époque. Tous les travaux artistiques réalisés ont aujourd'hui disparu, chargés dans les camions à bennes, emportés par les grains de sable et effacés des briques qui ont porté le temps d'une inspiration le mot "Liberté". Ce livre est publié en hommage à Ahmed Asselah et son fils Rabah assassinés à l'intérieur de l'Ecole des beaux-arts d'Alger le 5 mars 1994. Dominique Devigne vit et travaille en Algérie de 1973 à 1994. Périodiquement de retour en Algérie depuis 2000, elle est témoin privilégiée de nombreuses manifestations artistiques algériennes (textes et vidéos) : interventions et expositions de Denis Martinez ; rencontres à Mostaganem, El Goléa, Marseille, Milan ; performances de poètes, plasticiens, étudiants des Beaux-Arts algériens ; Festival "Racont'arts" de 2004 à ce jour. Prix : 1500 DA.
Pensée et politique dans le monde arabe. Contextes historiques et problématiques XIXe –XXIe siècles de Georges Corm.
Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, inscrite dans la richesse d'une culture trop méconnue. Avec ce vaste panorama, vivant et érudit, Georges Corm atteste la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique. Inscrivant l'œuvre de ces penseurs dans le maelström des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, il explique comment les puissantes hégémonies externes, militaires, académiques et médiatiques ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Ce livre se veut un guide précieux pour se familiariser avec la complexité de la pensée arabe, exposée ici de façon claire et exhaustive. Historien, économiste et homme politique libanais, Georges Corm est l'un des plus éminents spécialistes du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, il est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire du Proche-Orient et traduits en plusieurs langues. Prix : 1400 DA
Excuses d'outre-tombe. Entretiens Jean Moulin, Abane Ramdane de Kheir-Eddine Merad Boudia.
Aussi loin que l'on remonte dans le temps, il s'est toujours trouvé des hommes et des femmes qui grâce à leur courage et souvent au sacrifice de leur vie, ont fait sortir leur peuple de l'abîme où ils ont été précipités. Deux hommes évoqués dans ce livre se sont illustrés et ont incarné des personnages hors du commun qui deviendront des légendes. Jean Moulin que rien ne destinait à la gloire va sortir brutalement de "l'anonymat pour prendre en main la destinée de la résistance française ; il permettra au général de Gaulle, chef de la France libre, d'acquérir une légitimité auprès des alliés" et de disposer d'une armée de résistants, qu'il a unifiés et qui seront décisifs dans la bataille pour libérer Paris et la France. Abane Ramdane, militant de la première heure, va donner une impulsion nouvelle au mouvement de libération de l'Algérie et lui insuffler l'énergie nécessaire pour arracher l'indépendance. N'ayant jamais eu l'opportunité de se connaître, nos deux héros ont entamé un dialogue outre-tombe, que l'auteur a imaginé pour nous. Des propos francs, des réflexions sur des faits de l'histoire, sur l'actualité socio-politique du monde, engagent un débat sincère entre les deux hommes, incarnant de fait les relations franco-algériennes. Professeur émérite et chef de service de cardiologie à l'hôpital Mustapha Pacha, Kheir Eddine Merad Boudia est auteur de plusieurs livres en médecine et en cardiologie. Il est également l'auteur de De Pomaria au Jardin de France et de A cœur ouvert (Thala Editions). Prix : 600 DA.
El Dar El Othmania
Quand Moscou couvait l'élite militaire arabe (128 pages) de Abdelkader Harichane.
Après un long silence qui avait duré quarante ans, l'auteur lève le voile sur les raisons qui l'ont poussé à quitter la Russie. Jeune élève officier dans la marine, bourré d'ambition et animé du rêve de toutes une génération, il pensait contribuer à l'édification de son pays qui sortait d'une longue nuit coloniale. Il décrit avec menus détails la Russie au temps de la glaciation et revient sur ses propres désillusions. Avec du recul, il relève que la position diplomatique de la Russie, qu'elle soit bolchévique ou fédérative, n'a pas évolué vis-à-vis du monde arabe, notamment envers la partie qui lui était acquise. Une duplicité en somme qui laisse pantois les adeptes de la bipolarité qui gérait les équilibres dans le monde. Abdelkader Harichane, écrivain et journaliste, après l'obtention du bac, il s'engagea dans la marine pour suivre une formation d'ingénieur en turbine à gaz en Russie. Après avoir exercé différents métiers, il opta pour la presse indépendante dès la promulgation de la loi relative à l'ouverture médiatique, en participant à la création de nombreux titres. Il a publié Le FIS et le pouvoir (enquête), Le soleil s'est tâché de sang (roman) et Le thé chez le FLN (essai). Prix : 250 DA.
Vérités sans tabous. L'assassinat d'Abane Ramdane. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Et après ? (368 pages) de Belaïd Abane.
Ce livre est le quatrième d'une quadrilogie dédiée à Abane Ramdane et à travers lui à l'histoire politique de la Révolution. Fruit d'un questionnement douloureux et lancinant depuis de nombreuses années, cette monographie consacrée entièrement à l'assassinat de l'homme de la Soummam est aussi un voyage dans le temps et l'espace historique où se nouèrent les évènements qui façonnèrent un destin peu commun, à la fois glorieux et tragique. Processus et volonté plus ou moins consciente de cicatrisation, ce livre fut forcément un parcours douloureux, pas à pas, de ce chemin de croix, que fut pour Abane, pressentant sa fin prochaine, le périple de Tunis à Rome et enfin à Tétouan, la destination finale de sa vie mais aussi le début d'un autre voyage dans la mort. Ancien professeur des universités en médecine, Belaïd Abane est également politologue. Il s'est consacré à l'étude de l'histoire politique du mouvement national et de la Révolution avec comme fil conducteur l'itinéraire militant et politique de Abane Ramdane dont il est proche parent. Prix : 1000 DA.


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