L'engouement était au rendez-vous, selon la mission dépêchée par le ministre qui précise que l'opération se poursuit toujours sur le terrain. Il a fallu qu'il y ait mort d'hommes pour que les Algériens réécoutent la voix de la raison pour aller se faire vacciner contre d'éventuelles épidémies en raison de la propagation de certains virus mortels. Les cinq cas de décès annoncés suite à l'apparition de foyers de rougeole sont à l'origine d'un climat de panique qui s'est installé dans le pays. C'est cet affolement inédit qui a fini par convaincre les réticents et les retardataires pour se décider à immuniser leurs enfants. En effet, les centres de santé ouverts pour la campagne de vaccination contre la rubéole et la rougeole, qui étaient boudés dans certaines régions du pays, sont, à présent, pris d'assaut par la population. Ce constat est conforté par les derniers chiffres officiels communiqués par le ministère de la Santé. Les deux wilayas, El-Oued et Ouargla, qui ont enregistré plus de foyers de rougeole et de victimes, ont vu le nombre de vaccinés augmenter ces derniers jours. À en croire le conseiller du ministre de la Santé, Slim Belkacem, les services chargés de la vaccination dans la wilaya d'El-Oued ont vacciné une moyenne de 30 000 personnes par jour ces trois derniers jours seulement. Ce qui a permis à la tutelle de souligner que les taux de vaccination dans la ville aux Mille coupoles ont dépassé largement les 80%, taux recommandé par l'Organisation mondiale la santé dans la cadre de la protection de la population contre des maladies virales. Avant le branle-bas de combat qui a accompagné la panique générale au lendemain de la redécouverte de la rougeole en Algérie, les taux de vaccination oscillaient entre 60% dans certaines localités enclavées et 73% dans d'autres communes rurales. "Plus de 112 000 personnes ont été vaccinées dans la wilaya d'El-Oued, jusqu'à hier soir (samedi soir, NDLR). Selon la mission dépêchée par le ministre de la Santé, c'est pratiquement le tiers de la population de cette wilaya qui s'est vacciné et l'opération se poursuit toujours sur le terrain. L'engouement était au rendez-vous. C'est dire que la courbe de la rougeole n'est plus ascendante. Elle est descendante. Mais, sur le terrain, les équipes médicales de prévention poursuivent leurs missions", précisera le conseiller du Pr Mokhtar Hasbellaoui. Malgré de tels résultats de vaccination, le ministère de la Santé continue à observer sur le terrain un désintérêt de la population dans certaines autres régions. À ce propos, notre source expliquera plus loin que cette désaffectation s'est conjuguée notamment avec les populations nomades qui ignorent d'abord si elles ont été contaminées par la rougeole et qui méconnaissent les conséquences de cette affection mortelle dans certains cas. Néanmoins, le département ministériel de Mokhtar Hasbellaoui indiquera que le taux de vaccination change d'une wilaya à une autre, tout relevant que le taux national a atteint aujourd'hui les 90%, et ce, dans le cadre du prolongement de la campagne de vaccination lancée en décembre dernier. D'ailleurs, les experts en la matière disent que lorsque la couverture vaccinale dépasse les 8%, le virus sauvage circulera moins. Ce qui a laissé les autorités sanitaires du pays conclure que la courbe de contamination de la rougeole progresse dans un "plateau descendant". "La courbe est, à présent, descendante. Il n'y a plus de raison de s'inquiéter même si l'on continue à enregistrer quelques cas de rougeole disparates dans certaines régions du pays. Dans les tout prochains jours, tout va rentrer dans l'ordre et il n'y aura aucun cas de rougeole, puisque le vaccin est là pour protéger la population. La population en a pris conscience." Le ministère ne comptera-t-il pas lancer parallèlement une autre campagne de vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) en direction de la population scolarisée sur site ? Le représentant du ministre de la Santé rappellera que cette campagne, qui s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale d'éradication de la rougeole et de la rubéole congénitale se poursuivra au niveau des centres de santé et des unités de dépistage scolaire (UDS) dont certaines sont érigées à l'intérieur des établissements scolaires. Sont concernés les enfants scolarisés de 6 à 14 ans. Cette précision se veut une infirmation, quant aux rumeurs faisant état qu'une autre campagne de rattrapage sera lancée dans les écoles. Il faut savoir, enfin, que le ministère de la Santé a importé des quantités suffisantes de vaccin pour couvrir les besoins nationaux, et ce, pour une enveloppe de plus de 10 milliards de dinars. Hanafi H.
