La question de la généralisation de l'enseignement de tamazight est en train de provoquer, à nouveau, des remous suscitant la réaction du ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, qui a dénoncé de fausses rumeurs et le président du Haut-commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, qui a mis en exergue les actions prévues en 2018 et visant à généraliser et à socialiser la langue amazighe. Dans la wilaya de Béjaïa, et à Bouira, des manifestations ont lieu depuis le rejet par l'APN d'un projet d'amendement de la loi de finances 2018, proposé par le Parti des travailleurs (PT) et visant à dégager les moyens budgétaires nécessaires à la généralisation progressive de l'enseignement de tamazight. La députée du PT, Nadia Chouitem, qui reviendra sur les tenants et aboutissants de cette polémique, a indiqué qu'il s'agit "d'un amendement qu'on a présenté chaque année, et qui porte sur la nécessité pour le gouvernement d'œuvrer à la généralisation de l'enseignement de tamazight, en octroyant un budget conséquent", d'autant plus que "tamazight est une langue nationale et officielle". La députée rappelle que, dans son argumentaire, elle a souligné que "l'enseignement est l'un des instruments de la promotion de la langue, sans négliger les autres moyens de promotion à déployer, conformément à l'engagement pris dans la Constitution". Cependant, la commission l'a rejeté au motif qu'il y a eu suffisamment d'efforts consentis par le gouvernement pour la généralisation de tamazight. "On a jugé au niveau de l'Assemblée nationale que cette question est du ressort du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), de même que certains collègues députés ont estimé qu'elle sera tranchée par l'Académie, après sa mise en place", a-t-elle indiqué. Ce à quoi elle affirme avoir répondu, en arguant que le HCA est une institution pour la promotion de tamazight, certes mais, qui n'a pas pour vocation d'enseigner et qu'il fallait déployer d'autres moyens, y compris culturels, à travers le livre notamment, mais aussi rendre obligatoire tamazight, comme l'arabe et les mathématiques, par ce qu'il s'agit d'une langue nationale qu'il s'agit de renforcer. Selon elle, le rejet de cette proposition d'amendement, démontre "un manque d'engagement du gouvernement", ajoutant que la proposition ne visait pas à "créer une polémique ou de la confusion", avant d'assurer qu'elle a "souligné les efforts du secteur de l'éducation du HCA" mais que cela restait "très insuffisant". Dans sa réaction, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, a affirmé samedi à Tizi Ouzou que "l'Etat n'a pas attendu le (projet) de loi de finances 2018 pour mettre les moyens nécessaires à la promotion de tamazight élevée au rang de langue nationale en 2002 puis en langue officielle dans la loi fondamentale de février 2016". Le ministre a démenti "les rumeurs selon lesquelles l'Etat ne veut pas promouvoir cette langue". Pour sa part, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, a souligné, depuis Bouira, que l'instance a élaboré un plan de charge pour ses actions futures, prévues en 2018, dont l'objectif principal est la généralisation et la socialisation de la langue amazighe à travers tout le pays. A. R. [email protected]