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44e partie
Portrait de famille
Publié dans Liberté le 31 - 01 - 2018

Résumé : Ma grand-mère Yasmina était une jeune fille espiègle, intelligente et très ouverte d'esprit. Elle vénérait le savoir et s'était inscrite à l'école dès l'âge de 8 ans. Mais c'était compter sans les aléas de son époque.
D'ailleurs, elle rendait d'énormes services aux femmes dont les maris avaient émigré sous d'autres cieux, et qui peinaient pour se faire lire le courrier ou encaisser des mandats.
On faisait donc appel à Yasmina à tout bout de champ, et cette dernière s'y prêtait volontiers.
Elle était abonnée à la bibliothèque de l'école, et y puisait savoir et culture sans frontières.
Elle recevait d'ailleurs des livres et des magazines par correspondance, et n'hésitait pas à en faire profiter certaines jeunes écolières de son âge qui partageaient avec elles les bancs de classe. Quatre années passèrent. Yasmina venait d'avoir 16 ans, mais avide de savoir et de lecture, elle continuait sans relâche à se cultiver. Remontant les escaliers du quartier, un jour, Mohamed surprendra sa fille, en pleine conversation avec une maîtresse d'école. Sans prendre en considération la présence de la vénérable femme, il tire sa fille par le bras et l'entraîne jusqu'à la maison où elle recevra une belle correction.
S'en prenant ensuite à sa femme, Mohamed ne décoléra pas de la soirée.
-Ta fille fréquente encore l'école et ces colons de Français. Je t'avais pourtant interdit de la laisser sortir sans mon autorisation.
-Mais elle ne fait rien de mal, Mohamed. Yasmina est un peu curieuse, c'est tout. Elle aime toucher à tout. Je la laisse se rendre chez nos voisines pour apprendre la broderie et la couture, et...
-Non, femme. Ta fille n'est pas faite pour la couture. Ta fille veut vivre comme ces femmes de colons. Elle veut apprendre à lire et à écrire tout comme elles. Et Dieu seul sait où cela l'emmènera. Je crois que je ferais mieux de la marier le plus tôt possible.
-Mais tu n'y penses pas, Mohamed ! Ce n'est encore qu'une gamine !
-Une effrontée, oui.
-Allons, Mohamed, ne te mets pas dans cet état. Qu'a-t-elle bien pu faire de mal ? Elle n'a même pas quitté le quartier.
-Mais ma foi, tu es complice avec elle. Tu attends qu'elle quitte le quartier pour t'inquiéter sur son sort ?
-Non. Mais je sais qu'elle n'osera pas s'aventurer plus loin.
-Prépare là plutôt à sa future vie d'épouse. Et je fais le serment devant Dieu le Tout-Puissant que je la marierai au prochain homme qui viendra demander sa main.
Il sortit en claquant la porte, et Razika va retrouver sa fille dans sa chambre. Loin d'être frustrée, Yasmina, qui avait tout entendu, paraissait plutôt calme. Elle feuilletait un magazine que sa mère lui arracha des mains.
-Tu as entendu ton père ?!
Il ne veut plus que tu sortes. Tu m'as humiliée, Yasmina. Mais que trouve-tu donc de bon dans cette école de malheur ?
Yasmina se met à rire.
-Cette école, maman, est un phare du savoir. On y apprend beaucoup de choses.
-Des choses qui ne servent à rien. Tu oublies que tu vis dans une société de mâles. Pourquoi ne prends-tu donc pas exemple sur ta sœur
Zahra ?
-Zahra est mariée et mère de
famille.
-Oui. Elle est mariée au fils aîné de Ali et s'occupe de sa maison comme une grande.
-Zahra n'a jamais été ambitieuse. C'est une femme effacée, tout comme tes deux belles-filles.
-Mon Dieu ! Mais que veux-tu dire par là, Yasmina ?
-Que ces femmes n'avaient pas d'autre choix dans leur vie que celui de se marier et d'avoir des enfants.
-Qu'y a-t-il d'autre alors ? Comment veut vivre ma chère fille ?
-Comme celles-là.
Yasmina reprend le magazine que sa mère venait de lui arracher pour lui montrer des portraits de femmes occidentales, habillées en pantalon et les cheveux coupés court, au volant de petites machines à roues. Razika ouvrit de grands yeux et porta la main à sa gorge.
-Qui est-ce ?
-Des femmes qui vivent de l'autre côté de la mer. Elles sont instruites, ambitieuses et libres.
-Elles ressemblent à des hommes !
-Oui. Dis plutôt qu'elles travaillent comme des hommes. Elles ont participé à la guerre mondiale, elles ont affronté des canons, et aujourd'hui elles travaillent et conduisent des automobiles.
-Comme des hommes ?
-Oui, mère. Ces femmes sont taillées dans une autre étoffe. Elles vivent leur époque. Nous sommes en 1919.
Razika se reprend pour lancer :
-Arrête toutes tes niaiseries. Nous vivons dans une société différente. Ces femmes n'ont ni notre éducation ni nos mœurs.
-Qui te demande donc de vivre comme elles, maman ?
-Mais tu viens de dire que tu aimerais vivre comme elles !
(À SUIVRE) Y. H.


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