La coopérative Aoun culturelle, de la wilaya de Sétif, a donné deux représentations de la nouvelle comédie musicale Boussaadia sound, les 9 et 10 février à la salle Ibn Zeydoun (Oref), où la danse, le chant et la poésie se sont mêlés pour donner naissance à une œuvre assez originale, portée par une troupe de jeunes artistes. Mise en scène par Tounès Aït Ali et écrite conjointement par Dalila Zekaï et Leïla Benaïcha, cette œuvre reprend la légende de Baba Salem, appelé aussi Boussaadia dans certaines régions, et figure de proue de la tradition musicale algérienne. Au travers de la quête de Baba Merzoug, qui se lance à la recherche de son fils dans les quatre coins du Maghreb, de l'Orient – entre le Liban, l'Egypte, la Tunisie, la Libye ou encore le Soudan – et de l'Algérie, c'est toute la richesse de notre patrimoine, soit-il musical, poétique, folklorique, et même mythique qui est célébrée. Des sept tableaux qui mettent en exergue cette quête qui se révélera d'abord spirituelle pour les deux personnages, nous remarquons plusieurs influences dans la mise en scène de ce spectacle, et cela va des costumes, excentriques à souhait, aux masques portés par les comédiens qui rappellent ceux de la commedia dell'arte, aux danseuses qui prennent des allures de ballerines sorties de Casse-noisette de Tchaïkovski. Avec une troupe dynamique venue de plusieurs villes du pays et composée, d'un côté, des comédiens Moussa Lakrout, Ibrahim Bouaaza, Dalila Nouar, ou encore Bahloul Houria, et de l'autre, des danseurs Oussama Chahrour, Lounis Naït, Bilali Walid ou encore Souad Attal, le spectacle aborde également des sujets plus sensibles, que sont l'esclavage, qui sera d'ailleurs la scène d'ouverture de Bousaadia, l'amour, filial d'abord, puisqu'il est le noyau de la pièce, mais aussi l'amour-passion, entre le fils de Baba Merzoug et la fille d'un roi. Mais le chant, qui devait constituer un avantage pour cette œuvre qui sort du premier abord des sentiers battus, s'avère moins impressionnant une fois sur scène, tant les passages chantés par les différents personnages contiennent quelques couacs vocaux. La metteure en scène Tounès Aït Ali nous dira en marge du spectacle : "Ça nous a pris deux ans pour monter ce spectacle, parce qu'on voulait vraiment faire ce travail." À noter que Boussaadia sound sera présenté le 3 mars prochain dans le cadre des activités de l'association Nada (Réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant), le 8 mars au festival RAJ universitaire, ainsi qu'à la clôture du festival de Gafsa à Tunis. Yasmine Azzouz